Le 4 et 5 février dernier avait lieu un colloque dit scientifique sur la laïcité à Rouen : « La laïcité à l’épreuve des identités ». La conférence plénière finale de Caroline Fourest finissait de la sorte: « Il est dangereux de questionner la laïcité à la française ». « Nous ne négocierons pas sur la laïcité ». Cette conclusion qui serait parfaite pour un meeting politique a-t-elle vraiment sa place dans un colloque scientifique où la recherche et l’analyse ouvrent forcément sur des questions ?
Durant ce colloque d’autre chose peu scientifique, on était entendu. Théorie du complot en tout genre : « Les frères musulmans sont à l’origine de tout les dérives en France. » Des statistiques douteuses : « Il y a beaucoup plus de mariages mixtes en France d’après les chiffres, vous voyez bien que la laïcité à la française marche très bien. » Des personnalités, penseurs, journalistes, critiques ont été cités comme contre-exemple de ce que doit être la laïcité. Il y aurait donc un seul angle de vu à la mise en place d’une loi qui porte en elle-même un champ de réflexion ?
Il n’y aurait aucun problème à entendre ce type de discours si nous n’étions pas dans un colloque à l’étiquette scientifique. « Dangereux donc de questionner », ne s’agit-il pas pourtant de notre rôle citoyen, ne s’agit-il pas de la mission d’un colloque ? Le séminaire a fini de la sorte : une assemblée qui s’auto-applaudis, des chercheurs étrangers choqués de ce qu’ils ont entendu au point de quitter le séminaire à la mis journée, et des novices intéressées par le sujet qui ont sans doute été séduit par un discours de communication bien rodé. Quant à la recherche scientifique, elle, elle attendra.
Fanny Bauer-Motti