L'intention de ne pas poster de billet était farouchement ancrée quand je me suis abonné il y a peu au journal. Par contre, je lisais les billets des autres. Cela était suffisant pour ma curiosité. Ému par le blog de la dame du bois joli, je lui ai dédié un haïku de Sumitaku Kenshin :
le corps cassé
toujours vivant
je traverse l’été
Ému parce que j’ai moi-même été mordu par un cancer qui m’a laissé… comment dire… infirme ! Pourquoi un haïku de Kenshin ? Parce que, né en 1961, il est mort vingt six ans plus tard d’une leucémie. Ainsi la petite quantité de haïkus qu’il a écrite se promène dans la cour d’un hôpital. Il parle de sa souffrance, de ces espérances, avec humour parfois :
Du morse dans la nuit—
Le vent
envoie un SOS
Kenshin est son prénom de plume ce qui signifie dévotion. De ce fait, on peut le confondre avec le héro d’une longue série de mangas. Non, physiquement, il n’aurait pas pu ! Son nom de naissance est Sumitaku Harumi. Harumi (beauté du printemps) est un prénom que l’on donne habituellement aux filles. Pourquoi je dis ça, moi ? Il a écrit sa propre épitaphe et elle n’est pas macabre, loin de là :
Les gouttes d'eau
une à une
sont de souriants
visages
Donc la dame du bois joli m’a en quelque sorte poussé à transgresser mon intention première. Mais que pourrais-je écrire de plus ou de mieux que ce qu’on trouve dans Wikipédia ? Je vous invite donc à butiner sur ce site plutôt qu’a lire le résultat de ma confusion.
Kenshin est connu et reconnu au Japon. Il l’est beaucoup moins en France. Mais on peut trouver plusieurs de ses poèmes dans deux anthologies parues dans la collection Poésie/Gallimard : Anthologie du poème court japonais et Le poème court japonais d’aujourd’hui, toutes deux compilées par Corinne Atlan et Zéno Bianu. Leur lecture est fortement recommandée.