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Billet de blog 30 octobre 2024

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Les Racailles : des produits franco-français

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Illustration 1

Introduction

Les racailles sont des produits franco-français ; il est nécessaire de commencer par là. Les esprits les plus simples qui aiment à dire qu’il faut « renvoyer au bled » les racailles ont du mal à accepter cette réalité : ces délinquants et autres criminels sont des produits issus de la société française (ou européenne), et ne sont aucunement des pièces rapportées ; le pays d’origine de leurs parents ou de leurs grands-parents n’est pas concerné par ces crapules. L’Algérie, le Maroc, le Mali ou le Sénégal n’ont pas à assumer ni à recycler le fruit pourri de la société française avec lesquels ils n’ont qu’un lien symbolique ou administratif. Nous pouvons par ailleurs citer l’exemple du terroriste Mohamed Merah, dont la dépouille était attendue en Algérie pour se faire inhumer dans la terre de ses ancêtres. En effet, les autorités algériennes ont refusé d’accueillir le corps du criminel français, estimant certainement que l’Algérie n’avait pas à assumer l’épilogue funeste de ce produit franco-français. Merah déclarait d’ailleurs lui-même avoir très peu de lien avec le pays de ses parents. [1].  Merah déclarait d’ailleurs lui-même avoir très peu de liens avec le pays de ses parents :

« L’Algérie, c’est mon pays d’origine, mais franchement, je n’aime pas ce pays ».[2]

Quelles que soient les raisons socio-économiques (ou autres) qui poussent ces jeunes nés en France et en Occident à se comporter de manière déviante, il faut commencer par assumer que ces individus sont le produit de la société et donc des carences françaises, et non de leur pays de mémoire.

La sous-culture des ghettos

Un certain nombre de jeunes Français d'origine maghrébine et africaine s'identifient à cette sous-culture des banlieues[3], Au point de se l'approprier comme si elle leur avait toujours appartenu. Il s'agit d'une culture de ghetto ou de banlieue, souvent influencée par la culture hip-hop et le cinéma américains. Cette identification se manifeste à travers la musique, la mode, le langage et les codes sociaux. Plusieurs facteurs sociologiques peuvent expliquer cette situation. En premier lieu, ces jeunes sont confrontés à la discrimination et au racisme, ce qui les pousse à se regrouper et à se protéger mutuellement en adoptant une culture commune (aussi critiquée soit-elle) qui les unit et leur donne l'impression de faire partie d'un mouvement culturel exprimé à travers la musique et le cinéma.

La culture hip-hop des ghettos américains, associée à la contestation sociale et à la culture de rue, inspire ces jeunes et les révolte contre l'ordre social dominant. Ils s'approprient cette culture et la fusionnent avec leur propre héritage culturel pour se démarquer de la société française et affirmer leur identité. Cependant, il est important de souligner que cette identification à une culture de ghetto ou de banlieue peut souvent être contre-productive et avoir des conséquences majoritairement négatives. En effet, cette posture peut enfermer ces jeunes dans une vision stéréotypée et limitée de leur identité, les exposant à des comportements déviants et les empêchant de s'intégrer pleinement dans la société française, ce qui peut conduire à la délinquance et à la marginalisation.

Si la culture de ghetto ou de banlieue chez les jeunes franco-maghrébins peut être considérée comme une forme de résistance à l'assimilation culturelle et à la marginalisation sociale, elle propose souvent une alternative qui promeut des valeurs discutables : la quête d'enrichissement à tout prix, la consommation de drogues douces (voire dures) et d'alcool, ainsi qu'une sexualité débridée. Ces valeurs sont en contraste marqué avec celles de leurs parents et ancêtres, souvent d'ascendance arabo-musulmane. Ces jeunes, issus souvent de familles immigrées vivant dans des quartiers populaires, font face à un double rejet : celui de la société française dans son ensemble et celui de leur propre culture d'origine, qu'ils peuvent parfois percevoir comme archaïque ou dépassée. Dans ce contexte, la culture de ghetto ou de banlieue leur offre un espace symbolique où ils peuvent affirmer leur identité et leur individualité. Cette culture se caractérise par un langage distinct, un style vestimentaire particulier, une musique spécifique comme le rap, ainsi qu'une esthétique visuelle associée. Cependant, deux problèmes majeurs émergent de cette situation. Le premier est que cette culture dite populaire n'est pas née dans les banlieues, par les banlieusards, mais a été importée de l'extérieur et imposée aux banlieusards par des individus issus de la bourgeoisie. En ce qui concerne les productions cinématographiques, les films cultes « de banlieue » ayant marqué plusieurs générations de jeunes Français issus de l'immigration afro-maghrébine, tels que Raï, La Haine, ou La Mentale, ne sont pas des créations de réalisateurs ou de scénaristes issus des quartiers populaires, mais des productions de réalisateurs et scénaristes bourgeois « blancs » n’ayant aucun lien avec la banlieue.

L'absence de modèles positifs pour les Franco-Maghrébins

Les Franco-Maghrébins font face à un défi majeur : l'absence de modèles positifs auxquels ils peuvent s'identifier. En France, notamment dans les médias, les personnes d'origine arabe sont souvent représentées de manière négative. Elles sont soit associées à des figures du monde du divertissement dont le comportement ne reflète en rien les valeurs ancestrales arabes et musulmanes de leurs parents et ancêtres, soit présentées comme manquant de capacités intellectuelles.

Cette situation soulève la question de savoir comment les jeunes générations franco-maghrébines peuvent grandir et évoluer en adoptant des valeurs saines, lorsque les modèles proposés par leur communauté d'origine sont principalement des rappeurs prônant des idéologies libérales-libertaires et freudo-marxistes. Ces figures glorifient la pauvreté, la violence et la promiscuité sexuelle, imitant ainsi la sous-culture des ghettos américains qu'ils transposent à la réalité des banlieues françaises, peuplées en grande partie d'immigrés ouvriers nord-africains. Cette absence de modèles positifs et réalistes complique la tâche des jeunes Franco-Maghrébins pour se construire une identité équilibrée et épanouie, en phase avec les valeurs de leurs racines tout en s'intégrant harmonieusement à la société française.

Pour les jeunes filles d’origine maghrébine nées en France, il est difficile de grandir et de se développer dans de bonnes conditions lorsque les modèles qui leur sont proposés dans les médias (à la télévision ou sur internet) sont souvent des femmes nord-africaines réduites à des objets sexuels, connues pour leur impudeur et leur tendance à se dénuder publiquement sur les réseaux sociaux, dans des émissions de télé-réalité médiocres ou dans des clips de rap. L'absence de modèles positifs auxquels ces jeunes filles peuvent se référer constitue un véritable problème, car elles sont représentées par des individus complètement influencés par une idéologie mondialiste destructrice et des valeurs néfastes.

Rien de ce qui est présenté par les représentants d’origine arabe dans les médias français n'est en accord avec les valeurs arabo-islamiques ancestrales de la population d’origine et de culture arabo-musulmane en France. Par exemple, lorsqu'un rappeur français d'origine maghrébine promeut des valeurs telles que le culte de l'argent, la sexualité débridée, la consommation de drogues et d’alcool, il ne représente en rien la personnalité arabo-musulmane. Les véritables valeurs traditionnelles arabo-musulmanes incluent tout le contraire : le respect de la famille, de la religion, le rejet du matérialisme et l'interdiction de consommer des substances nuisibles à la santé (alcool et drogues, qu'elles soient dures ou douces).

Cette discordance entre les valeurs véhiculées par les médias et les valeurs traditionnelles complique la tâche des jeunes filles franco-maghrébines pour se construire une identité équilibrée et respectueuse de leurs racines tout en s'intégrant harmonieusement à la société française.

Le « rebeu », symbole terminologique de cette sous-culture de banlieue

Il est indéniable que ceux qui détiennent le pouvoir ont également la capacité de définir les termes et leurs significations. C'est pourquoi il est crucial, pour les arabo-musulmans désireux de s'émanciper de la dépendance idéologique envers leurs anciens maîtres, de se libérer d'abord de la tutelle sémantique et linguistique qui les maintient dans un état de servitude. Pour ce faire, il est impératif de commencer par rejeter la terminologie occidentale utilisée pour les définir et de se réapproprier cette définition avec leurs propres termes. En effet, permettre aux autres de nous définir, c'est leur accorder du pouvoir sur nous. Lorsque les Occidentaux nous définissent avec leur propre terminologie, issue de leur cadre civilisationnel, historique et linguistique, nous leur offrons la possibilité de réécrire notre histoire et nous restons ainsi prisonniers de leur domination intellectuelle. En France, de nombreux Maghrébins continuent de se définir par le terme « rebeu », qui est le verlan de « beur ». Ce dernier a été popularisé dans les années 1980 par la gauche paternaliste pour désigner les Arabes nés en France de parents maghrébins. En s'identifiant à cette appellation, les Franco-Maghrébins acceptent de rester enfermés dans ce terme trivial et finissent par le confondre avec leur véritable identité.

Que représente le terme « rebeu » dans l'imaginaire collectif ? L'immigration ouvrière, la banlieue, le chômage, la pauvreté, les ghettos, le rap. Il est tout sauf normal que des jeunes, et même des adultes d'origine arabe, issus d'un peuple historiquement prestigieux et ayant joué un rôle civilisationnel incontestable, fondent leur identité sur un terme qui les réduit à leur seule condition de Franco-Maghrébins issus de l'immigration.

Par exemple, il est rare de voir des Français d'origine italienne se revendiquer fièrement comme « ritals », un terme autrefois péjoratif symbolisant le mépris envers les premiers immigrés italiens venus travailler en France. Les Maghrébins de France doivent impérativement se détacher de ce terme « rebeu », qui les enferme dans une pseudo-identité réduite à leur condition d'Arabes des quartiers populaires français.

Les Arabes nés en Occident, ainsi que ceux résidant ailleurs, doivent se définir eux-mêmes en utilisant leurs propres termes et les imposer aux Européens « de souche ». Cette étape est cruciale, car elle constitue la première phase nécessaire pour mettre fin à leur aliénation identitaire. Tant qu'ils n'auront pas entrepris ce long mais salutaire processus de décolonisation idéologique et linguistique, les Arabes resteront emprisonnés dans un complexe identitaire qui les empêchera de vivre de manière autonome, avec leurs propres codes et schémas civilisationnels, dans un monde dominé par l'influence occidentale. Les musulmans de l’Algérie coloniale n’ont jamais accepté le terme « indigène » que le gouvernement impérialiste leur a imposé. De la même manière, les Arabes de France ne doivent pas adopter les nouvelles appellations attribuées par ces mêmes colons idéologiques. Comme mentionné précédemment, c'est le maître qui détient le pouvoir de définir les termes et de les imposer. Les Arabes, qu'ils soient de France ou du Maghreb, doivent donc s'approprier ce pouvoir en se définissant avec leur propre terminologie, issue de leur propre histoire, afin de redevenir maîtres d’eux-mêmes et de leur destinée.

La délinquance et la criminalité en France, une histoire séculaire

À l’inverse de ce qu’un certain nombre d’individus manifestement pas très cultivés semblent affirmer, ce n’est pas l’immigration, et encore moins l’islam, qui est la cause de la délinquance et de la criminalité en France. Il est très simple de le démontrer, puisqu’une analyse méticuleuse des articles de presse qui précèdent l’arrivée des premières populations venues d’Afrique du Nord ou d’Afrique subsaharienne nous indique que la situation n’était, naguère, pas plus reluisante que celle d’aujourd’hui.

Un article datant de plus d’un siècle en arrière, pourrait sembler avoir été écrit la semaine dernière et aurait tout aussi bien être publié en 2024, dans un journal comme « Le Parisien » , tant celui-ci parait être d’actualité. Le 25 aout 1900, nous pouvons lire dans « Le Journal » :

« La police. Les Agressions. L’éclat de rage des voies publiques. Sommes-nous en sécurité ? Non. Non, nous ne sommes pas en sécurité à Paris. Vous le savez aussi bien que moi. Quiconque circule la nuit, en la capitale, est en continuel danger de recevoir quelques coups de bâton ou de dague, voire même quelques vilaines pistolétade, pour le pire. Si vous lisez les faits divers, et vous les lisez, car tout le monde les lit, vous avez remarqué que, depuis six mois, dans les rues de Paris, ce n’est que des gens cognés roidement, rués par terre et laissés là, prochains de mort. Ce ne sont qu’embuscades, embuches, horions traitreux, assommades et tueries. Des passants sont attaqués, frappés avec de méchants engins par des êtres féroces, qui ressemblent plus à des sauvages anthropophages, à des boxers ivres, qu’à des hommes. (…) La plupart des attentats commis maintenant sur la voie publique semblent avoir pour auteurs des êtres cruels, sanguinaires, moins désireux de vol et de rapine que pressés d’assouvir une inconcevable méchanceté. Qu’un tire-laine vous dérobe votre montre, qu’un agresseur armé, au détour d’une rue, vous demande la course ou la vie, d’un ton un peu sec, qu’un cambrioleur surpris vous poignarde pour assurer sa fuite, ce sont là des éventualités désagréables, des accidents fâcheux, mais nullement incompréhensibles. En revanche, qui expliquera pourquoi plusieurs voyous sadique, l’autre jour, lardèrent de coups de styler une pauvre fille ; pourquoi il y a quelques semaines, la bande dite des « Apaches » entraina dans un terrain vague un pauvre ouvrier et lui taillada longuement le nez et les joues ; pourquoi chaque nuit, des malandrins, au lieu de se contenter de mettre leurs victimes hors de combat, s’acharnent longtemps sur elles avec une frénésie de gorille en fureur, les frappent au visage à coup de talons, leur brisent le nez et font jaillir leurs yeux hors des orbites ; pourquoi ces anthropoïdes semblent éprouver une atroce jouissance à torturer, à défigurer, à déchiqueter un être humain ? Les provinciaux et les étrangers s’effraient quand ils lisent chaque jour le récit véridique de ces forfaits,  et on ne saurait s’étonner que les Parisiens prennent de plus ne plus l’habitude de s’armer jusqu’aux dents. »[4]

Le texte continue, et nous donne une description de la société parisienne du début des années 1900. Le constat est tel qu’il serait difficile de donner raison aux adeptes du dicton « c’était mieux avant » :

« Il est tout à fait certain que le Paris de 1900 n’est pas sûr. Il y a quelque danger à circuler la nuit, non seulement dans les quartiers excentriques, mais même au centre de Paris, et des agressions se produisent parfois jusque sur les grands boulevards. A cela, quatre raisons qui sautent aux yeux : l’état social actuel,  l’insuffisance des lois, la faiblesse de la police, la façon dont Paris est éclairé. Certes, la société idéale que nous rêvons serait celle ou le crime n’existant lus,  les gendarmes seraient inutiles, ou les sergots inactifs deviendraient obeses, pléthoriques, apoplectiques, et ne pourraient plus entrer dans leurs bottes odorantes ; où on pourrait raser les prisons et pendre les magistrats, superfluités dès lors incongrues ; mettre tous les garde-chiourmes à la retraite ; nommer ambassadeurs tous les préfets de police, passés présent et à venir. Alors, dans cette société bienheureuse, l’homme serait un frère pour l’homme. Si on nous attaquait encore, ce serait pour nous faire accepter des présents et non plus pour nous prendre notre saint-frusquin. Nous porterions tous des corbeilles de fleurs et des parfums que nous échangerions avec des propos affectueux. La fraternité, la bonté, l’équinté, l’amour règnerait sur la terre régénérée. Hélas ! de cette société délicieuse, paradoxale, nous sommes loin, très loin. Et il semble même qu’au lieu de marcher vers elle, nous nous en éloignons de plus en plus. Par une régression déplorable, la dureté, la méchanceté, l’égoïsme, la cruauté prennent chaque jour plus d’empire dans le cœur de nos contemporains, tandis qu’u sont étouffés les espoirs de générosités, de douceur, de désintéressement, de loyauté, de toutes ces vertus individuelles dans lesquelles le moindre progrès social est irréalisable. L’engrenage d’acier du monde moderne, les révolution économiques, les crises industrielles, l’agiotage, engendrent souvent des ruines et créent des milliers de désespérés. Les enfants misérables ne sont que rarement protégés par la société ; le plus souvent, on les laisse grandir au contact du crime, de la prostitution, de tous les vices. Puis, l’alcoolisme verse ses folies, ses fureurs homicides dans les cerveaux. Comment s’étonner, dès lors, que dans Paris errent des bandes de dégénérés féroces, auxquels l’idée seule du travail est odieuse, des êtres de proie, des brutes, qui n’ont plus rien d’humain ? Pour protéger la population laborieuse contre tous les souteneurs, les rodeurs divers, contre tous les malfaiteurs qui la coudoient et souvent la terrorisent, la police semble assez impuissante. Si l’on excepte les hommes des brigades centrales et quelques athlétiques sergots répartis dans les postes, nos agents nullement entrainés aux sports, sont inférieurs comme vigueur physique aux ouvriers d’usines. Beaucoup manquent de taille, de poids, de développement thoracique, et par conséquent ils hésitent quelques fois à se jeter dans des bagarres ou des hercules ne seraient pas de trop… »[5]

« A Paris, on voit des choses étranges. Dans quelle capitale tolérerait-on que d’ignobles rodeurs puissent chaque nuit, pendant plusieurs heures, former des groupes menaçants dans certaines grandes voies ? Au coin du faubourg de Montmartre et des boulevard Barbès et du boulevard Rochechouart siègent assez souvent de véritables conciles de souteneurs et d’escarpes. Ou sont donc les agents qui devraient les disperser, les faire circuler ? Il est vrai que les sergents de ville sont découragés et lassés, parce que les malfaiteurs dont ils s’emparent dont le plus souvent remis en circulation après un court séjour en prison. Il deviendra de toute nécessité de renforcer les lois ou d’en créer de nouvelles, car il faudra bien débarrasser Paris, peu à peu, des souteneurs, des rodeurs qui y pullulent. La justice devrait être d’une indulgence extrême pour ceux que la misère ou quelque frénésie momentanées ont amené à voler. Mais sa rigueur devrait être terrible contre ces dégénérées lâches et cruels qui n’ont d’autre profession que celle du coup de tête, du coup de couteau et du croc-en-jambe. La loi pourrait être jusqu’à un certain point bénigne en ce qui concerne les attentats contre la propriété. Mais il faudrait qu’elle fut implacable pour châtier les attentats contre les personnes.  Une nuit, j’ai vu un souteneur poignarder une femme, puis se réfugier dans un café du boulevard Rochechouart, café dont la clientèle se compose principalement de malfaiteurs. Le patron, contre toute espèce de vraisemblance, déclara que l’assassin n’avait fait que traverser son débit et avait gagné par une autre porte, une rue adjacente. (…) »[6]

Le 19 aout de la même année, « Le Petit Journal » tirait déjà la sonnette d’alarme face à la délinquance montante :

« C’est de l’autre, de la force policière opposée aux malfaiteurs de droit commun qu’il faudrait un peu plus sérieusement s’occuper. Je ne crois pas que jamais la tourbe de ces parasites criminels de notre état social ait grouillé avec plus d’intensité et d’impudence qu’aujourd’hui. On voit ce qui ne s’était jamais vu : des individus, des jeunes gens faisant le. Mal pour rien, pour le plaisir. Exemple : ces « Apaches », qui attendent les passants attardés pour les attaquer, les renverser, les écrabouiller la poitrine et la face à coups de talons, leur tailler la chair à coups de couteau, se servir même du revolver s’ils ont affaire à trop forte partie. Ces dilettantes du crime sont comme qui dirait le panache, l’aigrette de la corporation des gredins. Ladite corporation pullule, d’ailleurs, et essaime avec une fécondité qu’on n’ose qualifier d’incomparable, vu l’actuelle et rivale prolixité d’un autre fléau : les grèves… »[7]

Un article du « Peuple français » daté du 4 septembre 1900 tirait aussi la sonnette d’alarme :

« …vous devez remarquer que la sécurité, à Paris, est plus que problématique pour quiconque ose s’aventurer en plein boulevard ou dans les rues des faubourgs, vers onze heures du soir, à plus forte raison de une heure à trois heure. Exposé continuellement à recevoir des coups de bâton ou de dague, même de désagréables pistolades, le passant qui, certes, n’est pas sur la chaussée pour son plaisir pendant la nuit, reçoit des horions, tombe dans des assaumades, des embuscades qu’il ne saurait éviter. Ce qui ne peut passer inaperçu, c’est cette sorte de folie sanguinaire que possède certains rodeurs, qui assaillent ou tuent pour le seul plaisir  d’assaillie ou de tuer. Qu’un mandarin dérobe une montre, qu’un voleur, dérangé dans ses opérations et menacé d’être arrêté, tire des coups de revolver dans la direction de ses poursuivants, c’est quasi compréhensible pour ceux qui ont étudié les tristes mœurs de cette lie du peuple. Pourquoi, plusieurs voyous féroces, l’autre jour, lardèrent-ils de coups de stylet une pauvre fille ; pourquoi il y a quelques semaines, la bande dite des « Apaches » entraina-t-elle dans un terrain vague un pauvre ouvrier et lui taillada-t-elle longuement le nez et les joues ; pourquoi, chaque, nuit, des malandrins, au lieu de se contenter de mettre leurs victimes hors de combat, s’acharnent-ils longtemps sur elles avec une frénésie de gorille en fureur, les frappant au visage à coup de talons, leur brisant le nez et faisant jaillir leurs yeux hors des orbites ; pourquoi ces anthropoïdes semblent-ils éprouver une atroce jouissance à torturer, à défigurer, à déchiqueter un être humain ? Il est tout à fait sûr que le Paris de 1900 n’est pas sûr. Quatre raison : l’état social actuel, l’insuffisance des lois, la faiblesse de la police et la façon dont Paris est éclairé, résolvent la question de la sécurité. »[8]

Le 19 octobre, « Le Voltaire » pointait du doigt l’insécurité grandissante de la capitale française :

« Paris, berceau des arts, enfer des chevaux, boudoir des étrangers, est entrain de mériter une quartier appellation qui, si cela continue, ne sera pas moins justifié que les trois premières : paradis des malfaiteurs. (…) aujourd’hui sur le pavé de Paris, et le jour est proche où les Parisiens et leurs hôtes n’oseront plus, passé minuit, s’aventurer hors de chez eux. Il n’est pas de jour où les journaux n’enregistrent quelque agression nocturne, quelque coup du père François, savamment exécuté. Le banditisme, à la fin du dix-neuvième siècle, ne ressemble plus en rien au banditisme d’antan. Lus de ces société de brigands contre lesquelles l’autorité devrait livrer de vrais combats. Aujourd’hui, le criminel de la rue se distingue à peine des honnêtes gens et se mêle pour ainsi dire aux populations ouvriers qu’il effraie. Plus de cavernes, de souterrain mystérieux ou le bandit d’autrefois allait machiner ses mauvais coups. Le bandit moderne a, pour quartier général, les boulevard extérieurs qu’il ne craint pas d’ailleurs de fréquenter en plein jour. Car c’est réellement un spectacle peu rassurant que celui de ces boulevard e la police parisienne ferait sagement d’y fourrer le nez plus souvent qu’elle ne le fait. Nous connaissons des familles ouvrières auxquelles les squares de ces quartiers sont aujourd’hui interdits en raison de la présence de ces fâcheux personnages. Allez-vous promener un. Jour du côté du boulevard de la Chapelle ou de Belleville, et vous verrez allongés sur les bancs ou trainant par groupes la savate autour des édicules publics ceux qui pour toute occupation font, vers deux heures du matin, des boutonnières dans la paillasse des pantes. Ils sont là une armée de flemmards, en tenue plus que douteuse d’ouvriers serruriers ou mécaniciens, casquette plate, bourgeron noir, ceinture rouge ou bleue, le tout plus ou moins propre, mais n’ayant certainement jamais vu le feu d’une forge. »[9]

« Non seulement le bandit actuel ne ressemble plus, quant à l’extérieur, au bandit des temps passés, mais lui-même a changé d’âge et de caractère. (…) Lorsqu’on troue, poitrine défoncée, gorge serré d’un foulard et poches vides, quelque brave bourgeois admirablement suriné, les policiers peuvent croire, à la façon dont l’ouvrage a été faite, qu’elle est l’ouvre de mains expertes, de professionnels du couteau. Pas du tout, l’on apprend le lendemain que les coupables, l’un dit Gueule-d ’-Empeigne et l’autre dit Chaussette-Russe, n’ont pas quarante eux à eux deux ! Et ce sont des lapins de cet acabit qui, sous le nom de bande d’Apaches ou de Terreurs de quelque chose, sèment  l’effroi parmi les populations ouvrières de ces quartiers déshérités… »[10]

L’hostilité entre les « racailles » et les forces de l’ordre ne date pas d’aujourd’hui, mais bien d’hier. Le 1er septembre 1900, « Le Courrier du soir » rapporte une audition d’un « Apache » :

« …à leurs yeux, l’un des brigands prirent la fuite. L’un d’eux put être capturé. C’est le nommé Joseph Mercier, dit « la Souris de Belleville », âgé de vingt-six ans, sans profession, demeurant en garni, 52, rue des Partants. Au cours de l’interrogatoire que lui a fait subir M. Pelatan, commissaire de police, il s’est vanté d’appartenir à la bande des Apaches. – Nous aurons la peau de tous les flics du quartier, a-t-il déclaré cyniquement ».[11]

Le 30 novembre, l’ « Intransigeant » écrit :

« En vérité, quand on voir les crimes se multiplier tous les jours dans Paris, et des bandes comme celle des Apaches, pouvoir voler et assassiner impunément sous l’œil bénévole de la police, il semblerait que messieurs les agents pourraient au moins avoir la pudeur de ne pas faire du zèle aussi déplacé qu’inutile sur les pauvres miséreux inoffensifs ».[12]

Le 17 décembre, « La Gironde » écrit :

« Les jeunes assassins qui ont pris le nom significatif d’Apaches, sont, eux aussi, des alcooliques. Ils tuent pour le plaisir de tuer, e ils mutilent leurs victimes, ajoutant l’ivresse du sang à celle de l’alcool. Les faubourgs de l’est de Paris vivent sous la menace de ces monstres auxquels il faudrait peut-être imputer la mort du jeune homme dont les restes annones ont été trouvés rue des Plâtrières ».[13]

Le 16 décembre de la même année, « Le Journal » rapporte une grande opération policière dans plusieurs quartiers de la capitale française (Belleville, Ménilmontant, Buttes-Chaumont, Gare Saint-Lazare, Gare de Lyon, Boulevard Sébasto et Montmartre) visant justement à « épurer » Paris :

« Rafles monstres. Six cents nouvelles arrestations. Le repaire des Apaches. L’épuration de Paris continue. Hier encore, les commissaires de police et les officiers de paix, du centre comme des quartiers excentriques, n’ont pas opéré moins de six cents arrestations, ce qui porte à près de deux mille le nombre des individus envoyés au Dépôt depuis l’apparition de la circulaire de M. Lépin ».[14]

Quelques jours plus tard, c’est « l’Aurore » qui met en exergue l’insécurité de Paris :

« Le Paris nocturne étant devenu une manière de la foret de Bondy où des malandrins qu’on appelle les Apaches de Belleville, les Mohicans de la place Maub’, les Habits Noirs des fortifs ou les Terreurs de Ménilmontant, pratiquent le coup du père François, jouent d’un surin, se livrent à des décharges de mousqueterie et cultivant le coup de tête dans le creux de l’estomac sur les passant inoffensifs. »[15]

Le 23 décembre, « l’Intransigeant » mentionne les quelques bandes de malfaiteurs qui font régner la terreur dans la capitale de l’Hexagone :

« (…) pourquoi la Sureté ne s’est pas encore décidée malgré les réclamation de tout Paris à arrêter la fameuse bande des Apaches : ceux-ci, en effet, dans leurs innombrables cambriolages, n’étant coupable que de poursuive un but « pouvant être autre » que celui que poursuit généralement le parquet. » (…) La meilleure preuve de ces faits se trouve dans ces simples constatations : la découverte des débris de l’homme coupé en morceaux a fait découvrir par la police, il y avait logiquement que la population était fixée à ce sujet, qu’il y avait dans cette région des bandes de malfaiteurs dangereux, celles des « Amandiers » et celle des « Apaches ». Ces bandits n’ont nullement été inquiétés et même, poussant l’audace jusqu’à ses plus extrêmes limites, ils ont tranquillement assassiné, rue Piat, deux malheureux ouvriers. (…) Autre constatation : depuis six ours, sur l’ordre de Lépine, on opère des rafles dans Paris et, depuis six jours, on a envoyé plus de 3 000 individus au Dépôt. (…) Sur les trois mille individus capturés, il y a cent cinquante souteneurs ou escarpes ! Or, à elles seules, les deux bandes que nous signalons plus haut comptent chacune plus de cent membres. »[16]

Le même jour, le « Petit Parisien » fait le même constat sur le climat délétère de Paris :

« Voici qu’après les tramways, on attaque maintenant les postes de police ! La hardiesse des malandrins ne connait décidément plus de limite. Ils renouvellent les exploits de Cartouche et de Mandrin, arrêtent les diligences comme autrefois, défs La Reynie ou M. de Sartines et pour comble, rossent le guet. C’est intolérable. Les gens de la pègre se gênent si peu qu’ils n’attendent plus la nuit pour dévaliser les maisons ou les passants. Ils opèrent au grand jour. C’est au milieu de la foule qu’ils frappent leurs victimes. (…) Attendre que la nuit fut venue, aurait été trop vieux jeu. Le nouveau exige plus de hardiesse. (…) A Paris même, les escarpes ne se soucient plus e battre la semelle passé minuit le long des avenues désertes, à l’affut de quelque attardé. (…) Attendons-nous à des rapts, à des enlèvements et à tous les méfaits du malandrinage exotique. Les Peaux-Rouges, les Apaches sont à Ménilmontant et à Belleville ; ils ont leur wigwams dans les parages des Buttes-Chaumont, qui sont leurs Montagnes-Rocheuses. Plus à l’ouest, opèrent les Lapins de Clichy, les Harengs de Levallois, la bande à Dudule, celle des Cœurs-Percés, celle de l’As-de-Trèfle, ainsi dénommé à cause des tatouages que leurs adhérents portent au bras, et enfin la bande du Tsar, de la Porte-Maillot, un des potentats de la pègre. D’autre groupes de même acabit hantent certaines régions de Grenelle et de Montrouge. Et ce ne sont pas tout à fait des bandits d’opéra-comique que ces gaillards-là. Ils ne connaissent point les générosités de Cartouche et ne s’inquièteraient pas de tourner avec l’esprit un madrigal. Ce ne sont pas eux qui donneraient leur bourse aux pauvres. Toute victime leur est bonne et le malheureux qu’ils dévalisent, s’il n’a pas le sou, reçoit un coup de couteau comme châtiment de misère »…

« Le caractère le plus frappant du rodeur parisien actuel, c’est sa jeunesse. Les bandes de malfaiteurs qui se forment si facilement sont composées la plupart de véritables gamines de seize à dix-huit ans. Rarement les associés de ces bandes dépassent l’âge de vingt à vingt et un ans. Et les plus jeunes sont les plus dangereux. Ils prodiguent les coups de couteau sans crainte ni scrupule. Souvent d’un physique délabré, ils compensent leur faiblesse par le nombre et la férocité. Ces pégriots ne recyclent pas devant le crime. Il y a actuellement des quartiers de Paris qui, infesté par cette engeance, se révoltent et dont les habitants parlent de faire leur police eux-mêmes. Il est certain qu’une plus grande surveillance est nécessaire si l’on veut préserver leurs propretés et les personnes des attentats sans nombre qui se trame conte eux ; dans la banlieue surtout, qui s’est extraordinairement peuplée depuis quelques années, les cadres de la police ne sont pas assez remplis pour assurer la sécurité des citoyens et l’ordre de la rue. »[17]

"Islamo-racailles" : un concept antinomique

Bien souvent, l’être humain est dans l’incapacité de trouver des réponses à certaines questions qu’il peut se poser au cours de sa vie. La curiosité n’est pas forcément le vilain défaut du dicton bien connu ; à contrario, la dissonance en est une, surtout lorsqu’elle a pour effet de nous forcer à donner une réponse même sans avoir une maîtrise minimale du sujet, puisque cela nous pousse de manière quasi systématique à opérer des raccourcis fallacieux. Le discours qu’une bonne partie de la population française, souvent guidée par les mots des politiciens d’extrême-droite anti-arabes et islamophobes, tient à propos des racailles a précisément une structure basée sur des raccourcis risibles : « Racailles = Arabes / Arabes = musulmans / musulmans = racailles / Les racailles sont des islamo-racailles, donc les racailles sont des racailles parce qu’ils sont arabes et musulmans ». Il n’y aurait qu’un maigre pas entre la tournante et la mosquée. Entre les heures de « travail » et les fusillades, les trafiquants de drogue n’oublieraient pas de faire leurs cinq prières quotidiennes, tout en remerciant Allah de Ses bienfaits (l’argent de la drogue, l’accès au matériel). Le fond du discours est sans équivoque : il existerait un lien consubstantiel entre l’islam et la voyoucratie, entre l’islam et la foi musulmane, presque comme si le Coran lui-même était un guide pour racailles. Effectivement, lorsqu’on associe l’islam et la « racaillerie », c’est qu’on estime qu’il existe un lien consubstantiel entre ces deux éléments. Et qu’importe si les pays dont la législation se base sur la charia, la loi islamique, sont précisément les plus répressifs concernant les crimes les plus abjects, comme nous le verrons dans un instant en donnant des exemples précis.

« La majorité des racailles en France et en Europe occidentale de manière générale sont des Arabes et des Noirs, ce sont des islamo-racailles ». Voilà une phrase que nous pouvons souvent entendre chez les « fachos ». Nous pouvons séparer cette phrase en deux parties :

  1. « La majorité des racailles en France et en Europe occidental de manière générales sont des Arabes et des Noirs… »

Ceci est un fait avéré, qu’importe ce que peuvent dire les bien-pensants qui, par leur discours niant cette réalité, font en sorte de maintenir cette réalité. Le tribalisme ne doit pas nous aveugler et nous empêcher de considérer la nature des problèmes tels qu’ils sont. Nous ne sommes pas de ceux qui ferment les yeux face aux problèmes qui les concernent directement ou indirectement ; nous estimons que, pour résoudre un problème, la première des choses consiste avant tout à identifier ce problème. Si les Maghrébins de France continuent à faire l’autruche en avalant le discours gauchiste déresponsabilisant les délinquants et leur trouvant mille excuses, leur situation n’ira guère en s’améliorant. Il devient insupportable de constater que, génération après génération, les Maghrébins de France sont encore et toujours perçus par les « Blancs » comme des éternels étrangers, ou, au mieux, comme des citoyens de troisième zone[1] , alors qu’ils sont présents dans l’Hexagone depuis plusieurs siècles et que leur présence en France est infiniment plus légitime que celle d’autres populations, en raison du prix du sang [2] et de la sueur[3] . Il nous semble important de faire un rappel historique.

Les Arabo-musulmans sont fallacieusement et éternellement considérés comme un corps étranger à la France, leur présence dans l’Hexagone étant généralement réduite à une vulgaire immigration ouvrière. En réalité, les Arabes sont présents sur le territoire « français » avant même que la France ne soit constituée en tant qu’entité géographique uniforme et unifiée sur le plan politique. En effet, une partie du sud de la France actuelle, qu’on nomme la Septimanie ou la Narbonnaise, faisait partie intégrante d’Al-Andalus. Comme nous l’avons expliqué, les Arabo-musulmans ont fait leur entrée en Europe occidentale à partir de l’année 711. Au bout de quelques années, la quasi-totalité de la péninsule ibérique ainsi que le sud-ouest de la France actuelle tombèrent sous domination islamique. En effet, à partir de 714, les Arabes s’établirent à Narbonne, Carcassonne, Béziers, ou encore à Nîmes. En réalité, il est possible de distinguer véritablement deux périodes bien distinctes concernant la présence musulmane dans l’ancienne Gaule : la période narbonnaise et la période provençale. Contrairement à ce que laisse entendre cette fable identitaire, Charles Martel et sa victoire lors de cette fameuse bataille de Poitiers ne mirent objectivement aucunement fin à la présence sarrasine en « France », puisque celle-ci perdura au moins jusqu’au Xe siècle.

 Contrairement à ce que certains peuvent penser, la perte de Barcelone en 801 ne mit, pour autant, nullement un terme définitif aux incursions arabes, puisque ces derniers resteront en « France » au moins jusque dans les années 900, notamment dans la région de Saint-Tropez, qu’on appelait le « Fraxinet ». Pour ce qui est de cette présence arabe en Provence, l’historien français Philippe Sénac, spécialiste de l’histoire d’Al-Andalus, écrit, dans un ouvrage collectif dirigé par le défunt Mohammed Arkoun :

 "Des musulmans venant d’Andalousie se sont établis, à la fin du IXe siècle jusqu’en 972 environ, sur un territoire qui correspond actuellement aux hauteurs de Saint-Tropez, le Fraxinet. À la différence d’autres peuplement plus sporadiques, celui-ci dura près d’un siècle et ses motifs ne sont, semble-t-il, pas limités à de pures manœuvres de brigands venus razzier les environs. On peut au contraire dégager des raisons stratégiques à cet établissement musulman en Provence. Si pendant longtemps la pauvreté des données archéologiques a pu conduire les historiens à minimiser l’importance de cette présence musulmane, il convient d’en réévaluer la portée, en étudiant à la fois les sources latines et arabes, et en tenant compte, surtout, de la découverte d’épaves sarrasines au large des côtes provençales. »

 Dès les premières décennies du XIe siècle, des navires andalous se rendirent sur la Côte d’Azur moderne, et s’emparèrent de plusieurs bastions du littoral français. Les environs de la ville de Marseille, Arles, devinrent des petites colonies musulmanes sur le territoire de l’ancienne Gaule romaine. Les Andalous ne s’arrêteront pas là, puisque plusieurs villes du Var et des Alpes-Maritimes furent également prises par les musulmans. En effet, Fréjus, Antibes, et même Nice tomberont entre les mains des Espagnols musulmans. Au début du Xe siècle, les musulmans se dirigeront plus au nord et s’empareront de Grenoble. Ce n’est qu’aux alentours de l’année 972, ou peut-être même quasiment au début du XIe siècle, que les musulmans furent définitivement chassés de la région. Pourtant, la présence arabo-musulmane ne disparut pas de la France moderne avec les Andalous du Fraxinet. En effet, dans le sud-ouest du pays, précisément à Montpellier, une présence arabe est confirmée, au XIIe siècle, par certains documents écrits, et même des preuves archéologiques. Aux alentours de l’année 1120, un document latin – le testament de Guilhem IV, seigneur de Montpellier et d’Aumelas – indique :

« Prohibeo ab haeredibus mei qui Montpempessulanum habebunt ne aliquam bailla ne que dominationem donent in Montepessulano Alicudi Judaeo vel Sarraceno. »

Dans son testament, Guilhem IV semble interdire à son successeur de prendre comme « Bailla », qui désignait une sorte de juge, un Juif ou un « Sarrasin ». Le fait que les Arabes soient mentionnés au même titre que les Juifs démontre qu’il existait une présence arabo-musulmane non-négligeable dans la ville et la région de Montpellier. Des preuves archéologiques, comme nous l’avons dit, ont également été découvertes, ce qui ne peut qu’appuyer encore plus la probable présence musulmane sur le territoire de l’Hérault. En effet, des fragments de stèles funéraires musulmanes furent découverts à Montpellier. Cela indique qu’il existait une colonie arabo-musulmane dans la région, puisqu’il y avait probablement un cimetière islamique destiné à enterrer les morts de confession musulmane.

 Après l’aventure de Bonaparte en Égypte,  le « Phallas » qui faisait route vers la France avait à son bord un certain nombre d’ « Égyptiens », (plusieurs centaines) tous originaires de divers coins du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ; néanmoins, tous étaient lié par une langue commune, la langue arabe, et leur provenance, les zones arabes de l’Empire ottoman. Ces nouveaux arrivants débarquèrent à Marseille : ces derniers furent les premiers immigrés nord-africains  de l’ère moderne installé en France, plus d’un siècle avant les premiers Maghrébins.    Plusieurs siècles plus tard, dans les années 1700, des Égyptiens (certains originaires du Proche-Orient) vivaient également en France, notamment à Marseille et à Paris.[4]  Enfin, pendant la période coloniale, des prisonniers algériens furent également envoyé en France dans les années 1800 pour travailler chez des paysans français[5].

  1. « Ce sont des islamo-racailles. »

Le terme « islamo-racaille » a émergé récemment dans le discours public français, notamment dans les débats sur la diversité culturelle, la religion et l'immigration. Il désigne souvent un groupe supposé de jeunes musulmans, majoritairement issus de l'immigration, soupçonnés d'être impliqués dans des activités criminelles, délictueuses ou violentes, et perçus comme une menace pour les valeurs et la cohésion sociales françaises. Cependant, cette notion est vivement contestée et critiquée par de nombreux chercheurs et activistes, qui la considèrent comme stigmatisante, discriminatoire et nourrissant les préjugés envers les musulmans en France. Pour comprendre le concept d'"islamo-racaille", il est crucial de le replacer dans son contexte socio-politique. La France a été confrontée à des événements marquants tels que des attaques terroristes revendiquées au nom de l'islam, des débats houleux sur la laïcité et le port du voile, ainsi que des tensions socio-économiques dans les quartiers populaires abritant de nombreux immigrés et leurs descendants. Dans ce contexte, certains leaders politiques, médias et intellectuels ont adopté le terme "islamo-racaille" pour désigner les jeunes musulmans soupçonnés de délinquance, de criminalité ou de radicalisation religieuse.

Cependant, sur le plan sociologique, cette notion soulève plusieurs problématiques. Tout d'abord, elle mélange de manière floue les dimensions religieuse et raciale. En assimilant l'islam à la criminalité, elle propage une vision réductrice et stéréotypée des musulmans, les réduisant à leur identité religieuse et les associant à des comportements déviants. En outre, en utilisant le terme « racaille », connoté négativement et parfois teinté de racisme, elle suggère une catégorisation raciale de ces jeunes, insinuant qu'ils appartiennent à une classe sociale inférieure et dangereuse en raison de leur origine ethnique ou religieuse. De plus, le concept d'"islamo-racaille" risque d'aggraver la stigmatisation et la discrimination envers les musulmans en France. En désignant un groupe spécifique de jeunes musulmans comme étant problématiques et nuisibles à la société, il renforce les préjugés et les discriminations à leur encontre. Il pourrait également influencer négativement les politiques de surveillance, de répression et de discrimination à leur égard.

 Eric Zemmour, journaliste, polémiste et ancien candidat malheureux à la présidence française, a affirmé, dans une interview :

 « Ce que je dis c'est que par exemple, à Roubaix, aujourd'hui c'est l'Afghanistan à deux heures de Paris. Et il n'y a pas que Roubaix, il y a Trappes, Viry-Châtillon, Vitry, toutes les banlieues ».[6]

Par ses propos, Éric Zemmour affirme de manière fallacieuse, comme de coutume[7], que les quartiers périphériques des grandes villes françaises sont devenus des territoires « islamiques », et donc des « territoires perdus de la République » régis non plus par la législation française mais par la loi islamique, comme en Afghanistan. Un délire sans nom. La réalité correspond en fait à l’exact opposé, puisque les banlieues françaises sont l’exact opposé de territoires islamiques. En effet, Éric Zemmour et ses compères tenant le même discours fallacieux devraient se renseigner un minimum sur la manière dont les pays régis par la loi islamique traitent la délinquance et la criminalité. Puisque Zemmour ose une analogie entre des villes françaises et l’Afghanistan, commençons par comparer les condamnations dans ces deux pays, afin de voir s’il existe effectivement une quelconque concordance entre les deux législations.

 En 2016, un habitant de Roubaix a été condamné à dix-huit ans de prison pour avoir assassiné son voisin de cent vingt coups de couteau.[8] Le 22 février 2024, en Afghanistan, deux hommes ont été reconnus coupable de meurtre ; les deux criminels ont été condamné à une double exécution en publique. [9]

 Toujours à Roubaix, un homme de 61 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Lille, à cinq ans de prison dont un an ferme pour avoir agressé sexuellement sa belle-fille, une jeune femme de 21 ans définie comme vulnérable.[10]  En 2001, cinq hommes ont été reconnus coupables pour viol collectif dans la ville de Trappes. Les criminels ont été condamnés à trois et deux ans de prison ferme. En 2014, cinq hommes ont été pendus à Kaboul, condamnés pour viol collectif.[11] Mais peut-être qu’Éric Zemmour arrivera à nous expliquer qu’il existe une similitude entre une condamnation à un an, deux ans ou trois ans de prison ferme (avec certainement des remises de peine qui leur permettront de sortir de prison avant la fin de leur peine, comme le prévoit l’article 721 du Code de procédure pénale) pour agression sexuelle et une exécution par pendaison pour une affaire de viol.

 Bien sûr, l’Afghanistan n’est qu’un exemple utilisé pour affirmer que les banlieues françaises seraient des territoires sous domination islamique ; n’importe quel pays islamique (donc régi par la loi islamique) aurait pu être employé : l’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn, etc. Il serait alors judicieux de jeter un œil sur les peines prononcées par ces pays pour des condamnations liées à la drogue, au meurtre ou au viol, et d’opérer une comparaison avec ce qui se passe en France. En 2016, dans la ville de Viry-Châtillon, deux hommes ont été appréhendés pour avoir brûlé vifs des policiers. Ces deux criminels ont été condamnés à une peine de dix-huit ans de prison. En comparaison, en 2020, au Bahreïn, deux hommes ont été condamnés à la peine capitale pour le meurtre d’un policier ayant eu lieu en 2014.

 Un bref tour d’horizon dans les pays islamiques nous permet de constater que les banlieues françaises sont à mille lieues d’être des territoires « islamisés ».

  • Arabie Saoudite

L’État saoudien (pays islamique par excellence) a procédé à l’exécution de dix-sept hommes pour raison lié au trafic de drogue ; cinquante-six autres individus ont été mis à mort pour meurtre.[12] En 2023, l’Arabie saoudite a exécuté, en l’espace de quelques jours, onze personnes, tous reconnus coupables de crimes liés au terrorisme, au meurtre, au viol, aux enlèvement et au trafic de drogue.[13] En 2011, six hommes ont été condamnés à une double amputation (la main droite et le pied gauche) pour grand banditisme.[14]

  • Émirats Arabes Unis

Dans l’un des pays les plus sûrs du monde, trois personnes ont été condamné à la peine capitale pour meurtre et viol.[15] En janvier 2024, un Sri Lankais qui avait assassiné un émirati suite à une dispute financière a été condamné à mort. [16]

  • Bahreïn

En janvier 2017, les autorités du Bahreïn ont condamné à mort trois individus pour le meurtre de trois policiers.[17]

     Oman

 A Oman, une femme de nationalité américaine a été condamnée à la peine capitale en 2004 pour le meurtre de son mari.[18]

  • Jordanie

En janvier 2021, l’État jordanien a condamnée à mort par pendaison un Jordanien pour avoir poignardé huit personnes, parmi lesquelles des touristes étrangers. [19] La même année, six individus ont également été sanctionnés de la peine capitale pour avoir agressé sauvagement un adolescent de seize ans. [20]En mars 2017, quinze personnes ont été condamnées à mort pour terrorisme.[21]

  • Qatar

 En 2021, le gouvernement qatari a ordonné l’exécution d’un citoyen népalais pour meurtre.[22] En 2015, un Qatari a été condamné à mort pour avoir assassiné une enseignante de nationalité britannique.[23]

  • Syrie

 En octobre 2021, le gouvernement syrien ordonne l’exécution de vingt-quatre personnes pour avoir provoqué des feux de forêts criminels en 2020.[24]

  • Iran

 En janvier 2024, un homme a été condamné à mort pour le meurtre d’un policier lors de manifestations.[25]

  • Pakistan

En 2016, le gouvernement pakistanais transmet un rapport faisant état de plus de trois cent exécutions suite à une attaque terroriste dans une école de Peshawar.[26]

  • Indonésie

En janvier 2023, Ferdy Sambo, l’un des plus hauts responsables de la police indonésienne, a été condamné à la peine capitale  pour le meurtre de son garde du corps.[27] En 2021, la police indonésienne a annoncé avoir démantelé un réseau de trafiquants de drogue. Les criminels ont été condamnés à la peine capitale.

[28]

  • Malaisie

En juillet 2022, deux trafiquants de drogue ont été exécutés par pendaison.[29]

Jusqu'à preuve du contraire, sur tout le territoire de la France métropolitaine, que ce soit dans une ville comme Roubaix ou dans les banlieues périphériques telles que Trappes, Vitry, Bondy, Aubervilliers ou Sevran, ce sont bel et bien les lois républicaines qui sont effectives, et non les lois islamiques. À notre sens, en France, lorsqu’un délinquant ou un criminel doit faire face à la justice, c’est devant un tribunal républicain qu’il se présente pour répondre de ses méfaits, et non devant un tribunal islamique. Aussi, eu égard aux sanctions prévues par la charia et appliquées dans les pays islamiques, nous pouvons affirmer sans prendre de risque que, si la charia était réellement appliquée dans quelques « territoires perdus de la République », il n’y aurait ni trafic de drogue, ni meurtre, ni viol au sein de ces zones hexagonales. Justement, et c’est là un paradoxe, il est étrange que les personnes qui se plaignent de la délinquance et de la criminalité au sein des quartiers populaires de France (et même d’Europe) soient les mêmes qui, dans le même temps, se plaignent d’une prétendue « islamisation » de la France. Pourtant, le bon sens voudrait précisément que ceux qui craignent la délinquance devraient se réjouir, voire même militer pour que la loi islamique soit effective dans leur pays, puisque celle-ci est infiniment plus répressive (et donc dissuasive, par définition) que les lois républicaines. Paradoxe, comme le demi-million d’habitants « caucasiens » (Blancs) qui vivent aux Émirats arabes unis, protégés de la délinquance et de la criminalité par la protection que leur apporte la loi islamique…

 Pour conclure, intéressons-nous à ce que disent les sources islamiques sur les principales activités des pseudo-islamo-racailles : le vol, le trafic de drogue, les attaques à mains armées, le meurtre et le viol.

  • Vol

Le Coran, la Sunna et le consensus interdisent le vol, le décrivant comme un acte odieux pour lequel une sanction appropriée est prévue : l'amputation de la main du voleur, comme mentionné dans le verset 5:38 du Coran : « Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en punition de ce qu'ils se sont acquis, et comme châtiment de la part d'Allah. Allah est Puissant et Sage. » Le Prophète Mohammed (a également précisé que cette punition est applicable même pour des vols de faible valeur, comme un quart de dinar ou plus, comme rapporté par al-Bukhari. Le Prophète a maudit le voleur en raison de son rôle de perturbateur de l'ordre social, soulignant que si on le laisse impuni, sa corruption peut se propager à d'autres membres de la société. Ainsi, il a dit : « Qu'Allah maudisse le voleur ; il se fait amputer la main pour avoir volé un œuf ou une corde. »[30]

Un exemple concret de l'application de cette sanction est celui d'une femme noble de la tribu des Makhzoum qui avait commis un vol de son vivant. Lorsque Ussama ibn Zayd a voulu intervenir en sa faveur, le Prophète s'est indigné, soulignant l'importance de l'application des peines prescrites par Allah. Il a même affirmé que si sa propre fille, Fatima, devait commettre un vol, il ne dérogerait pas à cette sanction. Selon An-Nawawi dans son commentaire du Sahih de Mouslim, Shafi'i, Abou Hanifa, Malik et la plupart des érudits estiment que la coupe doit se faire au niveau du poignet, c'est-à-dire entre la paume et l'avant-bras. Al-Qurtubi ajoute que tous les érudits sont d'accord pour dire que la main doit être coupée au poignet, contrairement à la pratique de certains innovateurs qui coupent les doigts de la main à l'exception du pouce.

Coran, Sourate 5, verset 38 : "Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en punition de ce qu'ils se sont acquis, et comme châtiment de la part d'Allah. Allah est Puissant et Sage."

Un autre verset concernant la protection des biens d'autrui nous renseigne sur l’illicéité du vol  : 

Coran, Sourate 2, verset 188 : « Et ne dévorez pas mutuellement et illicitement les biens des autres, et ne vous en servez pas pour corrompre des juges pour leur faire avaler une partie des biens des gens, injustement et sciemment. »

  • Viol

La femme confrontée à une tentative de viol doit se défendre, même si cela entraîne la mort de son agresseur. Il est de son devoir de se protéger et elle ne subit aucune conséquence en tuant celui qui tente de la violer. Cela est attesté dans un hadith rapporté par l'imam Ahmad et Ibn Hibban, dans lequel le Prophète (paix et bénédictions soient sur lui) déclare : "Celui qui est tué en défendant son bien est un martyr, celui qui est tué en défendant sa foi est un martyr, et celui qui est tué en défendant ses proches est un martyr." Le commentaire de cette dernière partie du hadith précise qu'il s'agit de défendre l'honneur de son épouse ou d'une proche parente.

Si un homme est autorisé à combattre au péril de sa vie pour protéger sa femme contre un violeur, il est encore plus légitime pour une femme de se défendre et de ne pas céder à cet agresseur injuste qui menace son honneur, même si cela doit lui coûter la vie. Si elle décède dans ce contexte, elle atteindra le statut de martyr, tout comme son mari qui aurait péri en la défendant. Le martyr est un rang élevé, témoignant de la soumission à la volonté d'Allah et de l'accomplissement de ce qu'Il agrée. Cela montre qu'Allah apprécie cet acte de défense de la part de l'homme pour protéger l'honneur de sa femme et de la part de la femme pour protéger sa vie. Si elle se trouve dans l'incapacité de se défendre et que l'agresseur réussit à la violer, elle n'encourt aucune peine ni sanction ; c'est plutôt l'agresseur qui doit être puni.

  • Attaques à mains armées

Ces crimes perpétués par des gens sans foi font l’objet d’une peine aggravée. C’est ce que les ulémas appellent  peine applicable aux attaques à main armée  ou  peine applicable aux coupeurs de route . Elle est mentionnée dans la parole du Très Haut : La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s' efforcent de semer la corruption sur la terre, c' est qu' ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu' ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l' ignominie ici-bas; et dans l' au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment,  (Coran, 5 : 33).

Le collège des grands ulémas du pays des Deux Nobles Sanctuaires présidé par Cheikh Abd Al Aziz ibn Baz (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a pris à propos de ces crimes une résolution qui se présente comme suit :

« Le collège a pris connaissance de ce que les ulémas ont dit à propos des dispositions légales tournant autour de la nécessité de protéger les cinq priorités et de les entourer des moyens assurant leur sauvegarde. Il s’agit de la foi, de la vie, de l’honneur, de la raison et de la propriété.

 Le collège a pris la pleine mesure des grands dangers liés aux attentats criminels visant les musulmans dans leurs vies, leur honneur et leurs biens et constituant une menace pour la sécurité publique.

Allah le Très Haut et Transcendant a garanti aux gens la préservation de leur foi, de leur vie, de leur honneur et de leur raison grâce aux peines qu’Il a établies pour assurer la sécurité au public et aux privés.

 L’application du verset concernant le brigandage et le jugement prononcé par le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) contre les brigands sont de nature à faire régner partout la sécurité et la stabilité et à dissuader celui qui est tenté de commettre un attentat criminel contre les musulmans. En effet, Allah a dit : La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s' efforcent de semer la corruption sur la terre, c' est qu' ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu' ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l' ignominie ici-bas; et dans l' au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment,  dans la sourate du Plateau (V). Peu importe que ces crimes soient exercés sur la vie, l’honneur ou les biens ou consistent à semer l’insécurité et à couper les routes. Peu importe encore que cela se passe dans les villes, les villages ou en plein désert selon le plus plausible des opinions des ulémas.

 Parlant du temps où il exerçait la fonction de juge, Ibn Al-Arabi dit : « On m’a présenté des brigands qui avaient intercepté des voyageurs et s’étaient emparés d’une femme musulmane malgré son mari et les autres musulmans… Ils l’avaient emmenée.. Ensuite, on les avait poursuivis, arrêtés et ramenés. J’ai interrogé les juristes qu’Allah m’avait fait obligation de consulter. Et ils m’ont dit que les intéressés n’étaient pas des brigands car le brigandage consiste à s’emparer de biens et non à violer. Je leur ai dit : nous sommes à Allah et c’est à Lui que nous retournerons ! Ne savez-vous pas que le viol est plus grave que la saisie des biens ? ! Car tous les gens accepteraient de sacrifier leurs biens pour protéger leurs femmes et filles. S’il y avait une peine plus dure que celle édictée par Allah, elle serait réservée aux violeurs.

Il est rapporté dans les deux recueils de hadiths Sahih  qu’Anas a dit : « Un groupe issu des Ukl arriva auprès du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) et s’installa dans la partie dite Suffa de la mosquée. Et puis ils tombèrent malades à cause du climat de Médine et ils dirent au Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) :

-  Messager d’Allah ! Cherche-nous du lait !

-  Je n’en trouve pas pour vous, à moins que vous n’alliez retrouver les chamailles du Messager d’Allah

 Ils le firent et burent du lait et de l’urine des chamelles, et recouvrirent leur santé et prirent du poids. Et puis ils tuèrent le berger et s’emparèrent des chameaux. Un demandeur de secours alla en informer le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) qui dépêcha des gens à la recherche des fugitifs. Ceux-ci furent rattrapés en milieu de matinée et présentés devant le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui). Ce dernier donna l’ordre de leur brûler le yeux avec des pointes surchauffées, de leur couper les mains et les pieds sans faire arrêter l’écoulement du sang. Ensuite, ils furent jetés sur la terre dite harra où ils demandaient à boire en vain jusqu’à leur mort. » Abou Qilaba dit :  Ils volèrent, tuèrent et livrèrent la guerre à Allah et à Son Messager .

Cela étant, le collège a décidé ce qui suit :

A – Ces crimes d’enlèvement et d’attaque dirigés contre les musulmans de manière ostentatoire constituent une forme de brigandage et de corruption sur terre passibles de la peine mentionnée par Allah.

B – Le collège pense que la particule aw (ou) usité dans la parole du Très Haut :  La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s' efforcent de semer la corruption sur la terre, c' est qu' ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu' ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l' ignominie ici-bas; et dans l' au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment, (Coran, 5 : 33) implique le choix comme le laisse comprendre l’apparence du Saint verset. C’est aussi l’avis de la majorité des ulémas confirmés (Puisse Allah leur accorder Sa miséricorde).

 C – La majorité des membres du collège pense que les juges doivent apprécier la nature du crime et la sanction appropriée. S’ils ont la conviction que le crime constitue un combat livré à Allah et à Son Messager et un effort pour semer la corruption sur terre, ils peuvent choisir de prononcer soit la peine de mort, soit la crucifixion, soit l’ablation de la main et du pied croisés soit l’exil. Is doivent se fonder en cela sur un effort d’interprétation personnel qui tienne compte de la situation du criminel, des circonstances du crime, de son impact sur la société et de l’intérêt général de l’Islam et des musulmans. Si toutefois le brigand a tué, il faudra nécessairement le tuer, selon le consensus raconté par le malékite Ibn al-Arabi.

Selon l’auteur hanbalite d’al-insaf :  cela est indiscutable .

  • Trafiquants de drogue

Le cheikh Abdourrahan al-Baraak a répondu à la question concernant le business du trafic de drogue, l’un des principal « commerce » des racailles de France et d’Europe occidentale. Il dit : «  la propagation du chanvre indien est condamnable religieusement et rationnellement. Voilà pourquoi il faut en informer la police comme on doit le faire à propos des criminels, notamment les tueurs, les voleurs et ceux qui portent atteinte à l’honneur des autres puisque nous sommes d’accord que la diffusion de la drogue est un grand mal. Si le trafiquant du chanvre indien est un musulman, il répand la corruption sur la terre. Il n’agit que contre lui-même. C’est lui qui permet aux mécréants de mettre la main sur lui et le juger selon des lois autres que la charia et partant de lui infliger une peine non établie par Allah. Quant à sa dénonciation, elle procède de la résistance au mal et à la corruption. Ceci ne comporte aucune ambiguïté pour moi ».

  • Meurtre

Dans un Hadith du Sahih de Muslim, nous pouvons lire : « Le Prophète Mohammed (paix et bénédictions soient sur lui) a dit : « Quiconque tue délibérément un croyant, il aura l'Enfer pour éternelle demeure. Allah sera mécontent de lu », le maudira, et lui préparera un châtiment immense à subir."

Nous pouvons conclure ce chapitre par le hadith de Sahih al-Bukhari : Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions soient sur lui) a dit : « Celui d'entre vous qui voit un mal, qu'il le change par sa main. S'il ne le peut pas, qu'il le fasse par sa langue. S'il ne le peut pas, qu'il le condamne en son cœur, et c'est là le degré le plus faible de la foi. »

Mohammed Ibn Najiallah

Sources :

[1] Lire notre essai : Les Néo-Harkis, sociologie des Arabes Collabos. Europa Éditions. 2023

[2] Nous faisons, bien-sûr, référence aux soldats maghrébins morts pour la France lors des deux Grandes guerres.

 [3] Rappelons que la présence des Arabo-descendants n’est pas le fruit d’une conquête, mais est le résultat d’une importation volontaire de l’État français et du patronat de travailleurs immigrés venus des pays d’Afrique du Nord pour palier à l’absence de main-d’œuvre dans l’hexagone après la guerre. La politique du regroupement familial a fini d’achever ce qui devait s’avérer inéluctable : une nouvelle génération de Français allait naitre sur le territoire ; les français d’origine maghrébine.

[5] Lire l’excellent ouvrage de Djamal Kharchi « Colonisation et politique d’assimilation en Algérie ». Casbah Éditions

[6] France Inter. 7 février 2022

[7] Lire notre ouvrage « Les Fables d’Eric Zemmour : Autopsie d’un sophiste. Déconstruction des mensonges d’Eric Zemmour sur l’islam et les musulmans ». Europa Éditions. Janvier 2024

[8] 20minutes.fr. 10 octobre 2016

[9] Amnesty.org 23 février 2023

[10] Lavoixdunord.fr

[11] Medias24. AFP. 8 octobre 2014

[12] RTBF actus. 22 novembre 2022

[13] Amnesty.org 13 mars 2023

[14] Leparisien.fr 18 décembre 2011

[15] Gulf News. One killed policeman and other two were rapists. October 31, 2006 00:00

By Bassma Al Jandaly, Staff Reporter

[16] Ibid.

[17] Peinedemort.org

[18] Ibid.

[19] Ibid.

[20] Ibid.

[21] Ibid.

[22] Ibid.

[23] Ibid.

[24] Ibid.

[25] Ibid.

[26] Ibid.

[27] Ibid.

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] al-Boukhari, chapitre : al-houdoud, 6285)

[1] Mais, dans un soucis évident de cohérence, il faudrait que des pays comme l’Algérie, le Maroc ou le Sénégal cessent de s’approprier les produits franco-français qui finissent par briller sur la scène internationale, notamment dans le cas des sportifs de haut niveau (Zinedine Zidane, Karim Benzema, Samir Nasri, etc.) Si l’Algérie refuse d’accueil les éléments perturbateurs de la société française, à juste titre, par ailleurs, elle devrait alors également refuser d’intégrer des footballeurs français nés et formés en France dans son équipe nationale (Ryad Mahrez, Sofiane Feghouli, Yacine Brahimi, etc.)

[2] Merah : L'itinéraire secret. Alex Jordanov · 2015

[3] Cette sous-culture des banlieues a principalement été créée et promu par des bourgeois n’ayant aucun liens avec les quartiers populaires de France. Pour en savoir plus, lire notre prochain ouvrage « Banlieue bourgeoise ; rap et cinéma, les racines cachées de la culture populaire », prochainement disponible aux éditions Europa.

[4] Le Journal. 25 aout 1900

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Le Petit Journal. 19 aout 1900

[8] Le Peuple français.  4 septembre 1900

[9] Le Voltaire. 19 octobre 1900

[10] Ibid.

[11] Le Courrier du soir. 1er septembre 1900

[12]  L’Intransigeant. 30 novembre 1900

[13] La Gironde. 17 décembre 1900

[14] « Le Journal ». 16 décembre 1900

[15] L’Aurore. 21 décembre 1900

[16] L’Intransigeant. 23 décembre 1900

[17] Le Petit Parisien. 23 décembre 1900

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