À Gaza, le son de la vie s’est mêlé aux bruits des missiles tombant comme des étoiles filantes partout. Les maisons chaleureuses se sont transformées en murs tremblants comme les cœurs de leurs habitants, et la survie est devenue une denrée rare dans des ruelles où la mort se promène.
Toi, lecteur qui lis maintenant en liberté, tu vois la vie comme une opportunité d’expérimenter, de te tromper et d’apprendre, un refuge familial, une enfance dont tu es parfois nostalgique. Alors qu’ici, au cœur d’une ville témoin de génocides, un être humain a perdu sa liberté, un autre est mort de faim sans que personne ne s’en soucie, d’autres encore sont morts étouffés par un faux espoir. Ici, la vie devient peur et attente : peur de la perte, ou attente de la mort… ou de la liberté.
Ô Gaza bien-aimée, tes habitants ont avalé la douleur comme des gorgées successives, sans reprendre leur souffle. Tes bâtiments se sont effondrés jusqu’à la dernière maison, et les âmes de tes habitants se sont éteintes jusqu’à la dernière. Chaque mur y raconte une histoire : une mère ayant perdu son enfant, une fillette ayant perdu son père, un autre enfant qui ne connaît pas le sens d’être en sécurité et croit que la vie est ainsi pour tous, une famille qui a perdu son pilier, un frère ayant vu son frère mourir de faim, une sœur laissée seule et égarée, un ambitieux voyant ses espoirs se briser, un autre voyant ses rêves disparaître, une amie ayant perdu son amie, un homme pleurant sur les décombres d’une maison portant ses souvenirs, des orphelins restés cachés des jours sans que personne ne le sache. Le manuel scolaire est resté en place attendant son propriétaire puis a été bombardé. Quelqu’un est resté sous les décombres plusieurs jours en attendant de sortir. Un père, épuisé par son impuissance à nourrir ses enfants. Une veuve luttant pour élever une génération vertueuse. Un amputé assis dans un coin en pleurant. Des enfants privés d’enfance et d’innocence. Une famille entière ajoutée à la liste des martyrs, une autre cherchant encore les restes des corps de ses disparus sous les décombres. Des rires d’enfants interrompus par le bruit d’une explosion, et des instants que nous aurions souhaité qu’ils n’existent jamais…
N’est-ce pas suffisant pour que vous ressentiez notre tragédie ?
Ce n’est pas une guerre, mais un crime odieux contre l’humanité, sous les yeux du monde entier qui demeure silencieux. C’est l’histoire d’un peuple trahi, qu’aucun être humain n’a épargné. Je ne comprends pas comment vous avez fermé vos oreilles aux gémissements de la douleur, et fermé vos cœurs aux cris de la souffrance ?!
Vous avez laissé derrière vous une patrie appelant en silence, des âmes murmurant à ce monde qui a excellé dans l’art de l’indifférence, une patrie disparue sous les décombres de la douleur, et des âmes pures tombées victimes d’une main traîtresse sans pitié.
Réfléchis un instant, lecteur… imagine, imagine que tu sois à la place de l’un d’eux maintenant.
Es-tu en paix ?
Je pense que le monde entier devrait se lever par respect pour chaque être humain dont le cœur porte le mot « perte » avec une douleur indescriptible, car là-bas, chacun a perdu quelque chose d’irremplaçable. Le monde entier devrait pleurer en deuil une ville disparue au milieu des gémissements de douleur, des décombres et des cadavres.
À la fin, je me demande : et si… si l’un de vous faisait quelque chose pour sauver une âme innocente tuée injustement ? Et si ?