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Billet de blog 20 septembre 2016

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PREVENIR LA SPIRALE DE LA DIVISION A LA GAUCHE DU PS

Une bouteille à la mer dans le tumulte actuel et les annonces péremptoires (anathèmes, ralliements, insultes..) : la gauche est-elle suicidaire, existe-t-elle encore ? Cet appel part du sentiment que les conditions de constitution d'un espace commun, d'un rassemblement (privilégier les points de convergence, ne pas se tromper d'ennemi) sont réunies. Reste à recoller les bouts.

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APPEL : IL EST ENCORE TEMPS

Je ne représente rien, mais je prends le risque d’un coup de gueule sur le plan de la situation politique à la gauche du PS de François Hollande. Les messages qui se croisent sur les réseaux sociaux donnent le tournis et la nausée. Non seulement, aucun signe de convergence ou d’ouverture pour créer une dynamique qui permettrait d’opposer une alternative à l’actuel président pour prévenir la disparition de la gauche au second tour des Présidentielles, mais une surenchère d’anathèmes, de proclamations individuelles, d’injures et de procès d’intention les uns à l’égard des autres qui fait peur. Les quelques rassemblements qui avaient vu le jour (Front de gauche, Ensemble) volent en éclat au profit de la promotion de destins individuels et beaucoup, dans ces conditions, reprennent leurs billes pour se compter et se réchauffer dans leurs convictions (PCF, écolos).

C’est dramatique et désolant. Je fais partie de ceux qui recommençaient à croire qu’il était possible de faire quelque chose, de rassembler toutes les forces qui avaient réagi à la loi Travail et s’était rassemblées pour parler à « Nuit Debout ». Les prémisses d’un mouvement, d’une vague alternative étaient là où justice sociale, changement du système politique et écologie convergeraient. Avant de penser au « candidat » pour les présidentielles, il fallait balayer les obstacles classiques qui alimentent la désunion et les divisions et construire un socle de rassemblement ayant des chances de proposer une véritable alternative.

Au lieu de cela chacun est parti de son côté.

Je vois autour de moi le découragement et les désillusions reprendre le dessus avec en ligne de mire la résignation d’avoir les droites au second tour et pourquoi pas l’extrême à la tête du pays. Ce n’est pas possible !

Les dégâts sont annoncés : une fracture supplémentaire au sein du PCF (alors que nous avons besoin de cette force dans notre paysage politique), des écologistes qui se rabougrissent et se divisent un peu plus (alors qu’il est temps que ce courant retrouve des couleurs), JLM en super-héros ( ?) avec des déclarations à l’emporte-pièce qui font perdre ce que les militants et les engagés tentent de gagner jour après jour. La talent de l’homme ne pourra pas suffire à peser dans le pays réel, celui qui va voter effectivement l’année prochaine et les blessures auront du mal à cicatriser.

Je n’ai rien à proposer ; j’avais signé l’appel pour un rassemblement et une candidature unique à la gauche du PS. Il aurait pu rallier ceux qui s’accrochent encore à ce parti par peur de l’inconnu ou (pour les élus) de perdre leurs mandats et leurs avantages (erreur ! ils vont les perdre). Même chose pour certains du PCF ou des écologistes qui espèrent, après le drame, être quand même associés sur les listes de candidatures pour les élections à suivre. Toujours la peur.

On continue à raisonner à l’ancienne : après le déballage des  différends, on recolle les morceaux pour présenter des listes communes. Je pense que cela ne va plus le faire ; le discrédit sera général et la déconfiture totale.

Si je dis tout cela, c’est que je ne suis pas résigné aux défaites et catastrophes annoncées. Il faut sortir des haines fratricides pour se rassembler contre les nouvelles moutures du (social ?) libéralisme qui se profilent. Si les vagues grecques et espagnoles sont retombées, pourquoi pas une vague française avec un rassemblement où on effacerait les ardoises pour ne garder que les grandes propositions faisant consensus (et il y en a beaucoup : loi travail, environnement, révision de la constitution, non cumul effectif des mandats et lutte réelle contre les corruptions, solidarités actives et réalistes envers les réfugiés et lutte contre toutes les discriminations…) ; d’autres à approfondir (cf. l’incidence des propositions de Friot). JLM a fait une partie du travail mais a mis sa personne trop en avant, même si la talent est là, pour que cela crée les conditions d’un front commun. Les ralliements de Buffet et Autain apparaissent comme des débauchages individuels et créent des divisions dans leurs formations d’origine. Tout se fait à l’envers.

L’appel, c’est un appel à retrouver, comme on dit aujourd’hui, le sens du commun sur cette partie de l’échiquier politique ; d’arrêter les disputes et de faire des états généraux pour fixer tout ce qu’il y a de positif, de constructif et qui rencontre un écho certain dans le pays. Il est encore temps de revenir sur les jugements, de soigner les allergies, d’oublier les rancoeurs et de se remettre au travail pour fonder une alternative qui pèsera et pourra entraîner la fraction progressiste du PS.

Il reste encore six mois pour y arriver.

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