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Billet de blog 13 octobre 2014

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L’HÔPITAL FRANÇAIS EST EN VOIE DE DISPARITION

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ceux qui travaillent dans les hôpitaux l’ont compris depuis un bon moment : l’hôpital français est menacé de disparaître. Comme il est décrit et stipendié comme étant  « trop cher pour les finances publiques », les gouvernements successifs ont réduit  ses budgets,  privilégié l’administratif sur le médical, ce qui a rendu son fonctionnement de plus en plus difficile, compromettant la sécurité même des soins.  

Les choses se précisent et s’accélèrent.

Dans la revue de presse médicale Mediscoop du 10 octobre, il est écrit ceci  :

 « Une opération coûte moins cher à la clinique qu’à l’hôpital »
Le Figaro, Le Parisien

Le Figaro évoque une « nouvelle pierre dans le jardin des hôpitaux publics ». Le journal observe ainsi que « contrairement aux idées reçues, le coût d'une opération chirurgicale serait moindre en clinique qu'à l'hôpital, même en prenant en compte les dépassements d'honoraires du chirurgien ».

Le quotidien cite une étude qui vient de paraître dans la revue Droit social, pour le syndicat des chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens libéraux Le Bloc, qui indique que « les tarifs des interventions du secteur privé, dépassements d'honoraires compris, sont inférieurs de 8% en moyenne à ceux du secteur public ». « Seule exception, l'Île-de-France, où le privé reste plus cher », relève Le Figaro.

Le journal précise que « si les cliniques sont plus économiques pour la collectivité, le patient peut percevoir l’inverse. En effet, si le public est plus cher, c’est parce que les actes chirurgicaux qu’il facture à l’Assurance-maladie, et dont le patient n’a jamais connaissance, sont jusqu’à 30% supérieurs à ceux des cliniques ».

« En revanche, les dépassements d’honoraires, plus fréquents dans le privé, sont payés directement par le patient ou par sa complémentaire santé », poursuit le quotidien.

Le Figaro ajoute que « le syndicat défend depuis des années que les chirurgiens n’ont pas le choix et qu’ils sont obligés de facturer des dépassements d’honoraires pour couvrir leurs charges. Leur étude tend à prouver leurs dires ».

Le journal cite Philippe Cuq, président du Bloc, qui « proteste » : « Nos revenus sont inférieurs à ceux de certaines autres spécialités médicales, comme la cardiologie, alors que le risque lié à notre pratique est supérieur et que nos études sont plus longues ».
Le Figaro observe que le syndicat « ne publie pas cette étude par hasard. Dans son projet de loi santé, […] Marisol Touraine entend interdire les dépassements d’honoraires aux cliniques qui accueillent un service d’urgences. Paradoxe, les hôpitaux publics pourront, eux, toujours laisser leurs médecins pratiquer des tarifs libres ».

Le quotidien explique enfin que « si l’hôpital public est plus cher, c’est pour une multitude de raisons. Dans un rapport récent la FHF met en cause les «effets délétères sur la situation des établissements» du passage aux 35 heures ».

Le Parisien remarque également que « l’hôpital privé coûte moins à la Sécu que le secteur public. […] Une étude portant sur les actes de chirurgie, d’anesthésie et d’obstétrique montre des différences de compétitivité entre secteurs public et privé suivant les interventions ».

Le journal estime que « c'est une petite bombe qui ne va pas manquer d'alimenter la polémique sur les dépassements d'honoraires des médecins des cliniques et celle sur le vrai coût des soins dans le secteur privé ». Le quotidien note que les chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens libéraux « réclament une revalorisation des tarifs de leurs actes, bloqués de longue date ».

Jean Marty, coprésident du Bloc, précise que « l’étude porte sur 48 actes les plus fréquents et les plus intéressants à comparer ». Le Parisien relève ainsi que « sur ces 48 actes, le secteur public est moins cher dans 15 cas, le privé dans 33. Par exemple, le public est bien plus compétitif sur les pontages coronariens (-42,5%), mais il est 56% plus cher pour traiter une fracture inférieure de l’avant-bras ».
« Si l’on observe les montants remboursés par la seule Assurance-maladie, […] il n’y a que 3 cas où le secteur public est moins coûteux 
», poursuit le journal.

Le quotidien note enfin que selon cette étude, les dépassements d’honoraires « sont en moyenne 38,27% du tarif de Sécurité sociale. Mais à part les interventions dans le domaine de l’esthétique, les dépassements sont – en moyenne – plutôt modérés ». 

Aujourd’hui, la Revue Mediscoop enfonce le clou.

 Daniel Rosenweg indique dans Le Parisien que « dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale [PLFSS], des innovations sont à l'étude. A la clé, des répercussions très concrètes pour les patients ».

Le journaliste souligne ainsi que « le PLFSS pour 2015 sera examiné cette semaine par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée. Un projet qui prévoit 3,2 milliards d’euros d'économies », et observe que « le nouveau plan de financement de la Sécu devrait proposer une série de mesures pour développer la chirurgie ambulatoire ».

Daniel Rosenweg note que « le ministère de la Santé et l’Assurance-maladie attendent beaucoup de la chirurgie ambulatoire : on entre le matin se faire opérer, on ressort le soir même. Cependant, certains patients qui habitent loin de l’hôpital se trouvent alors sans surveillance ».

Le journaliste relève que « des hôtels hospitaliers ont déjà fait leur apparition, mais ces structures, plus économiques qu’une chambre d’hôpital (environ 50 € la nuit au lieu de 1250 €, selon les calculs du député [Olivier Véran, rapporteur du volet Assurance-maladie du PLFSS]), sont à la charge du patient ».

Le député « va donc déposer un amendement pour expérimenter la construction d’hôtels hospitaliers, comprenant par exemple une infirmière 24 heures sur 24. Ils seraient financés par le fonds d’investissement régional. Le prix de la nuit serait pris en charge par l’Assurance-maladie », poursuit Daniel Rosenweg.

Le journaliste évoque en outre la « suppression des franchises et des forfaits pour l’ACS » (aide à la complémentaire santé) proposée dans un autre amendement, relevant que « sans s’engager, la ministre de la Santé n’a pas fermé la porte à cette idée que défendra la rapporteur ».

→ Le projet semble donc clair: il s'agit de faire assumer un grand nombre d’actes de chirurgie aux seules cliniques privées,  de renvoyer les patients aussitôt que possible chez eux et, dans le cas où ils résident loin, de les héberger en « hôtel hospitalier ».

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