La 6ème édition du festival d’Angkor s’est déroulée du 20 au 27 novembre 2010 avec une centaine de photographes, dont une moitié d’asiatiques. Les travaux ont été sélectionnés par Yumi Goto et Antoine d’Agata avec Françoise Callier directrice du Festival. Au programme : 13 expositions, des soirées de projections et un livre.
Marie-Florence Bennes, journaliste freelance et Christian Rausch photojournaliste diffusé par l’agence Gamma-Rapho ont confié à « A l’œil » leurs impressions « à chaud » de retour du Cambodge.
Samedi 20 novembre 2010
Ce festival est assez surprenant à tout point de vue. L’inauguration a lieu le jour de la grande fête nationale de l'eau avec des milliers de personnes dans les rues et des sonos à fond dans tous les coins, ce qui donne une ambiance d’immense fête foraine .
Le festival se déroule en extérieur, dans un complexe privé donnant sur la voie publique. L’enchevêtrement sonore rend la présentation pratiquement inaudible, sauf si on se trouve dans un cercle restreint, autour du micro. Les 3/4 de l'espace sont occupés par un restaurant - très cher -, le quart restant est envahi par des gens assis sur des nattes par terre, environ 150 personnes.
La collision entre le commerce légitime du restaurant et l'espace du festival photo gratuit est étrange. Un buffet payant - mais moins onéreux que le restaurant - est prévu pour les participants qui doivent soit rester debout, soit s’asseoir par terre.
Côté photographie: le sujet d'ouverture « Les chrétiens d'Israël » de Gali Tibon (Jérusalem) était traité à « Visa pour l’image - Perpignan » . Aucun programme n'ayant été distribué (côté restaurant), nous tentons de noter à toute allure les noms des photographes et des sujets... La projection a lieu sur un écran de 2 m x 3 m. Les deux tiers des sujets présentés ne concernent pas l'Asie et n'ont pas été réalisés par des auteurs vivant en Asie. Dommage.
A noter toutefois, « Asian women photographers’ showcase » avec pour commissaires Reminders Project and pdfX12’s Yumi Goto. Une présentation de quinze femmes photographes travaillant sur le pays d’origine.
Dimanche 21 novembre 2010
Hier, nous étions un peu énervés par la soirée « mondaine ». mais nous maintenons nos propos.
Aujourd’hui, la journée est plus riche: visite de 7 expositions. L’une est fermée, celle de l'hôpital pour enfants, l’autre introuvable et le reste dans des lieux assez sélects et difficilement accessibles aux cambodgiens.
Exception, celle de la galerie Angkor photo festival ouverte à tous et centrale de même que les deux expositions en plein air.
Au Raffles' Garden on voit « Les Habits de la nature » d’Hans Silvester et à la Bopha's Terrace, John Stanmeyer de VII : « Volcano Gods ». Avec une particularité pour cette superbe exposition : les photos sont accrochées dos à dos, sauf qu'il n'est possible de voir qu'une seule face, l'autre n’étant visible que de la rivière bordant le lieu !
Vue également la magnifique exposition de Zalmai avec l’UNHCR « Invisible in the City » primée à « Visa pour l’image ».
Deuxième soirée, nous nous installons par terre avec un verre de vin à 3 dollars (au lieu de 5 sur la terrasse du restaurant), plus le programme. Allongés avec des amis australiens et une photographe franco-australienne en poste depuis 5 ans au Timor pour l'ONU. Globalement, les sélections sont trop courtes : une dizaine de photos par sujet, avec des faiblesses mais quelques très beaux reportages. Les présentations des sujets avant projection sont peu convaincantes.
Lundi 22 novembre2010
La troisième soirée « Magnum 2000/2010 » avec comme commissaire Antoine d’Agata présente 21 photographes. C’est tout simplement époustouflant : une magnifique sélection de sujets sans aucune faiblesse. Sélection plus large (environ 20 photos) avec écriture photographique d'une force étonnante. Titrée « New Blood » la soirée montre qu’avec ces petits jeunes, Magnum a de l'avenir !
Avant la soirée au « Angkor Hospital for Children » où nous nous sommes cassé le nez, vernissage d’Anjali Photo Workshops 2008-2009 plus lancement du livre de l’Anjali Photo: «Cambodia, our vision». Une très belle réalisation, généreuse, enfin entièrement tournée vers les jeunes cambodgiens, qui s'avèrent être de bons photographes. Le livre, préfacé par Christian Caujolle, en est la preuve.
Les enfants et adolescents (10/15 ans) participant au stage sont là, avec leur tee-shirt à leur nom. Ils sont tellement heureux d'avoir participé à ce travail ! Un « slideshow » présente leurs images et déclenche des hilarités et des coups de coudes entre jeunes photographes. Leurs photos sont accrochées au mur. Ils sont très fiers.
C'est incontestablement une facette enthousiasmante portée par Roland Neveu qui nous réconcilie avec ce festival.
En conclusion : pour les projections, il faut mieux s'assoir par terre, sur des nattes et ne pas faire trop attention au fait que, si les expositions sont dans des lieux sélects c’est qu’il n’y a pas tellement d’autres solutions. Ne pas oublier que « Angkor photo festival » n'est ni à Perpignan, ni à Arles. Pourtant, nous aurions aimé que la programmation soit plus tournée vers l'Asie, soit par l'appartenance des photographes, soit par les sujets.
Reportage (texte et photos) de Marie-Florence Bennes et Christian Rausch
Editing Michel Puech
Pour aller plus loin
- Le site officiel du festival (Connexion capricieuse)
- Voir le portfolio du festival in "La Lettre de la Photographie" (A voir absolument)
- Le site officiel de Marie-Florence Bennes et Christian Rausch
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