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Billet de blog 19 décembre 2024

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L'islam, incompatible avec la République ? Parallèle avec le judaïsme

Analyse historico-théologique et parallèle avec le judaïsme.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Introduction

« L’Islam est incompatible avec la République, car la France, c’est : Liberté, Egalité, Fraternité. L’islam, c’est soumission, inégalité et fraternité dans la oummah, c’est-à-dire entre musulmans ».

Dans cet extrait, Eric Zemmour tente d’expliquer, selon lui, les raisons pour lesquelles l’islam est incompatible avec la République, donc avec la France. Le polémiste s’explique en faisant un parallélisme fallacieux entre le slogan (qui n’est qu’un slogan, comme nous le verrons) « Liberté, Egalité, Fraternité[1] » et l’islam, qui se résumerait à la triptyque « Soumission, inégalité et fraternité musulmane ». Sans faire référence à la devise que nous allons analyser dans un court instant, il ne serait pas superflu de préciser qu’Éric Zemmour n’invente rien dans sa citation, puisque ce dernier ne fait que du réchauffé d’une pensée qui date de l’ère coloniale. En effet, lors de la présence française en Algérie, l’administration exprimait, déjà, l’incompatibilité entre les citoyens musulmans et la citoyenneté française, eu égard à leur appartenance à l’islam. Grosso modo, pour qu’un « indigène » puisse jouir de la citoyenneté française, celui-ci ne doit pas être un adepte de la religion musulmane. Cette dichotomie irrévocable entre l’islam et la nationalité française poussa un petit nombre d’algérien musulmans à renier leur foi d’origine et à se convertir au catholicisme. Pourtant, cela n’était pas suffisant, puisque, en 1903, la Cour administrative d’Alger dû préciser que le terme « musulman » ne faisait pas référence uniquement aux « indigènes » qui croyaient en Allah et en son Messager, mais également à tous ceux qui étaient « d’origine musulmane »[2]. Ainsi, la foi des algériens n’était qu’un prétexte au rejet des indigènes à accéder à la citoyenneté française.

Quoi qu’il en fut, il y a plusieurs chose à répondre aux propos d’Eric Zemmour. Nous allons commencer par l’aspect purement théorique en  décortiquant le slogan et en analysant ses racines.

  1. « Liberté, Egalité, Fraternité ». Les origines d’un slogan et parallèle avec l’islam

Alors qu'il cherchait à démontrer l'incompatibilité de l'islam avec la France en opposant le slogan « Liberté, Égalité, Fraternité » à une triptyque fallacieuse issue de son imagination de sophiste, « soumission, inégalité et fraternité dans la oumma (communauté islamique) », Éric Zemmour a, inconsciemment, fait exactement le contraire, comme nous le démontrerons factuellement dans les pages suivantes. Notre polémiste favori tente de convaincre le grand public que le slogan républicain « Liberté, Égalité, Fraternité » implique une liberté, une égalité et une fraternité totales entre tous les citoyens français. Ceci est erroné d'un point de vue de l'origine de cette devise ainsi que de son application pratique.

Le slogan « Liberté, Égalité, Fraternité », présent dans l'article 2 de la Constitution française du 4 octobre 1958 et dans l'article 4 de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987, signifie, en théorie, que tous les Français seraient libres, égaux et fraternels. Toutefois, au-delà de cette formule, qui peut sembler belle sur le papier, il est important d'en comprendre le concept pour pouvoir l'analyser. En effet, chacun des mots composant ce slogan mérite une explication de texte. Mais pour bien saisir de quoi il s'agit, un retour dans l'histoire est nécessaire.

  • « Liberté » : Une liberté limité et encadrée

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 est un texte fondamental de la Révolution française qui énonce un ensemble de droits naturels, à la fois individuels et communs, ainsi que les conditions de leur mise en œuvre. Ses derniers articles ont été adoptés le 26 août 1789. La Déclaration est l'un des trois textes mentionnés dans le préambule de la Constitution française du 4 octobre 1958. Sa valeur constitutionnelle est reconnue par le Conseil constitutionnel depuis 19719. Ses dispositions font donc partie du droit positif français et se situent au plus haut niveau de la hiérarchie des normes en France.

Quant aux articles quatre et cinq de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ils décrivent la liberté de la manière suivante :

« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »[3]

« La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas. »[4]

Selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la liberté est donc (fort logiquement) une liberté restreinte par la Loi, puisqu'elle est conditionnée par le fait de ne pas être nuisible à autrui. Ainsi, la liberté est une liberté partielle, puisqu’elle est encadrée par la Loi. Un individu n’est pas libre de s’approprier quelque chose qui ne lui appartient pas, car cela nuirait au propriétaire de cette chose. De manière identique, une personne n’a pas la liberté de frapper quelqu’un, puisque la violence est quelque chose de nuisible. Autrement dit, dans ce cadre-là, la liberté est une liberté limitée.

 Contrairement à ce qu’a l’air de penser Eric Zemmour, le concept de la liberté en islam n’est pas très différent de celui du slogan républicain. En effet, en islam, la notion de liberté est plus complexe que ce que laisse croire le polémiste. La liberté dans la religion musulmane est basée sur les enseignements du Coran et les Hadiths (paroles et actions du Prophète Mohammed). L'Islam considère la liberté comme un droit fondamental, mais cette liberté est encadrée par des responsabilités envers Dieu et envers la société. Voici quelques points importants pour comprendre la conception de la liberté en Islam :

 La liberté de choix : L'Islam enseigne que chaque individu est libre de choisir sa foi et ses actions. Le Coran affirme dans plusieurs versets le principe de la liberté de choix, par exemple : "Que celui veuille donc croire, et que celui veuille donc désobéir" (Coran, 18:29). Cela signifie que Dieu a accordé aux êtres humains la liberté de choisir leur croyance et leurs actions, mais ils sont responsables de leurs choix devant Lui.

 La liberté de religion : L'Islam garantit la liberté de religion. Le Coran stipule : "Nulle contrainte en religion" (Coran, 2:256). Cela signifie que personne ne peut être forcé à adopter l'Islam ou une autre religion. Chacun est libre de suivre sa propre foi.

 Responsabilité individuelle : En Islam, la liberté s'accompagne de la responsabilité individuelle. Les êtres humains sont responsables de leurs actions devant Dieu. Le Coran souligne que chaque âme sera rétribuée en fonction de ses actes : "Et chacun sera rétribué pour ce qu'il a fait" (Coran, 45:28).

 Bien entendu, en Islam, la liberté s'accompagne de la responsabilité individuelle. Les êtres humains sont responsables de leurs actions devant Dieu, et ils devront assumer les conséquences de leurs actes, bons ou mauvais. Le Coran souligne que chaque âme sera rétribuée en fonction de ses actes : "Et chacun sera rétribué pour ce qu'il a fait" (Coran, 45:28). Bien que l'Islam accorde une certaine liberté individuelle, il y a des limites morales à respecter. Les actions qui nuisent à autrui ou à la société sont interdites, tout comme dans la constitution républicaine. Par exemple, la diffamation, le vol, le mensonge et d'autres actes immoraux sont prohibés. En Islam, la Loi est la charia, un ensemble de lois et de principes qui régissent la vie des musulmans. Elle est basée sur le Coran et les Hadiths. La charia établit des règles sur la moralité, la justice, la famille, la finance, etc. Elle vise à préserver les droits et les libertés des individus tout en maintenant l'ordre et la justice dans la société.

 En résumé, la liberté républicaine est analogue à la liberté islamique : dans les deux cas, les individus sont libres tant qu’ils ne nuisent pas à leurs prochains ni à la société. Cela est tout à fait normal, puisque, rappelons-le, la notion de liberté totale, c'est-à-dire l'absence totale de contraintes ou de règles, peut conduire à l'anarchie et au chaos dans une société. Les lois sont en place pour protéger les droits et les libertés fondamentales de tous les membres de la société. Par exemple, la loi protège le droit à la vie, à la propriété, à la sécurité et à la dignité. En ce sens, la liberté individuelle doit être équilibrée avec les besoins et les droits de la société dans son ensemble. Cela signifie que la liberté est souvent limitée dans certaines situations pour préserver le bien-être commun et les droits de chacun. Cette limitation de la liberté individuelle est souvent nécessaire pour maintenir l'ordre social et la justice.

 Donc, la liberté est souvent considérée comme une liberté partielle dans le sens où elle est encadrée par des lois et des règles. Cependant, ces limitations sont généralement justifiées par la nécessité de préserver les droits et les libertés de l'ensemble de la société. La liberté totale, sans aucune restriction, peut conduire à l'oppression et à l'injustice, et c'est pourquoi il est important d'établir des limites pour garantir un équilibre entre la liberté individuelle et le bien-être commun.

  • « Egalité » : Une égalité circonstanciée

Dans le premier article de la  Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, nous pouvons lire :

 « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »[5]

 Le mot « égalité » signifie ainsi que la loi doit être la même pour tous, sans distinction de naissance ou de condition. L'égalité est un principe du droit selon lequel le législateur a le devoir d'assurer l'égalité des droits entre citoyens.  Le Conseil constitutionnel a néanmoins assoupli ce principe en admettant des modulations lorsque celles-ci reposent sur des critères objectifs et rationnels au regard de l'objectif recherché par le législateur et que cet objectif n'est lui-même ni contraire à la Constitution, ni entaché d'une erreur manifeste d'appréciation.

 Pourtant, de la même manière que dans le cas de la liberté, l’égalité n’est pas une égalité qui serait pleine et entière, puisque celle-ci peut être soumises à quelques dérogations. En fait, théoriquement, l’égalité pleine ne concerne que :

  1. Les droits politiques (l’électorat et l’éligibilité) :

Dans ce domaine, les seules différenciations admises par la Constitution de 1958 (art. 3) touchent à l'âge, à la possession des moyens intellectuels ou à certaines condamnations, car il s'agit de matières dans lesquelles la Constitution prohibe toute discrimination. Pour le reste, la loi doit être " aveugle " à des caractéristiques comme le sexe, la religion, la race etc... Cela a été expressément énoncé par le Conseil constitutionnel en 1982 à propos des " quotas de femmes " sur les listes municipales. Sauf révision constitutionnelle (elle est justement intervenue en juillet 1999), aucune discrimination, ni négative bien sûr, ni même positive n'est admise par le Conseil. Dans le même esprit, le Conseil a rappelé que chaque parlementaire était l'élu de la Nation tout entière et non le délégué de la population de sa circonscription, a regardé comme inconstitutionnels la notion de peuple corse ou le principe selon lequel les locuteurs de langues minoritaires pouvaient constituer un groupe disposant de droits collectifs, enfin a assorti de réserves différents dispositifs tendant à instaurer[6] des discriminations en faveur de certains citoyens de Nouvelle-Calédonie.

  1. Le droit pénal

Dans d'autres domaines, comme la loi pénale et la procédure pénale, le principe d'égalité, sans être aussi absolu, est appliqué rigoureusement. Ainsi, la jurisprudence du Conseil n'admet qu'avec beaucoup de réticences l'affaiblissement des garanties de procédure pénale même dans une matière comme la lutte contre le terrorisme (garde à vue : 1993 ; perquisitions de nuit : 1997)[7].

 Par contre, le Conseil constitutionnel rappel lui-même que : « le principe d'égalité commande, dans d'autres domaines, des modulations en fonction de certaines caractéristiques .»[8]

 Cela signifie donc que, même en théorie, l’égalité n’est pas absolue hors des droits politiques et du droit pénal.  Par exemple, l'article 6 de la Déclaration de 1789 indique :

 « L'accès aux places et emplois publics " est ouvert à tous les citoyens " selon leurs capacités et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».

 Pis, le Conseil constitutionnel explique que :

 « Dans les domaines qui ne sont ni ceux où toute différence de traitement est interdite, ni ceux où un certain type de différenciation est exigé́, c'est-à-dire dans la plupart des cas, le Conseil accepte les différences de traitement dans les conditions rappelés par un " considérant de principe " qu'il ne manque jamais de rappeler. »[9]

 « Le principe d'égalité ne s'oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes, ni à ce qu'il déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt général, pourvu que, dans l'un l'autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en rapport avec l'objet de la loi qui l'établit ».[10]

 Nous venons de voir, donc, que l’égalité de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 n’est pas absolue et qu’elle peut être dérogé dans certaines situations qui le nécessitent. 

  • « Fraternité » : Une fraternité communautaire

 Cette partie de la triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité » sera la plus intéressante à décortiquer, car elle révélera précisément les lacunes d’Eric Zemmour. Pour ne pas perdre le fil, rappelons que le polémiste a décidé d’opposer le slogan républicain : « Liberté, Égalité, Fraternité » à une formule qu’il a inventée en référence à l’islam : « Soumission, inégalité, fraternité dans la oummah (communauté islamique) ». Si nous avons vu plus haut que la « liberté » républicaine ne diffère pas de la liberté islamique, les deux étant limitées par des principes moraux encadrés par une Loi, de même que l’égalité française (républicaine) n’est nullement absolue, la fraternité républicaine ne concernait (dans ses origines) pas tous les Français, mais seulement une partie bien précise ; de plus, l’une de ses autres « formes » est religieuse, tout comme en islam.

 Tout d’abord, le concept de « fraternité » appartient bien plus à la sphère des obligations morales plutôt qu’au droit, et est surtout lié à des relations plutôt qu'au statut légal, à l’harmonie plutôt qu'au contrat, et à la communauté (nous allons voir de quelles communautés il s’agit) plutôt qu'à l’individu. Il existe d'ailleurs plusieurs interprétations : la première, selon l’historienne française Mona Ozouf, est la « fraternité de rébellion », incarnée lors du serment du Jeu de paume, en juin 1789, par l’union des députés qui décidèrent de braver l’ordre de dispersion du roi Louis XVI : « Nous faisons serment solennel de ne jamais nous séparer, et de nous rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides ». En effet, l’article II de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (prononcée dans la foulée de cet événement) mentionne le droit de résistance à l’oppression comme l’un des quatre droits fondamentaux (avec la liberté, la propriété, et la sûreté). La « fraternité » était donc née de l'aspiration à la liberté, et dirigée par une cause commune par un groupe de révolutionnaires dissidents, et non par le peuple français dans sa globalité. Les Français non-révolutionnaires n’entraient, ainsi, aucunement dans le cadre de cette « fraternité ».

 Ce qui est encore plus intéressant, c’est de savoir qu’une autre forme de fraternité était celle professée par l'Église, mêlant le lien très humain au religieux, par la fraternité. Dans ce second sens, la fraternité précédait à la fois la liberté et l’égalité, au lieu de les suivre comme dans le premier sens. Ainsi, deux sens pouvaient être donnés au mot fraternité : l’un, suivant les notions de liberté et d’égalité, était l’objet d’un pacte libre ; alors que l’autre précédait ces deux notions comme la marque du divin. Par ailleurs, la fraternité fut aussi définie dans la Déclaration des droits et des devoirs de l'homme et du citoyen de 1795, figurant en tête de la Constitution de l'an III : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir. »

 Selon Michel Borgetto, pendant la Révolution française, « la fraternité avait pleine vocation à embrasser tous ceux qui, français mais aussi étrangers, luttaient pour l’avènement ou le maintien de la liberté et de l’égalité ».[11] Cela signifie donc, par définition, que les Français et les étrangers qui ne s’inscrivaient pas dans la lutte pour la révolution n’étaient pas « embrassé » par cette « fraternité ».  En d’autres termes, cette fraternité était communautaire et ne concernait que ceux qui partageaient les idées politiques des révolutionnaires ; les autres étaient exclus de ce lien fraternel.

 Lorsqu’Eric Zemmour tente d’exclure l’islam de la République pour des raisons de « fraternité communautaire » qu’il oppose à la « fraternité républicaine », il ne se rend pas compte qu’en réalité, il ne fait qu’affirmer que la fraternité islamique est, par essence, analogue à la fraternité républicaine, puisque ces dernières se ressemblent dans leurs caractères. Si la fraternité islamique est exclusive aux membres de la communauté musulmane, la fraternité républicaine est exclusive aux révolutionnaires. De même, si la fraternité islamique est religieuse, l’une des occurrences de la fraternité française a une essence religieuse, comme l’explique l’historienne Mona Ozouf

 Il est facile de s’en rendre compte avec le schéma suivant :

 Liberté islamique

Liberté limité et encadré par la loi française

Liberté française

Liberté limité et encadré par la loi islamique

Egalité islamique

Egalite circonstanciée

Egalité française

Egalité circonstanciée

Fraternité islamique

Fraternité communautaire et exclusive aux musulmans

Fraternité française

Fraternité communautaire et exclusive aux Révolutionnaires

  Il serait intéressant de rappeler à Eric Zemmour qu’avant de condamner l’islam et d’exclure cette religion du champ de la République[12] , il devrait commencer par exclure sa propre religion (et donc s’autoexclure de la République), puisque le judaïsme répond précisément à son triptyque « Soumission, inégalité et fraternité juive ». Démonstration.

 Fraternité communautaire judaïsme

 Nous nous sommes spécialisés dans cette approche, presque en en faisant un fil conducteur pour cet ouvrage, et le lecteur n’aura pas manqué de le remarquer ; nous allons montrer que ce qu’Eric Zemmour reproche à l’islam (que ces reproches soient véridiques ou fallacieux) peut être appliqué à sa propre religion. Justement, en ce qui concerne la « fraternité islamique » pointée du doigt par notre polémiste, il serait tout sauf difficile de prouver que le judaïsme professé par Zemmour est au moins aussi exigeant en termes de « fraternité » entre les juifs que le Coran peut l’être concernant cette « fraternité » entre les musulmans. Dans le Lévitique, l’Éternel dicta à Moïse les lois qu’il devait répéter aux enfants d’Israël ; parmi ces lois, plusieurs font référence à une solidarité entre le peuple juif (le terme « frère » dans le texte fait référence à une fraternité ethnique, et non à une fraternité de sang), en opposition avec les étrangers (les non-juifs) :

 « Eux, vous pourrez les asservir, mais vos frères, les fils d’Israël, personne chez toi ne dominera son frère avec brutalité ».

 Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur; tu auras soin de reprendre ton prochain, mais tu ne te chargeras point d'un péché à cause de lui.

 Si vous vendez à votre prochain, ou si vous achetez de votre prochain, qu'aucun de vous ne trompe son frère.

 Si ton frère devient pauvre et vend une portion de sa propriété, celui qui a le droit de rachat, son plus proche parent, viendra et rachètera ce qu'a vendu son frère.

 Si ton frère devient pauvre, et que sa main fléchisse près de toi, tu le soutiendras; tu feras de même pour celui qui est étranger et qui demeure dans le pays, afin qu'il vive avec toi. Tu ne tireras de lui ni intérêt ni usure, tu craindras ton Dieu, et ton frère vivra avec toi.

 Si ton frère devient pauvre près de toi, et qu'il se vende à toi, tu ne lui imposeras point le travail d'un esclave.

Vous les laisserez en héritage à vos enfants après vous, comme une propriété; vous les garderez comme esclaves à perpétuité. Mais à l'égard de vos frères, les enfants d'Israël, aucun de vous ne dominera avec dureté sur son frère.

 Si un étranger, si celui qui demeure chez toi devient riche, et que ton frère devienne pauvre près de lui et se vende à l'étranger qui demeure chez toi ou à quelqu'un de la famille de l'étranger, il y aura pour lui le droit de rachat, après qu'il se sera vendu: un de ses frères pourra le racheter.

 Voici quelques  autres versets de la Torah que devrait lire Eric Zemmour :

 Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pour rien de ce qui se prête à intérêt. Tu pourras tirer un intérêt de l'étranger, mais tu n'en tireras point de ton frère, afin que l'Éternel, ton Dieu, te bénisse dans tout ce que tu entreprendras au pays dont tu vas entrer en possession.[13]

 « Tu pourras presser l'étranger; mais tu te relâcheras de ton droit pour ce qui t'appartiendra chez ton frère. »[14]

 « S'il y a chez toi quelque indigent d'entre tes frères, dans l'une de tes portes, au pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, tu n'endurciras point ton cœur et tu ne fermeras point ta main devant ton frère indigent. »[15]

 « Si tu prêtes de l'argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne seras point à son égard comme un créancier, tu n'exigeras de lui point d'intérêt »[16].

 « Lorsque tu seras entré dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras: Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m'entourent, tu mettras sur toi un roi que choisira l'Éternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère. »[17]

 Tu me délivres des dissensions de mon peuple; Tu me conserves pour chef des nations; Un peuple que je ne connaissais pas m'est asservi. Les fils de l'étranger me flattent, Ils m'obéissent au premier ordre. Les fils de l'étranger sont en défaillance, Ils tremblent hors de leurs forteresses. Vive l'Éternel est vivant, et béni soit mon rocher!

 « Des étrangers seront là et feront paître vos troupeaux, Des fils de l'étranger seront vos laboureurs et vos vignerons. »

 « Ton esclave ou ta servante, que tu veux avoir en propre, doit provenir des peuples qui vous entourent; à ceux-là vous pouvez acheter esclaves et servantes. Vous pourrez en acheter encore parmi les enfants des étrangers qui viennent s'établir chez vous, et parmi leurs familles qui sont avec vous, qu'ils ont engendrées dans votre pays: ils pourront devenir votre propriété. Vous pourrez les léguer à vos enfants pour qu'ils en prennent possession après vous, et les traiter perpétuellement en esclaves; mais sur vos frères les enfants d'Israël un frère sur un autre! Tu n'exerceras point sur eux une domination rigoureuse. »[18]

 « Ton esclave ou ta servante, que tu veux avoir en propre, doit provenir des peuples qui vous entourent; à ceux-là vous pouvez acheter esclaves et servantes. Vous pourrez en acheter encore parmi les enfants des étrangers qui viennent s'établir chez vous, et parmi leurs familles qui sont avec vous, qu'ils ont engendrées dans votre pays: ils pourront devenir votre propriété. Vous pourrez les léguer à vos enfants pour qu'ils en prennent possession après vous, et les traiter perpétuellement en esclaves; mais sur vos frères les enfants d'Israël un frère sur un autre! Tu n'exerceras point sur eux une domination rigoureuse. »[19]

 « L'Éternel dit à Moïse et à Aaron: Voici une ordonnance au sujet de la Pâque: Aucun étranger n'en mangera. Quant à l'esclave acheté à prix d'argent, circoncis-le, alors il pourra en manger. L'habitant et le mercenaire étrangers n’en mangeront point. (..) Si un étranger, habite avec toi et veut célébrer la pâque du Seigneur, que tout mâle qui lui appartient soit circoncis, il sera alors admis à la célébrer et deviendra l'égal de l'indigène; mais nul incirconcis n'en mangera. »[20]

 « Si un étranger en séjour chez toi veut faire la Pâque de l'Éternel, tout mâle de sa maison devra être circoncis; alors il s'approchera pour la faire, et il sera comme l'indigène; mais aucun incirconcis n'en mangera. »[21]

 « Ils mangeront ainsi ce qui aura servi d'expiation afin qu'ils fussent consacrés et sanctifiés; nul étranger n'en mangera, car ce sont des choses saintes. »[22]

 « Aucun étranger ne mangera des choses saintes; celui qui demeure chez un sacrificateur et le mercenaire ne mangeront point des choses saintes. »[23]

 « La fille d'un sacrificateur, mariée à un étranger, ne mangera point des choses saintes offertes par élévation. Mais la fille d'un sacrificateur qui sera veuve ou répudiée, sans avoir d'enfants, et qui retournera dans la maison de son père comme dans sa jeunesse, pourra manger de la nourriture de son père. Aucun étranger n'en mangera. »[24]

 « C'est un souvenir pour les enfants d'Israël, afin qu'aucun étranger à la race d'Aaron ne s'approche pour offrir du parfum devant l'Éternel et ne soit comme Koré et comme sa troupe, selon ce que l'Éternel avait déclaré par Moïse. »[25]

 « L'Éternel dit à Aaron: Toi et tes fils, et la maison de ton père avec toi, vous porterez la peine des iniquités commises dans le sanctuaire; toi et tes fils avec toi, vous porterez la peine des iniquités commises dans l'exercice de votre sacerdoce. Fais aussi approcher de toi tes frères, la tribu de Lévi, la tribu de ton père, afin qu'ils te soient attachés et qu'ils te servent, lorsque toi, et tes fils avec toi, vous serez devant la tente du témoignage. Ils observeront ce que tu leur ordonneras et ce qui concerne toute la tente; mais ils ne s'approcheront ni des ustensiles du sanctuaire, ni de l'autel, de peur que vous ne mouriez, eux et vous. Ils te seront attachés, et ils observeront ce qui concerne la tente d'assignation pour tout le service de la tente. Aucun étranger n'approchera de vous. Vous observerez ce qui concerne le sanctuaire et l'autel, afin qu'il n'y ait plus de colère contre les enfants d'Israël. »[26]

 « Vous ne mangerez d'aucune bête morte; tu la donneras à l'étranger qui sera dans tes portes, afin qu'il la mange, ou tu la vendras à un étranger; car tu es un peuple saint pour l'Éternel, ton Dieu. Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère. »[27]

 « Tu mettras sur toi un roi que choisira l'Éternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère. »[28]

 « Lorsque des frères demeureront ensemble, et que l'un d'eux mourra sans laisser de fils, la femme du défunt ne se mariera point au dehors avec un étranger, mais son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme, et l'épousera comme beau-frère. »[29]

 « …parce qu'ils n'étaient pas venus au-devant des enfants d'Israël avec du pain et de l'eau, et parce qu'ils avaient appelé contre eux à prix d'argent Balaam pour qu'il les maudît; mais notre Dieu changea la malédiction en bénédiction. Lorsqu'on eut entendu la loi, on sépara d'Israël tous les étrangers. »[30]

 « J'ordonnai aussi aux Lévites de se purifier et de venir garder les portes pour sanctifier le jour du sabbat. Souviens-toi de moi, ô mon Dieu, à cause de cela, et protège-moi selon ta grande miséricorde! A cette même époque, je vis des Juifs qui avaient pris des femmes asdodiennes, ammonites, moabites. La moitié de leurs fils parlaient l'asdodien, et ne savaient pas parler le juif; ils ne connaissaient que la langue de tel ou tel peuple. Je leur fis des réprimandes, et je les maudis; j'en frappai quelques-uns, je leur arrachai les cheveux, et je les fis jurer au nom de Dieu, en disant: Vous ne donnerez pas vos filles à leurs fils, et vous ne prendrez leurs filles ni pour vos fils ni pour vous. N'est-ce pas en cela qu'a péché Salomon, roi d'Israël? Il n'y avait point de roi semblable à lui parmi la multitude des nations, il était aimé de son Dieu, et Dieu l'avait établi roi sur tout Israël; néanmoins, les femmes étrangères l'entraînèrent aussi dans le péché. Faut-il donc apprendre à votre sujet que vous commettez un aussi grand crime et que vous péchez contre notre Dieu en prenant des femmes étrangères? Un des fils de Jojada, fils d'Éliaschib, le souverain sacrificateur, était gendre de Sanballat, le Horonite. Je le chassai loin de moi. Souviens-toi d'eux, ô mon Dieu, car ils ont souillé le sacerdoce et l'alliance contractée par les sacrificateurs et les Lévites. Je les purifiai de tout étranger, et je remis en vigueur ce que devaient observer les sacrificateurs et les Lévites, chacun dans sa fonction.[31] »

 « Qui suivent des sentiers détournés, Et qui prennent des routes tortueuses; Pour te délivrer de la femme étrangère, De l'étrangère qui emploie des paroles doucereuses. »[32]

 « La bouche des étrangères est une fosse profonde; Celui contre qui l'Éternel est irrité y tombera. La folie est attachée au cœur de l'enfant; La verge de la correction l'éloignera de lui. »[33]

 « Vous avez introduit dans mon sanctuaire des étrangers incirconcis de cœur et incirconcis de chair, pour profaner ma maison; vous avez offert mon pain, la graisse et le sang à toutes vos abominations, vous avez rompu mon alliance.

8 Vous n'avez pas fait le service de mon sanctuaire, mais vous les avez mis à votre place pour faire le service dans mon sanctuaire. Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Aucun étranger, incirconcis de cœur et incirconcis de chair, n'entrera dans mon sanctuaire, aucun des étrangers qui seront au milieu des enfants d'Israël. »[34]

 « Et vous saurez que je suis l'Éternel, votre Dieu, Résidant à Sion, ma sainte montagne. Jérusalem sera sainte, Et les étrangers n'y passeront plus. »[35]

 « Le jour où tu te tenais en face de lui, Le jour où des étrangers emmenaient captive son armée, Où des étrangers entraient dans ses portes, Et jetaient le sort sur Jérusalem, Toi aussi tu étais comme l'un d'eux. »[36]

 « Au jour du sacrifice de l'Éternel, Je châtierai les princes et les fils du roi, Et tous ceux qui portent des vêtements étrangers. »[37]

 « Il a dit: Je leur cacherai ma face, Je verrai quelle sera leur fin; Car c'est une race perverse, Ce sont des enfants infidèles. »[38]

 « Toi, Éternel, Dieu des armées, Dieu d'Israël, Lève-toi, pour châtier toutes les nations! N'aie pitié d'aucun de ces méchants infidèles! »[39]

 « Par voici, ceux qui s'éloignent de toi périssent; Tu anéantis tous ceux qui te sont infidèles. »[40]

 « Car les hommes droits habiteront le pays, Les hommes intègres y resteront; Mais les méchants seront retranchés du pays, Les infidèles en seront arrachés. »[41]

 « Je séparerai de vous les rebelles et ceux qui me sont infidèles; je les tirerai du pays où ils sont étrangers, mais ils n'iront pas au pays d[42]'Israël. »[43]

 « Lorsque tu seras entré dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras: Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m'entourent, tu mettras sur toi un roi que choisira l'Éternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère. »[44]

  • La soumission, oui ; mais laquelle ?

Eric Zemmour affirme que l’islam, c’est la « soumission », mais, de manière habile, il ne précise pas de quelle sorte de soumission il s’agit, et, surtout, qui doit être soumis et à qui ? En réalité, le polémiste utilise volontairement cette imprécision terminologique, car cela lui permet d’exprimer quelque chose de manière tellement vague que cela laisse libre cours aux interprétations de son propos, donnant ainsi l'illusion de dire quelque chose de pertinent tout en restant général.

Ainsi, Eric Zemmour (ou tout sophiste utilisant cette ruse dialectique) fait croire au public qu’il maîtrise le sujet dont il parle, alors qu’il ne fournit aucune démonstration. Pour que son propos soit complet et rigoureux, il aurait dû dire quelque chose comme : « L’islam, c’est la soumission, car en islam, tel individu doit être soumis à tel autre, comme le prouve telle sourate du Coran, à tel verset… » À ce moment-là, avec des propos précis, il aurait été simple de lui répondre de manière tout aussi précise. Mais comme Zemmour ne s'est pas astreint à cette rigueur nécessaire, nous lui répondrons, non pas de manière aussi vague, mais de manière générale.

En islam, la soumission est effectivement exigée. Cependant, cette soumission ne concerne pas tous les êtres humains ni tous les maîtres ; elle implique la soumission des musulmans et des prophètes à Dieu. Plusieurs versets coraniques étayent cette notion :

 "Notre Seigneur ! Fais de nous Tes soumis, et de notre descendance une communauté soumise à Toi. Et montre nous nos rites et accepte de nous le repentir. Car c'est Toi certes l'Accueillant au repentir, le Miséricordieux. »[45]

 « Et c'est ce qu'Ibrahim (Abraham) recommanda à ses fils, de même que Ya'qub (Jacob): « Ô mes fils, certes Allah vous a choisi la religion: ne mourrez point, donc, autrement qu'en soumis ! » (à Allah)[46]

 « Etiez-vous témoins quand la mort se présenta à Ya'qub (Jacob) et qu'il dit à ses fils: « Qu'adorerez-vous après moi ? » -Ils répondirent: « Nous adorerons ta divinité et la divinité de tes pères, Ibrahim (Abraham), Isma'il (Ismaël) et Ishaq (Isaac), Divinité Unique et à laquelle nous sommes soumis. »[47]

 "Dites: « Nous croyons en Allah et en ce qu'on nous a révélé, et en ce qu'on a fait descendre vers Ibrahim (Abraham) et Isma'il (Ismaël) et Ishaq (Isaac) et Ya'qub (Jacob) et les Tribus, et en ce qui a été donné à Musa (Moïse) et à 'Isa (Jésus), et en ce qui a été donné aux prophètes, venant de leur Seigneur: nous ne faisons aucune distinction entre eux. Et à Lui nous sommes soumis. »[48]

« S'ils te contredisent, dis leur: « Je me suis entièrement soumis à Allah, moi et ceux qui m'ont suivi. » Et dis à ceux à qui le Livre a été donné, ainsi qu'aux illettrés: « Avez-vous embrassé l'Islam ? » S'ils embrassent l'Islam, ils seront bien guidés. Mais, s'ils tournent le dos... Ton devoir n'est que la transmission (du message). Allah, sur [Ses] serviteurs est Clairvoyant. »[49]

 « Puis, quand 'Isa (Jésus) ressentit de l'incrédulité, de leur part, il dit: « Qui sont mes alliés dans la voie d'Allah ? » Les apôtres dirent: « Nous sommes les alliés d'Allah. Nous croyons en Allah. Et sois témoin que nous lui sommes soumis ».[50]

« Dis: « Nous croyons en Allah, à ce qu'on a fait descendre sur nous, à ce qu'on a fait descendre sur Ibrahim (Abraham), Isma'il (Ismaël), Ishaq (Isaac), Ya'qub (Jacob) et les Tribus, et à ce qui a été apporté à Musa (Moïse), à 'Isa (Jésus) et aux prophètes, de la part de leur Seigneur: nous ne faisons aucune différence entre eux; et c'est à Lui que nous sommes soumis. »[51]

 "Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu'en pleine soumission (à Allah) »[52]

 « Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et lumière. C'est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent les affaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d'Allah, et ils en sont les témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vil prix. Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. »[53]

« Et quand J'ai révélé aux Apôtres ceci: « Croyez en Moi et en Mon messager ('Isa (Jésus)). » Ils dirent: « Nous croyons; et atteste que nous sommes entièrement soumis. »[54]

"Dis: « Moi, mon Seigneur m'a guidé vers un chemin droit, une religion droite, la religion d'Ibrahim (Abraham), le soumis exclusivement à Allah et qui n'était point parmi les associateurs. »[55]

« Et Musa (Moïse) dit: « Ô mon peuple, si vous croyez en Allah, placez votre confiance en Lui si vous (Lui) êtes soumis. »[56]

 « Ils offriront ce jour-là à Allah la soumission, et ce qu'ils avaient inventé sera perdu pour eux. »[57]

 « Ibrahim (Abraham) était un guide ('Umma) parfait. Il était soumis à Allah, voué exclusivement à Lui et il n'était point du nombre des associateurs ».[58]

 « Ne soyez pas hautains avec moi (Allah) et venez à moi en toute soumission. »[59]

 « À Lui tous ceux qui sont dans les cieux et la terre: tous Lui (Allah) sont entièrement soumis. »[60]

 "Et celle d'entre vous qui est entièrement soumise à Allah et à Son messager et qui fait le bien, Nous lui accorderons deux fois sa récompense, et Nous avons préparé pour elle une généreuse attribution. »[61]

« Ils offriront ce jour-là à Allah la soumission, et ce qu'ils avaient inventé sera perdu pour eux. »[62]

 « Non, mais quiconque soumet à Allah son être tout en faisant le bien, aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux, nulle crainte, et ils ne seront point attristés. »[63]

 « Quand son Seigneur lui avait dit: « soumets-toi », il dit: « Je me soumets au Seigneur de l'Univers. »[64]

 « Qui est meilleur en religion que celui qui soumet à Allah son être, tout en se conformant à la Loi révélée et suivant la religion d'Ibrahim (Abraham), homme de droiture ? Et Allah avait pris Ibrahim (Abraham) pour ami privilégié. »[65]

« Dis: « Invoquerons-nous, au lieu d'Allah, ce qui ne peut nous profiter ni nous nuire ? Et reviendrons-nous sur nos talons après qu'Allah nous a guidés, comme quelqu'un que les diables ont séduit et qui erre perplexe sur la terre, bien que des amis l'appellent vers le droit chemin (lui disant) « Viens à nous. » Dis: « Le vrai chemin, c'est le chemin d'Allah. Et il nous a été commandé de nous soumettre au Seigneur de l'Univers. »[66]

 « À chaque communauté, Nous avons assigné un rite sacrificiel, afin qu'ils prononcent le nom d'Allah sur la bête de cheptel qu'Il leur a attribuée. Votre Dieu est certes un Dieu unique. soumettez-vous donc à Lui. Et fais bonne annonce à ceux qui s'humilient »[67]

 « Et quiconque soumet son être à Allah, tout en étant bienfaisant, s'accroche réellement à l'anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Allah. »[68]

 « Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevez alors aucun secours. »[69]

 « Dis: « Il m'a été interdit, une fois que les preuves me sont venues de mon Seigneur, d'adorer ceux que vous invoquez en dehors d'Allah, et il m'a été ordonné de me soumettre au Seigneur de l'univers. »[70]

Conclusion

Dans ces versets extraits de la Torah, le Dieu des juifs dit à Isaac, qui représente le peuple juif, que des peuples et des nations lui seront soumis, donc, que des peuples et des nations seront soumis au peuple juif, et donc à Israël.Il est bon de souligner qu’Eric Zemmour cherche à susciter la peur chez les gens en affirmant que l’islam représente la « soumission ». En utilisant ce terme sans le définir, Zemmour exploite la connotation négative attachée à ce mot ; la soumission est ainsi perçue comme intrinsèquement nuisible. Pourtant, la soumission n’est rien d’autre que l'obéissance à une autorité supérieure. Par exemple, les enfants sont soumis à leurs parents ; les élèves sont soumis à leurs professeurs, les employés sont soumis à leurs patrons, les citoyens sont soumis à la loi de leur pays, etc. De la même manière, les croyants sont soumis à leur Dieu, et cela fait partie intégrante du fonctionnement d’une religion monothéiste.

 Il serait donc étonnant qu’Eric Zemmour, après une lecture authentique du Coran, critique l’islam pour sa base fondée sur la soumission des hommes à Dieu, car cette notion n'est pas exclusive à l'islam, mais propre à toute religion abrahamique par essence. En établissant un parallèle avec la propre religion d’Eric Zemmour, on constate que si l’islam est considéré comme incompatible avec la République en raison de sa nature de « soumission », le judaïsme qu’il pratique serait encore moins compatible avec la France, car contrairement au Coran qui exige que le monde lui soit soumis, la Torah requiert que le monde soit soumis au peuple juif.

 Dans Genèse 27, aux versets 28 à 30, il est écrit :

 « Alors Isaac, son père, lui dit: Approche donc, et baise-moi, mon fils. Jacob s'approcha, et le baisa. Isaac sentit l'odeur de ses vêtements; puis il le bénit, et dit: Voici, l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ que l'Éternel a béni. Que Dieu te donne de la rosée du ciel Et de la graisse de la terre, Du blé et du vin en abondance! Que des peuples te soient soumis, Et que des nations se prosternent devant toi ! Sois le maître de tes frères, Et que les fils de ta mère se prosternent devant toi! Maudit soit quiconque te maudira, Et béni soit quiconque te bénira. Isaac avait fini de bénir Jacob, et Jacob avait à peine quitté son père Isaac, qu'Ésaü, son frère, revint de la chasse ».

Mohammed Ibn Najiallah, chercheur en histoire diplomé en Histoire des Civilisation et en Histoire de l'Art, écrivain, auteur d'une douzaine d'ouvrages.

[1] Liberté, Égalité, Fraternité est la devise de la République française et de la république d’Haïti. Elle figure dans l'article 2 de la Constitution française du 4 octobre 1958 et dans l'article 4 de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987. Déjà affirmées dans certains textes antérieurs tels que la Constitution du Massachusetts (1780)1, la liberté et l'égalité des hommes sont posées comme principes en France dans l'article 1 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, déclaration qui est mentionnée dans le préambule de la Constitution de la Cinquième République française (et fait partie du bloc de constitutionnalité)

[2] Le mythe de l’islamisation : essai sur une obsession collective. Raphael Liogier. Seuil. P. 36

[3] Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Article 4

[4] Ibid. Article 5

[5] Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Article 1er

[6] Conseil-constituionnel.fr

[7] Ibid.

[8] Ibid.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Michel Borgetto, La Devise : « Liberté, Égalité, Fraternité », PUF, 1997, p. 34

[12] En réalité, lorsqu’il dit que l’islam n’a pas sa place dans la France républicaine, il faut avouer qu’Eric Zemmour n’a pas réellement tort dans le fond, puisque la République s’est justement construite dans une opposition avec la religion (donc, toutes les religions). Le problème, ici, n’est pas le fond du propos mais l’argumentation fallacieuse qu’il donne pour appuyer son propos.

[13] Deutéronome 23 : 19-20

[14] Deutéronome 15 : 3

[15] Ibid. 7

[16] Exode 22 : 25

[17] Deutéronome 17 : 14-15

[18] Lévitique 25 : 44-46

[19] Lévitique 25 : 44-46

[20] Exode 12 : 43-48

[21] Ibid. 48

[22] Exode 29 :33

[23] Lévitique 22 : 10

[24] Ibid. 12-13

[25] Nombres 16 : 40

[26] Nombres 18 : 1-5

[27] Deutéronome 14 : 21

[28] Deutéronome 17 : 15

[29] Deutéronome 25 : 5

[30] Néhémie 13 : 2-3

[31] Ibid. 22-30

[32] Proverbes 2 : 15-16

[33] Proverbes 22 : 14-15

[34] Ezéchiel : 7-9

[35] Joel : 17

[36] Abdias 1 : 11

[37] Sophonie 1 : 8

[38] Deutéronome 32 : 20

[39] Psaumes 59 : 5

[40] Psaumes 73 : 27

[41] Proverbes 2 : 21-22

[42] Ibid. 7

[43] Ezéchiel 20 : 38

[44] Deutéronome 17 : 14-15

[45] Sourate 2, verset 128

[46] Ibid. verset 132

[47] Ibid. 133

[48] Ibid. 136

[49] Sourate 3, verset 20

[50] Ibid. verset 52

[51] Ibid. verset 84

[52] Ibid. Verset 102

[53] Sourate 5, verset 44

[54] Ibid. verset 111

[55] Sourate 6, verset 161

[56] Sourate 1, verset 84

[57] Sourate 16, verset 87

[58] Sourate 16 ,verset 120

[59] Sourate 27, verset 31

[60] Sourate 30, verset 26

[61] Sourate 33, verset 31

[62] Sourate 16, verset 87

[63] Sourate 2, verset 112

[64] Ibid. verset 131

[65] Sourate 4, verset 125

[66] Sourate 6, verset 71

[67] Sourate 22, verset 34

[68] Sourate 31, verset 22

[69] Sourate 39, verset 45

[70] Sourate 40, verset 66

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