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Billet de blog 16 janvier 2010

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Tunisie : Un autre journaliste condamné à la prison

Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été condamné le 13 janvier dernier, à quatre ans de prison ferme par le Tribunal de Gafsa. Fahem Boukadous a été parmi les rares, voire l'unique reporter à avoir couvert, au premier semestre 2008, la révolte populaire du bassin minier de Gafsa, pour la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi. Ceci n'était pas du goût du régime tunisien.

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Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été condamné le 13 janvier dernier, à quatre ans de prison ferme par le Tribunal de Gafsa. Fahem Boukadous a été parmi les rares, voire l'unique reporter à avoir couvert, au premier semestre 2008, la révolte populaire du bassin minier de Gafsa, pour la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi. Ceci n'était pas du goût du régime tunisien.

Il est à rappeler que cette région du sud tunisien, notamment la ville Reydef, située à 400 kilomètres de Tunis, a été quadrillée par les forces de l'ordre, durant presque six mois. Les journalistes étaient systématiquement refoulés pour ne pas donner d'information. La révolte s'est soldée par la mort de deux jeunes et l'arrestation d'une centaine de personnes, dont une trentaine condamnées, en décembre 2008, à de lourdes peines allant de 2 ans à 10 ans de prison.

La répression de ce mouvement populaire a soulevé une campagne d'indignation et de solidarité avec les prisonniers, dont une majorité sont des syndicalistes et animateurs du mouvement social, lancée au niveau national et international. Le président Zine El-Abdine Ben Ali, en entamant son cinquième mandat, leur a ainsi accordé, le 24 novembre 2009, une grâce présidentielle sous forme de liberté conditionnelle. Mais cette grâce n'a pas touché les condamnés par contumace, dont le président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives (FTCR), Mouhieddine Cherbib et le journaliste Boukadous, condamnés respectivement à 10 ans et 6 ans de prison ferme.

En effet, Boukadous, accusé de « constitution d'association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens », a fait appel de son premier jugement. Il a vu alors la confirmation, en février 2009, de sa peine par le tribunal de Gafsa. Le 24 novembre de l'année passée, après sept mois de clandestinité, Boukadous se présente de son propre grès aux autorités, en espérant avoir un jugement équitable et confiant pour n'avoir fait que son travail de journaliste. Or la justice ne l'a pas entendu de cette oreille et le régime ne lui a pas pardonné d'avoir donné des informations proches de la réalité à la différence de celles diffusées par les médias proches du pouvoir.

« Cette décision est tout simplement scandaleuse. C'est la première fois que les accusations ne portent que sur les activités professionnelles d'un journaliste. D'habitude, les autorités tunisiennes utilisent des mascarades judiciaires », a dénoncé Reporters sans frontières. Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT), espère « que la procédure d'appel qui doit être lancée aboutira à un jugement cette fois équitable », tout en exigeant « la libération immédiate » du journaliste .

Cette nouvelle condamnation vient donc allonger le nombre de journalistes emprisonnés en Tunisie, dont Zouheir Makhlouf et Taoufik Ben Brik. La famille de ce dernier a entamé une grève de la faim, depuis le 06 janvier, afin d'alarmer l'opinion publique sur la dégradation de l'état de santé du journaliste, atteint du syndrome Cushing, maladie qui attaque le système immunitaire et qui nécessite un suivi médical rigoureux. L'épouse de Taoufik Ben Brik, Azza Zarrad, actuellement en France, a sollicité une audience auprès du président Nicolas Sarkozy afin de lui demander de « convaincre Ben Ali de respecter ses engagements en matière de droits de l'homme ».

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