par Mohamed Amami, samedi 23 avril 2011, 14:40
Vos changements ont été enregistrés.
Salut Camarades
Je me réjouis ces jour-ci, car le processus d’unification que vous entamez me semble, pour une fois, réfléchit, conséquent et donc crédible.
La nébuleuse des watad est, depuis plus de trente ans, basée sur un potentiel social très important. Le nombre de leurs militants au sein de l'UGTT, l'UGET, les Avocats, les artistes de gauches, les jeunes précaires de toutes les régions et secteurs est le plus élevé parmi la gauche radicale tunisienne.
Mais jusqu’au déclenchement de la révolution, les Watad incarnaient les plus, l'état d’atomisation, de fragmentation et d'impuissance des forces de la gauche. Cette faiblesse découlait, non seulement de la répression qui s'est abattu sur la gauche depuis les années soixante du 20ème siècle, mais aussi de sa propre crise.
Une gauche qui restait accrochée à une attitude identitaire, passéiste et simpliste envers le processus et le programme révolutionnaires était incapable de se mettre à jour, de s'insérer dans sa propre réalité sociale, culturelle et politique.
En écoutant le discours actuel des porte-parole des courants watad, on remarque que la révolution leur a, réellement, beaucoup appris. Ils expriment une conscience claire de la dite crise, et une volonté réelle à la dépasser. Ils se permettent de critiquer les momies sacrées des formules stériles toutes faites, copiées/collées à partir d'expériences révolutionnaires émergées d'une autre ère historique, dans d'autres champs sociaux/culturels. Une telle émancipation culturelle va, enfin, permettre aux Watad à contribuer à penser la réalité spécifique dans la quelle nous agissons.
Il est clair que la stratégie étapiste reste dominante au sein des Watad. En effet, ils prônent l'unité large qui englobe, entre autres, les nationalistes, les démocrates libéraux et la partie des bourgeois non affiliés aux dynasties pilleuses avec en tête, celles de ZABA et de sa femme.
La seule perspective de cette coalition est de bâtir la "Nouvelle Tunisie" démocratique nationaliste anti-impérialiste. Les revendications sociales ne sont pas à l'ordre du jour. Les grévistes, les occupants des sphères publiques et des entreprises sont des perturbateurs. Leurs revendications peuvent attendre. L'heure est au règlement de la question du pouvoir central au sein de « la Haute Instance… », en consensus avec le régime en place.
Cette attitude emmène les Watad à cautionner Mbazzaa et à avaler le gouvernement de Sebssi et ses "technocrates" choisis parmi les hommes d'hombre de l'ancien régime. Ils contribuent à un consensus récupérateur de la révolution qu'ils souhaitent prolonger même après le 24 Juillet, date fixée pour l’élection de la constituante. Pour eux, les calculs partisans et électoralistes sont prioritaires.
La révolution sociale reste, par contre, non envisageable. Les structures d'auto organisation populaire autonomes qui peuvent agir contre le consensus et revendiquer une stratégie révolutionnaire démocratique et sociale, balayant l'ancien régime et installant son pouvoir élu du bas en haut, sont à craindre. Les Watad cherchent à les insérer dans leur perspective consensuelle tout en les contrôlant.
Une campagne de récupération des conseils populaires locaux et régionaux sous la tutelle du conseil national autoproclamé, est lancée par les partis de gauche dont les Watad. Cette campagne sème le dégoût et la lassitude au sein des jeunes révolutionnaires qui s'affrontent, non seulement à la répression assurée par le gouvernement protecteur de la révolution (!), mais aussi aux manoeuvres des récupérateurs de toutes sortes.
Sur ces questions on est encore loin d’être d’accords. Avec un parti Watad fort, structuré, ouvert, et surtout, démocrate, le débat peut être plus profond, systématique et efficace.
Je n'ai jamais été Watad; mais j'étais, toujours, convaincu que l'unification des Watad dans un parti politique est une nécessité absolue pour la gauche tunisienne. Va-t-on, enfin, avoir un parti de masse qui servira, au moins, à développer les convergences sur des valeurs et des aspirations communes de la gauche? Un parti qui contribuera à contrecarrer les tendances fortes de régression policière et/ou obscurantistes exacerbées depuis la révolution?
Un parti ouvert, démocrate et dynamique ne peut que dépasser les absurdités des conflits illusoires, et ouvrir la possibilité de développer un débat mûr et interactif sur les questions réelles qui nous opposent encore.
En attendant que nos rêves se réalisent, je tiens à vous féliciter et à vous dire : bonne continuation!
Camaraderies
Mohamed Amami
* Les Watad est une abréviation arabe du courant des Patriotes Démocrates, un courant d'origine maoiste divisé jusqu'à maintenant en 3 sensibilités dont deux sont structurées en partis (le Mouvement des Patriotes Démocrates (MPT) et le Parti du Travail Patriote Démocrate (PTPD))