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Billet de blog 6 septembre 2015

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Quelques propos de Yanis Varoufakis

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Résumé d'une interview de Yanis Varoufakis dans le journal belge L'Écho, réalisée par Pavlos Kapantais.

Sur les élections grecques du 20 septembre 

 -  Yanis Varoufakis ne se présentera pas aux élections du 20 septembre car il devrait le faire avec un parti. Or "Je ne vais pas créer un parti juste pour être élu et je ne vais pas non plus me présenter avec un parti doté d’un programme auquel je n’adhère pas, juste pour me retrouver au Parlement. Je n’adhère ni au programme du Syriza ni à celui d’Unité Nationale . Je ne peux donc pas être candidat. C’est aussi simple que ça" .

"On ne peut pas s’unir juste sur un rejet commun. Avec le Syriza, même si j’avais des points de désaccord sur lesquels je m’étais d’ailleurs exprimé publiquement, j’étais en accord avec le "noyau" du programme présenté. Aujourd’hui, je ne suis en accord avec aucun des partis qui se présentent."

- Il ne sait pas encore pour qui il va voter: "Je ne sais pas, car honnêtement, je n’ai pas encore décidé. Mais comme je me sens responsable envers tous les gens qui ont voté pour moi en janvier (avec 140.000, Varoufakis a été élu avec plus de voix que tout autre député grec aux législatives de janvier 2015), je dis une seule chose: votez pour qui vous voulez, mis à part pour les partis qui ont voté en faveur de cet accord inadmissible et pour Aube Dorée". 

À propos de l'avenir de la Grèce au sein de l'UE et de la zone euro 

" Il y a un paradoxe monumental au cœur de l’Union européenne. Celui-ci se décline en trois parties. D’abord, c’est la première fois de l’histoire de l’humanité que des créanciers imposent des conditions qui, de fait, leur assurent de ne jamais revoir leur argent. Deuxièmement, il y a en Grèce un peuple qui veut, dans sa grande majorité, absolument rester dans la zone euro, mais qui en même temps rejette de manière tout aussi absolue les conditions qui lui sont imposées pour cela. Au même moment, en Allemagne, dont le gouvernement est responsable des conditions imposées à la Grèce, vous avez une grande majorité qui veut que la Grèce reste dans la zone euro mais en appliquant les termes de cet accord. Troisièmement, cet accord, et le programme qui va avec, est tellement aberrant que même s’il était mis en application par Dieu lui-même aidé de ses Archanges, il ne pourrait pas réussir. Ces trois parties du paradoxe sont tellement intimement liées qu’elles ne peuvent être résolues qu’ensemble. Le système politique grec ne peut pas résoudre ce puzzle à lui tout seul. Tôt ou tard, il devra être résolu à travers les institutions européennes tant pour la Grèce que pour l’Europe". 

Sur le référendum du 5 juillet: 

"Une fois le référendum annoncé, au-delà des interventions télévisées d’Alexis Tsipras, nous n’avons pas fait campagne! J’avais prévu d’intervenir dans plusieurs meetings à travers le pays en faveur du "non", ceux-ci ont tous été annulés! Il n’y a aucun doute: le référendum a été organisé pour être perdu et permettre au gouvernement d’accepter un mauvais accord sous la couverture de la "volonté du peuple grec". Mais, contre toute attente, le peuple grec n’a pas plié…"

"Une fois le référendum annoncé, des membres très haut placés de notre équipe gouvernementale restreinte (qui était responsable des négociations), m’ont dit "ce référendum c’est notre issue de secours". Ils voulaient une victoire du "oui" pour changer de ligne politique et accepter l’offre des créanciers sans perdre la face auprès du peuple. Je ne peux pas être sûr de ce que pensait Tsipras lui-même."

Sur l'état de la Grèce aujourd'hui 

"Aujourd’hui, la Grèce se trouve dans une impasse. C’est logique: la stratégie du Syriza qui prévoyait une négociation très dure jusqu’au dernier moment était la seule capable de nous sortir de là. Nous ne l’avons pas fait. Les gens qui nous ont crus et ont voté pour nous en janvier et tous ceux, plus nombreux, qui ont ensuite voté "non" au référendum ont été trahis. Les Européens ont noyé "le printemps d’Athènes" et on les a laissés faire…"

Sur le réseau de citoyens européens qu'il veut créer

"J’essaie de créer, au niveau européen, un réseau pour les citoyens européens inquiets de ce qui est en train d’arriver en Europe: la mise en place d’une austérité dure et paneuropéenne qui altère la nature même de l’Union. La plus grande économie mondiale ne peut pas être gouvernée par une équipe digne du Moyen-Âge, et un Eurogroupe qui se réunit, délibère et décide en privé sans publier même un compte rendu et sans avoir à rendre des comptes à quiconque! Les citoyens européens n’ont même pas le moyen de savoir ce qui se dit à ces réunions! En plus, au-delà du déficit démocratique évident, ce type de procédé fait que les décisions prises sont mauvaises et économiquement catastrophiques et font que l’UE est aujourd’hui le grand malade de l’économie mondiale"

Le but de ce réseau sera " d’étudier et de trouver des moyens de démocratiser la zone euro: c’est une nécessité absolue. Une fois que des positions consensuelles sur la manière de procéder seront trouvées, on pourra voir comment cela pourra s’exprimer politiquement pays par pays".

 http://www.lecho.be/economie_politique/europe_general/La_Grece_se_trouve_dans_une_impasse.

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