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Billet de blog 26 octobre 2025

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Nous savons tous de quelle ville je parle : C’est elle… Gaza.

Layan a quitté Gaza en mars 2024, avec ses parents et son frère, à l'âge de 14 ans. Réfugiée en Egypte, elle écrit pour fuir son isolement.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans une ville témoin des formes les plus cruelles d’injustice,
chaque être y porte une douleur trop lourde pour être transmise par des mots ou tracée sur du papier.
Là-bas, les sacrifices se sont multipliés, écrits avec le sang de nos êtres chers, pour la libération d’une patrie qui n’aurait dû être que la nôtre.
L’ornement des maisons y est devenu la couleur du sang de ses martyrs,
et dans chaque coin résonne le cri des enfants à la place de leurs rires.
Chaque larme tombée des yeux d’un père égaré a laissé son empreinte sur les pierres de notre terre, tout comme dans nos âmes.

Nous savons tous de quelle ville je parle :
C’est elle… Gaza.

Je ne vous relaterai pas la souffrance de chaque personne dans cette ville combattante,
car si je commençais, je ne finirais jamais.
Chaque être, jeune ou vieux, y a pris sa part de douleur et d’oppression.
Tous ont goûté à l’amertume de l’injustice et à la morsure de la souffrance,
car chaque ruelle de cette ville a fait écho aux cris de supplication et aux gémissements de la douleur.
De chaque plante morte s’élève l’odeur de la peur de ses enfants et de l’impuissance de ses aînés.
À chaque pas que tu fais dans cette ville, le vent t’apporte le frisson des cœurs brisés de ses habitants,
et la terre elle-même semble flétrie, telle une belle rose entourée d’abeilles
qui ont sucé tout son nectar, ne lui laissant que l’odeur du sang mêlée aux décombres d’une terre sacrée.

À Gaza, nous avons perdu chaque lieu qui portait le parfum de nos souvenirs et gardait nos secrets.
Et nous voilà aujourd’hui à fouiller dans les pages du passé, à la recherche d’une vie qui fut… et qui n’est plus.
Nous cherchons, au milieu du brouillard des souvenirs, une maison que nous avions tissée de fils de chaleur et d’amour,
un fragment d’espoir qui nous murmure que demain sera meilleur.
Nous tournons les pages de nos jours d’une âme brisée,
des pages remplies de sang, de poussière et d’odeur de mort.


Nous cherchons, peut-être, une page encore blanche et pure,
un souvenir encore clair, que la brume des bombes n’aurait pas effacé.
Nous cherchons un ciel limpide, non souillé par les avions meurtriers,
une terre pleine de tendresse et éclatante de couleurs,
nous cherchons la vie…

Mais nous revenons déçus, le visage défait.
Nous revenons sans avoir trouvé la vie.

À Gaza, les souvenirs du passé nous serrent le cœur de douleur malgré leur beauté,
le présent nous brise, nous ronge l’âme et les os,
et l’avenir ? Il est au bord du gouffre.
Un avenir vidé d’humains,
car simplement rester en vie dans cette ville est un combat épuisant.
Garder son âme intacte est déjà un miracle incertain.
C’est pourquoi la plupart y placent leur avenir au bord du précipice —
car à tout moment, il se peut qu’ils n’aient plus de place dans cet avenir.
Les âmes humaines là-bas sont devenues un jeu
dont le monde entier semble rivaliser pour voir qui les détruira en premier.

Alors, une seule question pour vous :
N’avez-vous pas perçu la souffrance d’un être humain
qui mérite la compassion et la paix,
vous qui prétendez à l’humanité ?

Layan 15 ans

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