Depuis quelques jours circule sur le net le texte de l’avant-projet de la loi Olivennes, censée lutter contre le piratage, obtenu par un journaliste de Zdnet. Le texte est en format Microsoft Word, ce qui permet de retrouver facilement l’archéologie du texte, ses modifications, tout en identifiant les auteurs de ces contributions.
Mis à part le contenu et le bien-fondé du texte lui-même et son parti-pris idéologique, l’usage de ce format seul permet de mettre en question la compétence numérique des auteurs. Car ce n’est pas la première fois que l’impérialisme (caractéristique bien décrite par Marc Rees dans son commentaire sur le fichier : « Ce format est pratique dans l’écosystème Windows, mais il est aussi une véritable éponge. Il a cette détestable habitude de laisser des traces dans ses sources. Ces traces peuvent être des informations présentes dans la mémoire vive de la machine ayant servi à tapoter et enregistrer le contenu (des éléments copiés collés en mémoire). Mais dans d’autres cas, cela donne aussi des indices sur l’identité de ceux qui ont eu les données entre leurs mains. ») numérique de Word (est-ce à l’image de Microsoft ?) met à jour les coulisses de décisions importantes. Il suffit ici de rappeler l’affaire du Downing Street Memo.
Ce décalage entre le texte de l’avant-projet d’une loi qui vise la réglementation des pratiques actuelles sur la toile, allant jusqu’à la suspension de l’abonnement des internautes suspectés de piratage, et la simple maîtrise d’un outil on ne peut plus simple a pour effet de mettre en cause la légitimité comme la validité des propositions et des partis pris de la loi elle-même. On est en droit de s’attendre à ce que les personnes chargées de légiférer sur une technologie et ses pratiques soient elles-mêmes compétentes et bien informées.
Mais peut-être le choix du format Word n’est qu’un exercice de transparence.