Que l'on soit favorable ou non à l'UE et à la zone euro ne nous empêche pas de soutenir les Grecs et leur gouvernement, aujourd'hui confrontés à l'hydre mauvaise.
La situation est confuse, et comment pourrait-il en être autrement, vu que nous sommes entrés dans une période inédite de l'histoire européenne, avec des informations, des contre-informations, des "story telling" très contradictoires selon que nos regards portent du côté de la Grèce ou du côté des institutions de l'euro zone.
Le gouvernement grec, hier, a déclaré à l'UE qu'il acceptait ses dernières propositions, mais à condition que la dette soit restructurée (comme le préconisent un grand nombre de spécialistes de l'économie et de politiciens). Du coup des médias eurozone-compatibles ont supposé que Tsipras était en train de plier, ce qui n'est pas le cas. Il tend plutôt à souligner qu'il est allé aussi loin que possible dans la négociation, et qu'un Niet (ou plutôt un Nein) lui avait été sans cesse opposé. En attendant, la Grèce a fait défaut hier sur le remboursement du FMI auquel elle devait procéder.
Un referendum est prévu dimanche en Grèce si rien d'ci là n'a changé. Les citoyens sont appelés à décider s'ils sont prêts à accepter la poursuite de l'austérité qu'impliquent les conditions de l'euro zone, ou s'ils les refusent. Tsipras a signifié qu'en cas de Oui, il quitterait son poste. Il a également signifié que le référendum pourrait être évité si les institutions de l'euro zone acceptaient de négocier, ce a quoi s'est opposé le gouvernement Merkel. Un responsable de Die Linke a dit à Merkel que son objectif semblait être de faire tomber le gouvernement de gauche en Grèce, et que la chute de l'euro nuirait fortement à l'Allemagne.
Aujourd'hui une pétition en faveur de la Grèce circule. On peut remarquer qu'elle est signée par des personnes de tous les bords politiques.
Adressée à Aux gouvernements et dirigeants des institutions de la zone euro
Sauver la Grèce, c'est sauver l'Europe
Marianne Magazine France
Qu’on y prenne garde : au-delà du cas grec, de la responsabilité des dirigeants de ce pays et de la nécessité d’y mettre en place des solutions structurelles, c’est l’idéal européen même qui est aujourd’hui en question.
Si les opinions retiennent de cette crise que l’expression démocratique d’un peuple ne compte pour rien et que des institutions aveugles sont seules habilitées à imposer, par-dessus la tête du citoyen, des solutions quasiment non négociables même si elles ont échoué dans le passé, l’image de l’Europe n’y survivra pas. Et il faudra ramasser deux cadavres : celui de la Grèce et celui de l’idée européenne…
>>> Les premiers signataires :
Michel Aglietta, économiste, professeur à l’université Paris-X
Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale
Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes
Philippe Besson, écrivain
Jean de Boishue, ancien ministre, ancien conseiller de François Fillon à Matignon
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, député de Paris
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, président de République moderne
Benjamin Coriat, économiste, professeur à l’université Paris-XIII
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, conseillère régionale d’Ile-de-France
Julien Dray, vice-président PS de la région Ile-de-France
Nicolas Dupont-Aignan, député, président de Debout la France
Aurélie Filippetti, ancienne ministre, députée PS de Moselle
Cynthia Fleury, philosophe
Henri Guaino, député LR des Yvelines
Jérôme Guedj, conseiller départemental PS de l’Essonne
Benoît Hamon, ancien ministre, député PS des Yvelines
Yannick Jadot, député européen EELV
Corinne Lepage, présidente de Cap 21 le Rassemblement citoyen, ancienne députée européenne
Jean-François Kahn, journaliste, cofondateur de Marianne
Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France
Catherine Kintzler, philosophe
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
Pierre Larrouturou, conseiller régional d’Ile-de-France, fondateur du parti Nouvelle Donne
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris
Joseph Macé-Scaron, directeur de la rédaction deMarianne
Dominique Méda, philosophe
Jean-Pierre Mignard, avocat au barreau de Paris
Arnaud Montebourg, ancien ministre, vice-président d’Habitat
Pierre-Alain Muet, député PS du Rhône
Christian Paul, député PS de la Nièvre
Jean-Vincent Placé, sénateur de l’Essonne, président du groupe écologiste au Sénat
François de Rugy, député de Loire-Atlantique, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale
Danièle Sallenave, écrivain, membre de l’Académie française
Thomas Piketty, économiste, professeur à l’Ecole d’économie de Paris
Rama Yade, ancien ministre, conseillère régionale UDI d’Ile-de-France
ADRESSÉE À
Aux gouvernements et dirigeants des institutions de la zone euro
Sauvons les Grecs pour sauver l’Europe