Bonjour,
Les attentats se succèdent et ne se ressemblent pas... A chaque fois, il nous semble plonger un peu plus loin dans l'horreur, dans l'inhumain. Nul pays, nul peuple, nul homme - qu'il soit athée, agnostique, juif, chrétien, musulman - n'est à l'abri, ni n'a les clés ou les réponses toutes faites pour comprendre ou agir. On peut s'informer de son mieux, en diversifiant ses sources; on peut échanger avec les autres, débattre, argumenter; on peut se plonger dans les écrits passés, philosophiques et historiques, pour tenter de comprendre ou de s'expliquer ce qui se passe. La vérité, c'est que nous voilà bien démunis. Comment protester ? Comment agir efficacement ? Comment raison garder ?
Il n'y a pas de réponse simple, pas de recette miracle... Je m'intéresse à Alain Badiou : "Notre mal vient de plus loin". Certaines de ses analyses me frappent tel un uppercut. Je lis l'encyclique du Pape François, qui nous appelle à changer de système structurel pour un nouveau, mettant l'homme et le respect de sa dignité comme de l'écosystème où il vit, au coeur de nos règles de vivre-ensemble. Je me plonge dans les articles de Médiapart, dans la presse écrite...
Si je devais me définir, je suis profondément attachée à mon pays, à ses valeurs du vivre-ensemble, mais je nous trouve jusque dans nos journaux télévisés très ethnocentrés. Un attentat ailleurs me bouleverse autant que chez nous. Je ne m'habitue pas plus aux morts syriens. Je voudrais que plutôt que de larguer des bombes, nous soutenions les pays amis tels que le Liban et la Jordanie, submergés de réfugiés. J'abhorre les rotomontades de nos hommes politiques sur notre "état de guerre", et leur quotidienne surenchère verbale. Laïque, citoyenne parfois engagée, chrétienne, j'essaye chaque jour de mettre en accord mes paroles avec mes actes, et c'est un travail quotidien.
Récemment, j'ai défilé avec la CGT et FO pour défendre des acquis sociaux conquis de haute lutte dans notre pays comme ailleurs. Dans ma vie de chrétienne, j'ai entrepris de prier pour la paix, mais aussi pour ceux qui commettent de tels actes ou pensent à les commettre. J'ai aussi signé la pétition sur change.org demandant l'anonymat pour les auteurs de ces actes, mais je ne suis pas sûre d'avoir eu raison de le faire. Dans ma vie de tous les jours, j'argumente contre la colère, les discours de haine et de revanche, les paroles racistes, mais malgré cela, parfois, après un nouvel acte terroriste (où qu'il soit), je dois lutter dans mon propre esprit contre mes premières réactions, marquées parfois par une tendance à la haine, au rejet, à l'amalgame.
Je crains les prochaines échéances présidentielles, et je sens monter autour de moi l'exaspération et la colère, portées par l'agitation médiatique sur cette question de la résilience du peuple français. Pourtant, j'ai de l'espoir. La France a traversé en d'autres temps des périodes troublées, et elle a su trouver en elle, dans sa culture et dans son ouverture au monde, la force de s'en sortir et de progresser, sur le plan spirituel et idéaliste, politique. Je veux croire qu'il en sera de même cette fois-ci !
A lire vos réactions, une citoyenne lambda.