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Billet de blog 12 septembre 2015

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Jeremy Corbyn à la tête du Labour

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Royaume-Uni : le Labour vire à gauche en élisant Jeremy Corbyn

© .JUSTIN TALLIS/AFP

Le Labour, parti d'opposition travailliste britannique, a désigné son nouveau chef de file, le Londonien Jeremy Corbyn, connu pour ses positions  à gauche

Boutant  l'héritage libéral de Tony Blair, le parti d'opposition travailliste britannique a résolument décidé de changer sa trajectoire politique. Le Labour a élu samedi pour nouveau chef de file le Londonien Jeremy Corbyn. La campagne pour les primaires "a montré que notre parti et notre mouvement, passionné, démocrate, divers, était uni et résolument déterminé dans notre quête pour une société meilleure et juste pour tous", a-t-il déclaré.

Favori des sondages et des bookmakers pendant la campagne des primaires, Corbyn l'a emporté avec 59,5% des voix face à ses trois rivaux, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall, selon les résultats annoncés à Londres lors d'un congrès exceptionnel du Labour, principal parti d'opposition britannique. Selon des responsables du Labour, le taux de participation des primaires a atteint 76,3%, pour un collège électoral composé de 550.000 personnes. La candidate blairiste, Liz Kendall, n'a obtenu que 4,5% des voix. 

Jeremy Corbyn est né en 1949 à Chippenham (ouest) d'un père ingénieur et d'une mère enseignante dont il a adopté les positions anti-militaristes. Député de la circonscription londonienne d'Islington-Nord depuis 1983, il est  végétarien,  ne boit pas d'alcool, cultive son propre jardin et se déplace à vélo.

Son programme politique est résolument contre l'austérité et contre TINA et défend toutes les valeurs de gauche oubliées par beaucoup.  Il est pacifiste, pro-palestine,  pro-renationalisation des entreprises, pro-désarmement nucléaire, anti-militariste, anti-libéral, anti-gros-salaires-des-grands-patrons…  En août, Blair a déclaré  "S’il remportait l’élection, le Labour ne serait pas seulement battu mais anéanti".

Mais comment ce politique, encore inconnu avant l’été, détesté par une grande partie des travaillistes, a-t-il réussi à séduire son électorat? La politique, il connaît, puisqu’il est député du quartier d’Islington, dans le nord de Londres depuis 1983. Corbyn n’a pas non plus mené une campagne tonitruante à grand renfort de communicants hors pair, ses meetings se font "à l’ancienne", "sans live-tweets, et sans petites phrases choc", écrit "Le Monde". Il ressemble plus à un "has been total", comme le désignent certains travaillistes.

Mais il est authentique, selon ses partisans. Un autodidacte de la politique, amoureux fou de la cause du peuple, non-issu des grandes écoles à la Cambridge, convaincu et surtout intègre. Son parcours public, pourtant atypique, est sans tache. Pas un tabloïd britannique, même le "Sun", pourtant très efficace lorsqu’il s’agit de trouver de vieux scandales enfouis, n’a pu mettre la main sur une casserole. 

Il a arrêté ses études à 18 ans, mais il est resté un littéraire dans l’âme qui dévore George Orwell et Robert Tressell. Il s’est engagé contre la guerre au Vietnam, contre l’apartheid sud-africain, et n’a jamais caché son amitié pour le Sinn Fein nord-irlandais.

"C'est rare de rencontrer un homme politique aussi stimulant et qui donne une telle énergie aux gens. Loin des petits jeux politiques où on s'insulte en comptant les points. Ici, on parle vraiment de politique. Jeremy a mené une campagne pleine d'espoir, l'espoir d'un changement", a déclaré à l'AFP un de ses partisans, James, 24 ans, lors du meeting d'Islington. Les électeurs semblent apprécier sa simplicité. "Il parle comme un être humain, de choses qui sont concrètes à mes yeux", a expliqué une jeune femme qui dit avoir mis son dernier bulletin Labour dans une urne "en se bouchant le nez".

Jeremy Corbyn a réussi à séduire une jeunesse découragée par l’austérité et la précarité de l’emploi au Royaume-Uni, par son discours social, mais il a aussi rallié des voix grâce à son opposition à la guerre en Irak et à son intention d'associer le Hamas et le Hezbollah aux pourparlers de paix au Proche-Orient. Cette semaine, Corbyn a même salué l'attitude de l'Allemagne, qui s'attend à recevoir 800 000 demandeurs d'asile en 2015. 

Son premier acte public en tant que leader du Labour est de rejoindre aujourd'hui  la manifestation londonienne en faveur des réfugiés. 

Un article publié il y a trois jours par Romaric Godin analysait quelques-unes des raisons de son ascension politique: 

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/royaume-uni-pourquoi-jeremy-corbyn-a-seduit-les-travaillistes-503499.html

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