L'islamophobie tue

Les musulmans de France sont devenus le point de convergence de toutes les formes de racisme et de haine. Une islamophobie généralisée imprègne désormais une large partie du discours politique, jusqu’à la caricature, révélant le malaise profond d’une société en crise d’identité et en perte de repères.
Les discours obsessionnels sur l’islamisme, les Frères musulmans et du fantasme quasi-délirant d’une France islamisée, ne servent en réalité qu’à stigmatiser davantage les musulmans, brouillant dangereusement la frontière entre extrémistes marginaux et fidèles paisibles, entre idéologie fanatique et religion millénaire, fondement d’une grande civilisation.
Le modèle culturel, social et politique hérité du passé ne résiste plus aux bouleversements du monde contemporain. C’est là, sans doute, qu’il faudrait chercher les racines du mal : dans l’incapacité à penser un nouveau vivre-ensemble. La tentative illusoire de trouver refuge dans une interprétation dévoyée de la laïcité a conduit à des dérives et des contradictions absurdes. Le discours laïciste s’immisce jusque dans les affaires les plus internes du culte musulman, prétendant dicter aux croyants leur manière de s’organiser, de s’habiller, de se comporter, voire de penser, une trahison manifeste du principe même de laïcité.
Certains continuent à croire naïvement à l’exception française, brandissant une conception rigide et problématique du vivre-ensemble et des principes républicains. Mais les musulmans de France, près de 10 % de la population, refusent d’être les boucs émissaires de cette crise politique, identitaire et sociale.
Droite et gauche, dans un déni massif de leurs responsabilités respectives, ont contribué à l’échec d'un projet de cohésion sociale. Le résultat est sous nos yeux : en France aujourd’hui, on risque la mort pour le simple fait d’être musulman, maghrébin, africain ou, plus largement, migrant.