Selon la loi de 1905, la République ne reconnaît aucun culte (article 2 ) ; cette initiative du département soutenu par des services de l’État contrevient ainsi au principe de laïcité de l’État. Que tel ou tel service ou institution comme le département rencontre épisodiquement des représentants des cultes pour régler un problème est une chose, qu'il promeuve et se mêle de discussions entre les religions en est une autre.
Mais plus grave, en conclusion de cette réunion cléricale, deux pistes d'action sont proposées.
Il est question de faire découvrir le patrimoine religieux aux jeunes essonniens comme s'il ne faisait pas partie du patrimoine historique. A titre d'exemple, j'ai accompagné une sortie scolaire à Dourdan quand j'étais en activité ; la collègue d'histoire avait un programme qui comprenait la visite de la ville, du château et de l'église, cette dernière conçue comme un monument historique.
Il prétend aussi mettre en place des modules dans les collèges et les lycées « pour évoquer paisiblement le fait religieux ». Les religions et les faits religieux sont abordés à différents moments en histoire le long de la scolarité, et selon la loi ce n'est pas le département qui définit le contenu et l'organisation des enseignements, mais l’État. Ensuite, on se demande qui interviendrait dans ses modules. La laïcité de l'école impose la neutralité aux enseignants et d’aborder scientifiquement tout phénomène, c'est à dire sous ses aspects contradictoires. Je ne suis pas certain que c'est cela qui était dans l'esprit des représentants des religions réunis par le conseil départemental. Par ailleurs, le conseil départemental déborde largement de ses missions puisqu'en matière scolaire, il est responsable de l'accueil, l'entretien et la cantine des seuls collèges. (Pour la cantine d’ailleurs la suppression, dans tous les collèges de l’Essonne, d'un plat pour faire des économies est fortement contestée)
L'exécutif départemental de l'Essonne aurait bien besoin de suivre un module sur la laïcité de l'école et de l’État !
Michel GALIN, enseignant à la retraite, ancien responsable FSU départemental et régional