Mavrikakis
« Les derniers jours de Smokey Nelson ». C’est un livre que j’ai reçu en cadeau pour Noël. Après les premières pages, un peu rudes et difficiles à suivre, j’ai adhéré totalement à cette lecture. Ce n’est pas une description morbide des derniers jours, d’un condamné à mort en Georgie ,qui doit être , comment dire, exécuté, tué supprimé, électrocuté après dix neuf années dans les couloirs de la mort. Smokey Nelson n’apparaîtra que très peu dans le livre , ne s’exprimera que très peu, on ne saura rien d’essentiel de sa bouche. Les dernières pages du livre lui sont réservées pour qu’il ne nous dise rien, qu’il n’avoue rien, qu’il ne se justifie ni ne s’excuse de rien. Ce n’est pas très important car Mavrikakis lui avait auparavant donné une « humanité » qu’il n’aurait pas réussi à se forger. En effet on apprend d’une façon très rapide qu’il a commis un quadruple meurtres : deux enfants et leurs parents dans un motel de Atlanta et que ce meurtre était particulièrement atroce. Ces derniers jours ,Smokey n’est pas le seul à les vivre . D’abord, Sydney blanchard un Louisianais qui se croit la réincarnation de Jimi Hendrix, qui ne peut aligner deux pensées à la suite, qui discute sans cesse avec son seul amour : sa chienne Betsy. Lui il ne connaît pas directement Smokey mais leur destinée ont été mêlée puisque Sydney parce que noir et c’était bien suffisant aux yeux de la police de Georgie, a été accusé au début à la place de Smokey et n’a été disculpé que par la témoignage de Pearl Watanabe, la femme de chambre du motel qui a découvert les cadavres et qui avait tenu avant sa macabre découverte une conversation très agréable avec l’assassin, rencontre qui l’a troublée pour toute sa vie. Smokey , reconnaît la chance qu’il a eu que Pearl le disculpe . Il retourne chez ses parents pour réfléchir à ce qu’il va faire de sa vie . Ces dix neuf années il ne les a pas passées en prison comme Smokey mais il n’ en a rien fait. Pearl, elle, a été troublée par Smokey, sa beauté …Elle ne s’explique pas qu’il ne l’est pas tuée pour s’échapper, il en avait l’opportunité. Depuis 19 ans plus que les souvenirs sanglants, c’est cette interrogation qui la hante. Elle est convaincue que Smokey n’était pas le monstre que les journaux décrivent . Si elle était arrivée plus tôt à son boulot, tout aurait pu être différent. Ray, la troisième personne-témoin du roman, est le père de Sam qui a été assassinée de façon tellement bestiale dans ce motel avec toute sa famille. Lui est très présent dans le livre mais pourtant il ne parle pas car c’est Dieu dans sa tête qui parle, tire les ficelles. C’est la voix de Dieu qui occupe ses pensées. Un Dieu terrible, raciste comme l’est ce sud, violent, soutenant les organisations kukluklanesques, appelant à la vengeance , à la mort des noirs. Ray et sa famille sont sous sa coupe totalement. Ray va assister avec jubilation, espoir à l’exécution de Smokey. Mavrikakis montre très bien cette violence, la place des armes dans cette société : Ray et son fils ont un arsenal quasi guerrier à la maison et la fille de Ray était une passionnée d’armes et de chasse. La mort de Betsy, seul amour de Sydney, tuée au fusil sur le parking d’un restaurant par un client qui ne supportait pas les aboiements est suivi par celle de Sydney. Ce qui m’a troublée dans ce livre c’est que Nelson ne meurt pas tout seul. Ray après avoir cru que la mort de Smokey le libèrerait meurt d’un infarctus dans son lit , Pearl se suicide et Sydney est victime de la violence ordinaire. Smokey n’avait rien à dire. Tout avait été dit.
Monique Arcaix