Sangaré La question que doit se poser chaque africain : « A quoi servent nos armées ?»

En effet à la lumière des évènements de l’année 2011 :
- Crise postélectorale en Côte d’Ivoire
- Destitution du président Ben Ali en Tunisie
- Chute du régime du président Hosni Moubarak en Egypte
- Chute du régime du Colonel Kadhafi
A quoi ont servit les armées de chacun de ces pays ?
Les armées Africaines sont souvent utilisées contre le peuple
Regardons en face la réalité nos armées sont toujours utilisées non pas pour combattre des attaques venues de l’extérieur mais contre les populations civiles.
Nous ne cherchons pas à jeter le discrédit sur les Militaires!
Mais force est de constater que les armées africaines ont le paradoxal destin de se retourner contre ceux et celles qu’elles sont sensées défendre !
On pourra à raison nous répondre que ce n’est pas l’armée qui est responsable mais plutôt les hommes et femmes politiques qui les engagent dans leur dramatique tentative de garder le pouvoir… C’est vrai : un couteau seul ne peut pas tuer… C’est celui qui le tient qui le peut.
Mais ce constat « moralisateur » et discutable, n’est pas le seul qui nous a amenés à cette proposition.
L’efficacité relative de nos armements
Quatre à cinq hélicos de combats européens suffisent à anéantir pour la plupart de nos pays africains, nos armements… Personne ne pourra nous contredire là-dessus. Alors à quoi cela sert’ il de d’acheter des armes lourdes? Nos avions de combat, nos chars et autres font minables au regard de ceux des pays plus industrialisés ? Alors regardons en face la réalité : à part donner une fausse impression de force, les armes lourdes dont nous disposons ont une efficacité très limitée en cas de conflit de grande envergure. Mais contre qui pensons les utiliser ? Si nous nous plaçons dans chaque pays et jetons un regard aux frontières… Peut-on imaginer voire accepter dans ce 21e siècle un conflit armé avec nos voisins ?
Personne n’y a intérêt. Alors à quoi cela nous serviront nos armes lourdes ?
Coût économique des armées
Combien coûte à chaque contribuable l’armée de son pays ?
Nous sommes certains que dans nos pays africains, cette question n’est jamais abordée…
Nous devinons que le coût n’est pas négligeable en mis en rapport avec d’autres secteurs de la vie de la société (santé, éducation…).
Mais quelles sont les obligations de nos dirigeants ?
A notre sens, c’est de faciliter à travers leur politique le remplissage des besoins fondamentaux de l’humain l’accès à:
- la nourriture
- la santé
- l’habitat
- l’éducation
- la culture et les loisirs
- la sécurité…physique
Nous plaçons à dessein la sécurité en dernier mais en réalité elle est transverse. Nous ne versons pas dans l’angélisme criminel qui consiste à dire la sécurité n’a pas d’importance et que seuls comptent les autres besoins.
Conscients nous sommes, de la nécessité d’assurer la sécurité des populations d’un point de vue physique :
« L’homme qui est mort ne mange pas… »
Mais la question que nous nous posons : est ce que cette sécurité physique ne peut pas s’aborder différemment et comment optimiser son coût ?
Nous avons précédemment donné notre point de vue sur l’efficacité très relative de nos armements [lourds].
Nous avons aussi parlé de « l’improbabilité » des conflits transfrontaliers (nous ne méconnaissons les rares cas actuellement en cours…).
Nous avions commencé notre propos par le fait que nos armées finissent par se retourner cotre les populations qu’elles doivent protéger.
Ces trois points nous amènent à la proposition suivante :
Réorientons les forces armées vers de nouvelles missions à savoir:
- la protection civile
- le développement économique
La Protection Civile et la privatisation des services de défense
La Protection Civile
La première proposition consisterait à réorienter une partie des militaires vers la police, la douane et la gendarmerie.
La gendarmerie pour le coup sera renommée en « Protection Civile » et assumerait pleinement son rôle jusqu’ici ambigu de « civil-militaire ».
La proposition de changer son nom n’est pas une coquetterie intellectuelle mais une façon de mettre en avant sa fonction de protection des populations cela étant sa fonction que nous désignons par « civile ». Son rôle militaire sera rempli par des « missions lourdes » type protection des frontières… Paradoxal ? Non.
Nous ne sommes pas naïfs au point de penser ou de tenter de faire croire que rien ne passe aux frontières. A la différence que ce ne sera pas lourdement armée qu’elle remplirait ces missions
Et, Qui devra « être lourdement » armé en cas de … cas ?
C’est là que nous proposons « la privatisation des armées ».
Ouh ! Les fous !Privatiser l’armée ? Et puis quoi encore ?
Aussi iconoclaste qu’elle puisse paraître cette proposition n’est pas aussi absurde qu’elle en a l’apparence.
Notre argument principal est que puisque nous ne pouvons pas atteindre avec nos moyens économiques actuels un niveau suffisant pour acquérir un armement « digne de ce nom » autant nous servir de celui des pays qui en ont.
Pour notre défense nous ouvrirons des appels d’offres auprès des pays démocratiques qui ont passé une partie de leur temps à s’équiper.
Ces appels d’offres ne devront se faire que sous la responsabilité des parlements et des gouvernements.
Ces pays fournisseurs devront faire partie d’une liste sous la responsabilité des Nations Unies. Les pays fournisseurs s’engageraient à ne pas mener d’action de nature à nuire au « pays-client ». D’innombrables précautions juridiques devront être prises pour garantir le fonctionnement du système.
Cette approche aurait l’avantage de clarifier la position de certaines armées occidentales aujourd’hui installées dans nos pays, au fonctionnement actuellement opaque et échappant à la compréhension des peuples « hôtes ».
Les citoyens pourront savoir combien nous coûte l’effort de défense et cet effort pourrait être utilisé comme une variable d’ajustement…économique. Dans des périodes de calme relatif, les assemblées nationales pourraient demander de réduire les effectifs etc… Nous laissons aux économistes le soin d’imaginer les scenarii possibles.
Des clauses de rupture de contrat et de renouvellement des offres seront prévues.
Le chef de l’état serait le garant du respect de ce contrat et un ministre de la défense serait sa Maîtrise d’ouvrage face à l’Assemblée Nationale.
Une « armée civile » au service du développement économique
Conserver le noble esprit de l’armée :
Servir et défendre les intérêts de son pays et de son peuple dans la discipline.
Nous n’appelons pas à fermer les casernes militaires (pour l’instant…lol).
Mais après avoir réaffecté une partie des effectifs des armées actuelles vers les corps précités (police, douane et « Protection civile »), le gros des troupes actuels devra être recyclé en « soldat de la force économique et social ».
Mise en place d’un Service National Civique non armé :
Les jeunes gens (hommes et femmes) atteignant leur majorité peuvent prendre part à un service civique national qui n’aurait pas pour but de leur enseigner le maniement des armes mais plutôt à consacrer du temps pour le développement de leur pays. Une formation aux principes du respect des droits humains, des valeurs républicaines et de la non-violence devra faire partie de ce service National
Notre souhait est le développemment économique de l’Afrique.
Nos pays sont en retard car plusieurs secteurs sont en friche et non assez pourvus en matière grise et en main d’œuvre.
Plutôt que d’armer nos jeunesses, donnons leur des formations dans les secteurs les plus urgents pour notre développement économique : la lutte contre l’insalubrité, la construction des routes (surtout des chemins de fer…) , la santé etc.
Les hiérarchies et le mode gestion de cette « armée civile » pourraient dans un premier temps respecter les hiérarchies militaires actuelles…Ou alors inventer une organisation plus efficiente.
Non, nous ne militons pas pour une « émasculation » de nos pays si tant est qu’un pays est de sexe masculin…
Nous avons une haute idée du sens de dévouement de la majorité des personnels militaires.
Cependant, nous estimons que maintenir des générations entières de jeunes gens (souvent très dévoués) dans des casernes au nom d’ « hypothétiques » guerres (rêvées que par des psychopathes notoires) n’est pas justifié en l’état actuel de nos besoins économiques et sociaux.
L’Afrique a besoin de rattraper son retard de développement humain : toutes ses forces doivent être mobilisées dans les deux décennies à venir dans ce but.
Sans une politique volontariste non militarisée cela nous prendra plus de temps.
Les armes lourdes sont des luxes de riches. Bannissons leur achat, des mines anti-personnelles etc.
Les efforts d’équipement armé ne devraient porter que sur la protection des citoyens : police, douane et protection civile.

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