L’Université Djillali Liabès de Sidi-Bel-Abbès en Algérie arrive en tête au Maghreb.
Mais qui était le Professeur Djillali Liabès, figure éminente de l’intelligentsia algérienne, tragiquement assassiné le 16 mars 1993, à l’âge de 45 ans.
Né dans une famille profondément engagée pour l’Algérie, il était le benjamin d’une fratrie de six enfants, dont deux frères aînés tombés en martyrs durant la guerre de libération. Trois frères, trois destins sacrifiés pour l’Algérie.
Je garde de lui un souvenir personnel, celui d’un voisin calme et réservé. Nos familles vivaient à quelques pas l’une de l’autre. Je le revois, alors que je n’étais encore qu’un jeune écolier, dans ces froides matinées d’hiver à Sidi-Bel-Abbès, marchant à pas mesurés vers le lycée, emmitouflé dans son manteau gris. C’est cette image simple qui reste gravée en moi.
Universitaire accompli, il est l’un des plus brillants produits de l’Université algérienne postindépendance. En 1971, il rejoint le Centre de Recherche et de Planification, où il dirigera pendant une décennie l’un des projets les plus ambitieux de cette institution : « Le secteur public en Algérie », une étude de fond sur les dynamiques économiques nationales.
Son parcours académique atteint un sommet en 1988 avec la soutenance de sa Thèse de Doctorat d’État intitulée : « Institutions et organisateurs de l'industrie bourgeoise en Algérie : Éléments de sociologie de l'entreprise », un travail de référence qui fait encore autorité dans le champ de la sociologie économique.
Au-delà du monde universitaire, Djillali Liabès a assumé de hautes responsabilités au service de l’État. Il fut ministre des Universités, Directeur du Centre de Recherche en Économie Appliquée pour le Développement (C.R.E.A.D.), puis Directeur de l’Institut National des Études Stratégiques Globales (I.N.S.E.G.).
Son engagement intellectuel et patriotique, sa vision progressiste pour l’Algérie, faisaient de lui une voix respectée, mais aussi une cible. Il fut lâchement assassiné, près de son domicile à Alger, un matin de Ramadan.
Il a laissé derrière lui une famille meurtrie, et un pays qui pleure encore l’un de ses esprits les plus brillants.
Aujourd’hui, alors que l’université qui porte son nom vient d’être fièrement classée première au Maghreb, c’est tout un hommage qui lui est rendu à travers cette distinction. Puisse son parcours inspirer les jeunes chercheurs d’aujourd’hui et de demain.

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