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Billet de blog 30 août 2010

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Visa : Photoshop ? Photo chopes ? #1

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Ouverture du festival de photojournalisme « Visa pour l’image - Perpignan 2010 ». 22, v'la la nouvelle édition avec ses expos, ses projections, ses conférences, ses débats, et son commerce ! Pendant une semaine, le marché mondial du photojournalisme est là. Dans la tempête économique, Visa vit.
Erratum : Dans mon précédent billet j’empruntais à Hunter S. Thompson son « Grand Requin Rouge »… Mais ça, c’était pure invention. Miss Pentagone et moi sommes arrivés au centre du monde in « a grey-blue delphin ». De Paris à Montpellier il y a l’IDZen mais à l’approche de la Méditerranée, notre dauphin s’est mis à batifoler style TER de Béziers à Narbonne, de Sète à plus de cinq heures. Résultat : 45 minutes de retard, une idée pas zen du tout. Passons et re-plongeons nous dans les affaires sérieuses.

Arrivée samedi, hôtel central, accréditations, bises. Couvent des Dominicains, la librairie Fnac ouvre. Première mission : acheter le livre d’Eugene Richards « War is personal ». Si vous ne vous souvenez pas du travail d’Eugene Richards, lisez le billet sur l’exposition qui lui était consacrée, l’an dernier.
On l’attend le 2 septembre pour une signature.
Seconde mission, voir l’expo « Ian Fisher, american soldier » de Craig Walker, prix Pulitzer. J’ai écrit un billet en avril dernier sur son reportage, et j’espère le rencontrer dès son arrivée à Perpignan. « Il vient avec son rédacteur » me confie Jean-Pierre Pappis de Polaris, son agent new yorkais, « ils préparent des livres. »
Dimanche à l’heure de la messe, trotter, voir deux expositions de deux photographes de l'Agence-France Presse, Olivier Laban-Mattéi - sur les hommes et femmes luttant pour leur survie dans des pays sinistrés par des guerres, des dictatures ou des catastrophes naturelles - et une sélection d'images de Roberto Schmidt

L’Agence France Presse, pour commencer

En avril dernier le jour de la conférence de presse où, à Paris, Jean-François Leroy annonce les grandes lignes du festival, en page intérieures Libération titrait : « Iran, le peuple reporter »…

Cela m’avait laissé perplexe. Et puis finalement après toute les images de la « révolution à Téhéran, qu’est-ce qui nous reste comme images dans la tête ?


© Olivier Laban-Mattei / AFP.
Géorgie #6. Gori, en Géorgie, 25 août 2009. Une femme en larmes dans l’escalier de son immeuble. Son appartement a été détruit par l’armée russe durant le conflit armé contre les régions séparatistes de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.

© Olivier Laban-Mattei / AFP.
Gaza #6. Bande de Gaza, 19 janvier 2009. Une Palestinienne console son enfant dans les décombres de sa maison du hameau d’Ezbet Abed Rabbo, aux abords de Jabaliya. Profitant d’un fragile cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza tentent de déblayer les décombres, tandis que le Hamas jure de poursuivre le combat après l’offensive la plus meurtrière de l’État juif contre la bande de Gaza.
Après avoir vu la série d’Olivier Laban-Mattéi, il me reste l’image d’un homme en costume, menaçant, une pierre à la main, l’image de la détermination face à l’ordre. Là où la déferlante d’images m’avait traversé la tête sans rien laisser sauf quelques trace de sang, Olivier Laban-Mattéi offre des images fortes qui vont rester. Malheureusement, la dite photographie n’est pas dans le « kit de presse libre de droit pour la promotion de Visa». Pour la publier, il faudrait la payer. (Encore un effort : abonnez vous à Mediapart) Donc vous ne la verrez pas ici, mais peut-être .

Roberto Schmidt / AFP

Roberto Schmidt a cette même qualité pour saisir l’action.
© Roberto Schmidt / Agence France-Presse.
Sélection #178. Des gardes frappent un pillard. Des bandes armées d’arcs et de flèches, de machettes et de barres de métal, traquèrent les membres d’une tribu adverse quand les émeutes qui avaient éclaté après les élections dégénérèrent en un conflit ethnique d’échelon national qui allait causer la mort de 1 500 personnes et le déplacement de 250 000 autres, faisant voler en éclats l’image du Kenya, symbole de paix dans une région en proie à de nombreux troubles. Nakuru, Kenya, 26 janvier 2008.

© Roberto Schmidt / Agence France-Presse.
Sélection #169. Fiona, 4 ans, court entre de fausses pierres tombales représentant les soldats américains tombés en Irak, pendant un rassemblement contre la guerre auquel ses parents participent. Centre-ville de Miami, 19 mars 2006.

« Tu touches, tu retouches, et à la fin t’as les raw »


Après des années de psychanalyses sauvages entre le Palais des congrès, lieu qui abrite à la fois les stands des professionnels, des sponsors et des « collectifs », l’Hôtel Pams, siège de l’organisation, et, - surtout - les différents grands cafés de Perpignan, il apparait que le sujet « la mort du photojournalisme » est épuisé. Il aurait fini par lasser tout le monde. Ouf !


Après les lamentations, le combat ?
Cette année, le cheval de bataille de Jean-François Leroy, c’est la retouche ! Les mauvaises langues disaient déjà, qu’à Visa « y s’touchent ». Qu’est-ce que ça va être avec l’apport stimulant de la drogue à la mode : Photoshop ! A mon humble avis, on ouvre là, un cycle de conférences et débats multiséculaires. On n’est pas près d’en arriver à une conclusion. Et, même l’arrivée prévue lundi de Frédéric Mitterrand, « notre » ministre », n’apportera pas la solution. Il a déjà du mal avec le patrimonial argentique…
La vie et les images

A Visa, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, les deux journalistes français enlevés en Afghanistan en décembre et retenus depuis en otage » sont présents par leur insupportable absence. Il faut rappeler chaque jour que les « belles photos » exposées à Visa, celles qui chaque année drainent de plus en plus de visiteurs et qui sont pour beaucoup des images de la souffrance du monde, témoignent. Ces témoignages sont rapportés par des reporters qui risquent leur vie et leur santé. Ça fait un peu bon sentiment, mais c’est aussi la dure réalité.
Lundi matin on entendra Marianne Caron parler de son mari Gilles « disparu » il y quarante ans au Cambodge.
« ../…cela fera huit mois qu'ils sont otages en Afghanistan. Huit mois, vous vous rendez compte ce que cela représente » s’indigne à l’AFP, Jean-François Leroy qui invitait les festivaliers à signer la pétition et à arborer le bracelet de couleur bleu offert en échange.
Vous avez compris le festival est commencé et abondamment commenté. (ndlr : pour les accros, je ne saurai trop vous recommander la lecture des sites de Photographie.com, et RFI très présent).
(à suivre)
Michel Puech
Perpignan le 30 août 2010

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s'intéresse essentiellement au photojournalisme, à la photographie comme au journalisme, et à la presse en générale. Il est tenu bénévolement par Michel Puech, journaliste honoraire (carte de presse n°29349) avec la collaboration de Geneviève Delalot, et celle de nombreux photographes et journalistes. Qu'ils soient ici tous remerciés.Tous les textes et toutes les photographies ou illustrations de ce blog sont soumis à des droits d'auteurs. Aucune reproduction même partielle n'est autorisée hormis le droit de citation conformément à la loi française. Pour d'éventuelles reproductions veuillez prendre contact. Vous pouvez retrouver A l'oeil sur Facebook, et sur le site de Michel Puech.

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