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Billet de blog 9 février 2010

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France-Algérie: Quand Eric Besson s'improvise ministre des affaires étrangères

C'est avec presque deux mois de retard que la France réagit au projet d'une loi parlementaire algérienne condamnant le passé colonial. La critique française est clamée ce matin par la voix d'Eric Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, sur les ondes de la radio RMC.

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C'est avec presque deux mois de retard que la France réagit au projet d'une loi parlementaire algérienne condamnant le passé colonial. La critique française est clamée ce matin par la voix d'Eric Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, sur les ondes de la radio RMC.

http://podcast.rmc.fr/channel38/RMCInfochannel38.xml

Après avoir pris les préoccupations de préciser - ne pas parler au nom de Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères et ne pas s'immiscer dans la souveraineté de l'Algérie-, Eric Besson déclare : « je regrette, pour ne pas dire je le déplore (...) cette hypothèse serait, à mon avis, de nature à enflammer les relations ». Eric Besson plaide ensuite pour dépasser le passé mais sans oublier « ce qu'il a de bon ou de mauvais du passé », mettant de nouveau en relief le fait que la colonisation ne se départit pas d'un rôle positif. Quant au député PS de de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, questionné sur le même sujet avant le ministre de l'identité nationale, il a estimé que « c'est la réponse du berger à la bergère » évoquant ainsi la loi du 23 février 2005 du parlement français sur le « rôle positif de la colonisation ».


Ce projet de Moussa Abdi, député du FLN, le parti majoritaire au parlement, signé par 125 parlementaires de différentes sensibilités politiques, pourrait être voté au printemps prochain. Déposé sur la table du président de l'Assemblée, Abdelaziz Ziari, ce document comporte 15 articles, portant sur le passé colonial de la France en Algérie. Des indemnités sur la totalité de la période coloniale (1830-1962), seraient demandées à la France par l'Algérie, en suivant l'exemple libyen qui a obtenu des réparations de l'Italie en 2008. Alger réclamera aussi l'indemnisation des victimes des essais nucléaires de l'armée française, effectués à Reggane au Sud du pays, entre février 1960 et Avril 1961. Ce projet de loi inclut également un chapitre concernant la traduction devant les instances internationales des criminels de guerre, se basant sur les conventions de Genève.


« Le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », du deuxième alinéa de l'article 4 de la loi du 23 février 2005, voté par le parlement français, puis retiré par l'ancien président Jacques Chirac, après la vive polémique qu'il avait suscitée, n'a pas été du goût de l'Algérie. La question de la colonisation ne cesse de ressurgir des deux côtés de la Méditerranée. Cette loi incriminant officiellement le passé colonial de la France est la première du genre depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. Bien que la première démarche du Parti Ennahda de proposer une loi sur le passé colonial ait échoué en 2005, plusieurs députés algériens n'ont pas abandonné l'idée, notamment après la fameuse loi française de 23 févier 2005.

Les propos d'Eric Besson surviennent après une série de refus de l'Algérie de recevoir des ministres français. Bernard Kouchner reste pour l'instant muet sur ce sujet et sur son voyage annulé en janvier dernier par l'Algérie, silence qu'a rompu Eric Besson.


Mohammed Yefsah

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