ZAC de Kerjaouen
Stop à l’étalement urbain
Réinventons la ville - Réinventons Quimper⋅Kemper
La ZAC (zone d'aménagement concerté) de Kerjaouen est un projet d’artificialisation de 27 hectares de terres agricoles. Elle s’inscrit dans une vieille conception de la ville qui remonte à près d’un siècle, où la campagne est un espace à coloniser, un décor bucolique, où le paysan est un « plouc ». Cela se traduit par une séparation des fonctions dans l'espace (logement, commerce, industrie, loisir…) où bien entendu l’activité agricole n’existe pas en tant qu’activité économique, sociale et paysagère. La terre agricole étant réduite à une surface à urbaniser.
Une conception de la ville :
- centrée autour des transports (notamment la voiture pour les déplacements pendulaires logement-travail).
- qui s’apparente à celle déployée dans des jeux vidéo comme SimCity, où pour poursuivre le jeu il faut passer par la phase destruction (une catastrophe, un Godzilla, une guerre).
- où le salut économique vient d’ailleurs (Amazon, …) et ne vient pas des habitants eux-mêmes, de leur ambition, de leur créativité, de leur capacité à travailler et entreprendre ensemble.
Enfin, l’approche « environnementale » du projet n’aborde l’écologie que sous l’angle d’un décor et d’une contrainte, ou pire d’une sensiblerie indécente, le tout en y plaçant les mots qu’il faut : un « en même temps » qui veut « répondre de façon exemplaire aux enjeux de la transition écologique » tout en bétonnant des terres, qui conduit à artificialiser 27 hectares de terre par une collectivité qui affiche « en même temps » une politique alimentaire territoriale de végétalisation urbaine. Un "en même temps" qui occulte la violence qu’exercent déjà le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité sur les populations, les autres espèces et sur l’activité humaine, singulièrement sur l’activité agricole.
Finalement la ZAC de Kerjaouen est un projet d’étalement urbain, queue de comète d’un modèle extractiviste de « L'American way of life ».
Qu'il y ait besoin de logements et d'activités économiques tout le monde en convient. Mais y répondre par la destruction d’espaces productifs et vivants dans la verdoyante vallée de Kerdroniou est anachronique, à moins que la Municipalité ne vise à doubler sur le fil ce qu’il reste de la loi « Zéro Artificialisation Nette » (sur le principe de laissons aux suivant⋅es le devoir de sobriété).
Plutôt que de persister dans une pensée économique carbonée et extractiviste qui n’a pas d’avenir, c’est vers un modèle économique organique qu’il convient d’investir. Une économie qui s’appuie sur le vivant et la photosynthèse, source d’avenir pour produire une alimentation de qualité, des matériaux de construction (en chanvre, en lin), des vêtements, où l’on apprend à comprendre et travailler avec les autres espèces vivantes. Les talents et l’énergie ne manquent pas, notamment chez les jeunes, accordons-leur du crédit.
Plutôt qu’une ZAC, c’est une ZIV (Zone d’innovations vivantes) pour l’avenir de la Cornouaille (et sa relation à la mer) qu’il conviendra de créer.
Le débat électoral à Quimper, en vue des municipales de 2026, doit mettre en avant ce clivage entre deux conceptions de l’avenir de la ville. L’une pragmatique, autour d’une économie organique pour penser l’avenir avec la population, qui ne tourne pas le dos à la mer ni à la terre ; l’autre une fuite en avant de la perpétuation d’un modèle « carboné » suicidaire, rythmé par des petites alternances politiciennes de façade, pour que finalement rien ne change et tout se dégrade.
À toutes celles et ceux qui subissent aux quotidiens les conséquences de ces choix d’urbanisme, à toutes celles et ceux qui luttent : ne perdons pas espoir.
Agrandissement : Illustration 1