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Billet de blog 28 avril 2015

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Culture en danger !

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Culture en danger !

La culture est en danger, les subventions baissent, Radio France a fait la plus longue grève de son histoire, on évoque la fermeture de conservatoires, plus de 100 festivals sont annulés faute de subsides…

Alors bien sûr les populistes diront qu’il y a autre chose à faire qu’aider des associations. Mais cette analyse est un peu courte. Car ne pas comprendre que notre société est en train de perdre sa cohésion sociale, alors que cette dernière n’est que le résultat de liens tissés au fil des ans et des siècles, c’est ignorer que le lien social n’est autre que la Culture. Au-delà de l’art et de la création, la Culture est le lien entre des gens, des lieux, des notions … qu’elle soit d’entreprise, artistique, politique ou traditionnelle … La Culture est une nécessité conceptuelle pour qu’un groupe humain assure le vouloir vivre commun, c’est à dire la volonté de rester liés. Aussi l’analyse de la crise que traverse la Planète est erronée à mon sens puisque la crise m’apparaît comme globalement culturelle : le chacun pour soi des boursicoteurs, des agences de notations, des cadres supérieurs (PDG, Directeurs Généraux etc…) a coupé les liens pour aboutir à cette analyse néo-libérale qui confond la gestion d’une entreprise qui recherche du profit et la gestion d’un groupe humain qui recherche de la cohésion… Le résultat est un raisonnement abscons que même Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie a combattu : Il juge avec sévérité la politique économique menée dans l’Union européenne en estimant que ses décideurs économiques ont « des décennies de retard sur la théorie économique ». « Il faut en finir avec l’austérité », assure-til, car celle-ci empêche la croissance de repartir. A propos de la cure d’austérité grecque, il ajoute : « Ce qui me déçoit, c’est la lenteur de l’apprentissage des gouvernants. On voit que le remède n’a pas marché, mais on n’en change pas. »(1) Contresens important tout de même car il entraine de graves dérapages que subit la démocratie et semble ignorer notre culture républicaine : Ainsi les populistes proposent des référendums d’initiative populaire, mais comment les citoyens vont-ils pouvoir donner un avis sur des sujets qu’ils ne peuvent connaître ? Car le système néolibéral s’appuie sur des groupes financiers qui détiennent les moyens de communication devenus des machines à abrutir pour la majorité d’entre eux : comme cette chaine de TV dont le PDG se vantait de rendre les cerveaux de ses téléspectateurs disponibles aux spots de Coca Cola… Mais pour pas mal de médias, c’est aussi l’information qui est touchée : comment se fait-il que les chaines d’information continue ne fassent que des talk shows, sans jamais proposer un magasine qui contextualise les informations données un peu trop rapidement et de manière répétitive au quotidien ? Cela donne une information proche de celle que sélectionnent les algorythmes savants des Facebook, Google, Tweeter et consorts qui ne traitent que les choix immédiats des individus, leur construisant un mur de superficialité , les empêchant de toute véritable recherche… Formatage et harcèlement sont les deux mamelles du néo-libéralisme ambiant.
Alors c’est bien ici que nous pouvons nous rendre compte que les allégations des populistes et des néo-libéraux contre la Culture et ses coûts sont un contresens mortifère. La rentabilité ne peut être un précepte qui guide les choix d’une collectivité humaine, l’intérêt général n’est pas forcément rentable, il est juste nécessaire et impérieux pour vivre en société. Il ne faut pas confondre solidarité et charité. La solidarité est nécessaire afin d’éviter les conflits internes, les antagonismes trop ulcérants d’une société humaine. Quant à la charité, on lui préfèrera l’entraide. Une époque gérée par des gens qui ne comprennent pas cet axiome basique, est plombée. Elle en désespère plus d’un. Mais elle ne doit pas atteindre notre désir, qui, plus que l’état passif de l’espoir, est à l’inverse un moteur positif pour améliorer, avancer, changer les choses et faire triompher la bienveillance. Il n’y a pas ici de niaiserie, de « rêve « ou d’angélisme, juste une logique implacable sur la manière de préserver la cohésion d’un groupe humain civilisé. Dans la même veine, la nouvelle polémique sur le mode de vote est intéressante. N’aurions-nous pas perdu notre culture républicaine qui se nomme citoyenneté ? En effet un sondage (2) vient de révéler que ceux qui s’abstiennent, loin de ne pas vouloir s’acquitter de leur devoir de voter ce qui en République serait inhibiteur quant à leurs droits, sont tout simplement mécontents des choix qu’on leur propose. On peut même aller plus loin et se demander si ceux qui votent populiste ne le font pas par simple geste de colère pour les mêmes raisons. Aussi, rendre le vote obligatoire en tenant compte des bulletins blancs serait une bonne solution. Il faudrait même veiller à ce qu’un nombre minimum de votes exprimés (non blancs) soit nécessaire c’est ce que l’on appelle usuellement le quorum minimum, qui est la règle qui s’applique dans tous les organes où l’on vote : associations, sociétés, groupements. Dans le cas où les blancs seraient majoritaires, il faudrait revoter et enfin tenir compte des désirs du peuple. Il me semble qu’ainsi nous serions en République et notre démocratie resterait la procédure adéquate pour la préserver.
Rejoignez donc la page Facebook « Culture en danger » (3) afin de vous rendre compte des dégâts que sont en train de provoquer les acculturateurs car quand « la Culture est en danger, c’est la République qui se meurt ! ».
(1)www.lemonde.fr/economie/video/2015/04/10/stiglitz-il-fauten-finir-avec-l-austerite_4614000_3234.html
(2)www.lexpress.fr/actualite/societe/vote-obligatoire-unemajorite-de-francais-serait-favorable_1671506.html
(3)https://www.facebook.com/cultureendanger?ref=hl

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