MEDIAPART en español, 18/04/2018 ( traduction)
DES VOIX CONTRE LA PEUR
Le 28 avril prochain suppose un nouveau Rubicon pour la démocratie espagnole; des urnes sortira un pas en avant ou une grande régression. Nous assistons à un changement d'époque, à un tournant aux aspects très complexes, chargé d'incertitudes. Terrain fertile pour que surgissent des propositions aussi simplistes que trompeuses, des discours empreints de démagogie et même fondés sur de véritables mensonges. Sauf bouleversement total dans les prédictions des sondages, une force d'extrême droite va obtenir une représentation significative au Congrès.
Jesús Maraña, directeur d'Infolibre, partenaire de Médiapart, analyse le paysage politique espagnol, face aux prochaines élections espagnoles.
Alvaro Figueroa y Torres, comte de Romanones, avait utilisé pendant plusieurs décennies une méthode infaillible pour être élu député de Guadalajara: il achetait les votes. Selon des sources apocryphes, à la fin du XIXº siècle, il payait vraiment deux pésètes par voix jusqu'au jour où se presenta le très jeune Antonio Maura, lequel offrit trois pésètes à ceux qui avaient jusque là voté fidèlement pour le grand propriétaire terrien. La réaction de Romanones fut immédiate: il paya une pièce de cinq pésètes en échange des trois pésètes et de la voix et continua à gagner...
Depuis, un siècle et demi a passé, plusieurs coups d´Etat, une guerre civile, une transition démocratique et trois décennies d'alternance bipartite. L'Espagne des caciques, corrompue et clientéliste de l'époque de la Restauration et d'une grande partie du XXºsiècle n'existe plus, même s'il est indéniable qu'il subsiste des réminiscences, des échos, des traces et des exemples très actuels de caciquisme, de clientélisme et de corruption. Aujourd'hui l'achat des votes est inconcevable. Il existe des moyens plus faisables et efficaces pour conditionner les citoyens: le premier c'est la peur.
Ce n'est pas une méthode nouvelle. Depuis toujours en politique, comme dans la vie, il y a peu de sensations qui influent autant sur l'action individuelle et collective que la peur: peur de la guerre, de Dieu, du chômage, de l'étranger, de la violence, de l'enfer, de la pauvreté, de l'insécurité, de l'autre, de l'avenir...Ce qui est nouveau c'est la sophistication et la multiplication des instruments et des messages utilisés pour générer des peurs qui conditionnent une decisión théoriquement libre. Dans une dessin simplificateur, (cf. Infolibre) le 28 avril est caractérisé par la confrontation de deux peurs: celle lancée par le PP, Ciudadanos et Vox sur le risque de rupture de l'Espagne à cause "des cessions que le Gouvernement a faites aux indépendantistes" et celle émanant de pratiquement toutes les autres forces politiques qui mettent en garde contre une vague réactionnaire qui prétend imposer une visión excluante de l'Espagne et un recul des droits sociaux.
Le meilleur antidote contre la peur, c'est l'information, de sorte qu'il convient de voir clairement et le plus tôt posible s'il existe ou non une base réelle qui justifierait ces grandes peurs.......
J'arrête ici ma traduction. Si elle intéresse les lecteurs et si Médiapart ne voit pas l'opportunité d'une traduction plus professionnelle que la mienne, je continuerai bien volontiers .