je sais que je suis "fiché" depuis 1961, je le sais de source certaine. J'avais terminé les stages d'EOR (éléve officier de réserve) et je devais faire mon service militaire comme officier. Mais un lieutenant colonel m'a convoqué pour me dire que, si j'avais satisfait aux exigences de cette préparation militaire, ce qu'il avait sous les yeux m'empêchait de devenir officier: il avait mon "fiichier" ou un extrait de mon fichier. Et là il lisait que dans mon école j'avais pris la tête, en 1957, d'un comité "Algérie-Hongrie" qui demandait le départ de l'armée française d'Algérie en même temps que celui de l'armée rouge de Budapest. Quelle honte!
Ce comité avait bien du rassemler jusqu'à cinq membres, élèves de la même grande école que moi. Mais cela suffisait à établir que j'étais un mauvais esprit, anti colonialiste à coup sûr.Et si je n'étais pas communiste, j'étais "crypto" comme on disiat à l'époque.
Quarant sept ans plus tard, je ne sais toujours pas précisément ce que contient mon "fichier" qui j'imagine a grossi;.En mai 1968 on m'a vu encourager les étudiants de la faculté des sciences de Rennes à occuper les locaux, armé d'un porte voix. En 1978 on m'a vu effectuer une mystérieuse mission au Vietnam à peine sorti de la guerre et il ne manque pas de pays où je suis allé sans que l'on sache trop pourquoi faire. Je ne suis pas sûr que les activités de nature sexuelle aux quelles je me suis livré, tant avec ma femme légitime avec laquelle je vis toujours que sans elle, aient toujours été parfaitement orthodoxes, sans doute certaines ne seraient pas approuvées par l'Evêché, le sont elles par la police? Ont elles été jugées suffisamment dangereuses pour la sécurité de la nation pour être consignées dans mon fichier?
Mon agnosticisme affiché est il lui aussi consigné dans le dit fichier?
Et quel rôle ce fichier a-t-il joué dans ma carrière, aujourd'hui achevée : qui a eu accès à ce fichier, qui a pu y puiser des raisons de me nommer ou plutôt de ne pas me nommer ceci ou cela? Je n'en sais rien, je n'ai aucun moyen de le savoir.
tant que les intéressés n'auront pas accès à leur "fichier", qu'il soit Edvige, Christina ou autre, tant qu'il ne seront pas prévenus quand quelqu'un le consulte, tant qu'il ne pouuront pas contester la vérité et la pertinence de son contenu, il n'y aura pas de liberté véritable dans notre beau pays des droits de l'homme..