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Billet de blog 6 janvier 2018

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Je ne comprends pas le racisme

L'humain est fait d'actes, de réflexions et de valeurs. Quand tout ceci n'est pas dicté par quelque chose de plus grand que soi, comme par exemple la religion ou un projet commun d'ampleur, chaque humain est capable de posséder son propre point de vue, à condition de s'appuyer sur des éléments valables. Ainsi, je ne comprends pas par quel procédé "technique" le racisme trouve sa naissance.

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Un titre un peu simplet, un peu simpliste, voire bateau ? Je sais, et je m'en excuse d'ores et déjà. Ces dernières années, la malheureuse montée en puissance de la haine sous toutes ses formes me fait me questionner sur le principal vecteur de cette haine : l'humain. Pas comme on l'entend lorsqu'on parle de dimension humaine ("l'humain dans l'entreprise"), mais l'être physique, fait de chair, d'os et de neurones pour la majorité. Attentats, guerres civiles, gouvernements oppressifs, agressions, tout ceci a toujours existé. Généralement, il s'agit de conflits qui mettent en scène les choses les plus puissantes et dangereuses de notre monde : l'argent, le pouvoir, et les idéologies aussi extrêmes les unes que les autres.

Ce que je m'apprête à dire est à prendre avec des pincettes. Lorsqu'un djihadiste frappe sa ou ses cibles, pourquoi le fait-il ? Car il est devenu un robot, dénué de toute logique. Mais il respecte une chose : sa religion (ou l'interprétation qui en est faite, mais ce n'est pas le débat). Ses croyances lui donnent un code, inhumain, monstrueux, fait de violence et de mort, mais cela reste un ensemble de "valeurs". Par la suite, ses actes ne seront pour lui qu'une concrétisation de pensées qui ne viennent non pas de lui, mais d'une force contre laquelle personne ne peut rien.

Durant l'Inquisition, des religieux torturaient sans vergogne un nombre incalculable de personnes, avec pour seul motif leurs divergences spirituelles présupposées. De leur point de vue, ce n'était que "la parole divine". Ils avaient tout à fait conscience de leurs actes, mais la religion était la plus forte. Ou encore les nazis, qui lors du procès de Nuremberg, ont souvent répété qu'ils ne faisaient que suivre les ordres. Tous ont camouflé leur violence derrière quelque chose, des institutions apparemment immuables et ayant trop d'ampleur pour être contredites.

Là où je veux en venir, c'est que de nos jours, plus rien ne justifie d'avoir de la haine. Pourtant, nous croisons tous le visage d'une de ses formes, chaque jour : le racisme. Pourquoi existe-t-il encore ? La question peut paraître banale posée telle quelle, mais si nous nous penchions sur le procédé ? Le racisme est, pour rappel (superflu j'espère), le fait de détester une personne ou un groupe de personnes à cause de leur origine ethnique ou de leur couleur de peau. Cela se traduit donc par une distinction péjorative de ces individus, un mépris, et souvent une colère à leur encontre. Mais qu'est-ce qui motive un raciste à le devenir ou à le rester ? Nous l'avons vu, les amalgames se font toujours autant dans notre société, ce qui implique un accroissement de ce type d'écart. Mais pourquoi certaines personnes, au fil du temps, deviennent racistes ?

Un concept hélas omniprésent

J'ai d'abord observé ceux de mon entourage qui étaient touchés par ce phénomène. Les deux points intéressants sont leurs arguments, et leur comportement. Récemment, j'ai entendu quelqu'un me dire à moi, étudiant, "si tu avais été un migrant, tu aurais plus d'argent". Outre la taille de la bêtise de cette phrase, je me suis aperçu que cette personne était financièrement aisée. Sans vouloir, à aucun moment, juger son mode de vie, je me suis demandé pourquoi quelqu'un gagnant bien sa vie se plaignait d'une soi-disant inégalité, soi-disant créée par une différence ethnique... On peut largement critiquer le système économique de chaque pays, mais je souhaite bien rappeler que seulement 9% de la population est constituée d'immigrés, et que notre mode de vie n'a rien à leur envier. Je ne comprends pas que l'on puisse marcher devant un camp de réfugiés, et se dire "de toute façon, ils gagnent plus que les étudiants".

Un autre argument ironique est celui de la peur. Certes, c'est une émotion primaire chez l'Homme, mais justifie-t-elle la haine ? Quand j'entends quelqu'un dire "ce quartier, je n'y vais pas, c'est plein de [insérer origine autre que française]", quand cette même personne n'a jamais vécu dans l'inconfort des cités, je me questionne. Pourquoi cette haine, alors que c'est la dernière personne concernée par la violence qu'elle suppose dans sa phrase ? A cause de la peur, celle engendrée par les médias généralistes, par le bouche-à-oreille bête et méchant des idiots, et par le fait que le raciste l'est parce qu'il a toujours besoin d'une cible.

Oui, l'humain peut se montrer anxieux dès lors que son confort mental risque d'être atteint. Alors il essaie de se débarrasser de ses problèmes, mais pour cela il lui faut un ennemi, bien palpable cette fois. Et quel meilleur ennemi, que celui du gouvernement ? Les "étrangers", comme on aime les appeler (il ne faut pas oublier que ces gens mettent dans le même sac immigrés, musulmans, ou encore personnes de peau noire). Le procédé est le suivant : l'ennemi est trouvé, on lui incombe tous les maux du monde, l'information se propage, le simplet ne cherche pas plus loin, et toute la haine contenue dans ce dernier se décharge dans ce nouvel adversaire.

Ainsi, je ne comprends pas le racisme. Sans entrer dans une vison trop manichéenne, les mauvais actes sont tous idiots. Mais de croire qu'une couleur de peau peut créer des problèmes, ce n'est plus une question de savoir "pourquoi le racisme ?". Non, il s'agit plutôt d'affronter le véritable ennemi dans cette histoire : la bêtise humaine.

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