Vendredi soir, je suis allée voir la damnation de Faust à l'opéra Bastille.
Comme souvent, j'ai découvert l'histoire en lisant le livret quelques minutes avant le début du spectacle. Je ne connais pas tout le répertoire lyrique, très loin de là, donc j'y vais pour découvrir, pleine de curiosité et d'envie !
Faust, un scientifique qui va tomber amoureux de Marguerite à cause de la vile machination de Méphistophéles dont le but est de lui prendre son âme. Faust, un scientifique qui doute, et qui au début de la pièce souhaite en finir, qui n'arrive plus à apprécier les joies simples. Faust, qui est une proie pour le diable. Mais qui est Faust ? c'est par cette question que commence le spectacle.
Le postulat de la mise en scène est que Stephen Hawkins incarnerait le Faust de notre temps. C'est en cela que le chanteur, ténor sur scène va être accompagné par un acteur jouant stephen hawkins, tout au long de la pièce. Il est présent presque tout du long sur scène avec Faust. Le chanteur joue Faust, Faust/Hawkins est sur scène avec lui. Il lui prête sa voix. Et à première vue, c'est troublant. Il m'a fallu du temps pour faire cet exercice mental.
Répondre à la question "qui est Faust" ? Quel ambitieux projet !
Proposer que Mephistophéles envoie Faust sur Mars. Laïciser la pièce ou en tout cas la placer dans certaines des problématiques de notre temps, où nos croyances sont au moins autant portées vers la sciences qu'avant on l'était vers la religion. L'époque expliquait le monde à travers le spectre du divin, aujourd'hui, c'est la science et l'espoir de la conquête spatiale. Alors l'actualisation utilise la science et l'oeuvre devient science-fiction. La science fiction à l'opéra : un mélange de genre auquel "on" ne s'attends pas, peut-être parce que souvent elle est classée en "sous culture", souvent mal vue, perçue comme du trop commercial, du pas sérieux. Et pourtant, que de grandes idées passent par le flux de la science fiction, en prenant aar exemple le très actuel 1984 de Orwell (pour ne citer que lui).
Donc avec la damnation de Faust, la science fiction entre à l'opéra, avec tambours et trompettes, et c'est excellent.
Les tableaux sont superbes, on rit avec le ballet ou lors de la scène des laborantins, on est émerveillé des jeux de lumière ou lors d'une des entrées de Méphistolphéles sur scène, on est époustouflé de voir le tournoiement du décor, on est intrigué par moment aussi.
L'émotion est là, la réflexion que le spectacle déclenche sur la place de la science aussi.
On retrouve la patte du metteur en scène que j'avais découvert lors du diptique de Barbe bleue/la voix humaine (merci les réductions pour les jeunes)
Conclure par la musique : le choeur des hommes est excellent, tout autant Méphistophéles, Faust et l'orchestre. L'acoustique
Allez y, c'est vraiment chouette.