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Billet de blog 15 décembre 2016

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Catholiques, vraiment?

Le candidat Fillon, et son entourage de grands patrons et autres assureurs, et beaucoup de ses électeurs de la primaire déclarent être « catholiques pratiquants ». Qu’est-ce à dire ?

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Le candidat Fillon, et son entourage de grands patrons et autres assureurs, et beaucoup de ses électeurs de la primaire déclarent être « catholiques pratiquants ». Qu’est-ce à dire ?

Est-ce que c’est être catholique convaincu (je veux dire qui traduit dans sa vie les obligations de sa foi) que d’accepter pour soi-même des salaires exorbitants et de considérer que les ouvriers de France sont trop payés ? Est-ce que cela est rigoureusement cohérent avec le message de l’Évangile – et accessoirement avec le message permanent de l’actuel pape – qui réclame pour les malheureux, les pauvres, les opprimés, les réfugiés une attention prioritaire ?

Est-ce que l’Évangile ne dit pas quelque part qu’il est plus difficile pour un riche d’entrer dans le royaume de Dieu qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille ? Le Christ – dont ils se réclament – n’a-t-il pas dit : « Laisse tout et suis moi » ?

Est-ce que c’est être catholique convaincu que de considérer l’argent comme une valeur de référence pour une existence et de prôner l’organisation d’une société de rebut (Cf. Pape François) pour tous ceux qui ne sont pas « riches » d’argent, mais seulement de valeur humaine ?

Est-ce que c’est être catholique convaincu que de vouloir jeter aux orties le principe de précaution et d’abandonner la planète – et ses habitants – aux décisions des grands groupes industriels qui n’ont que le souci du profit immédiat et jamais celui de l’habitabilité pérenne de notre planète ? Ont-ils seulement lu « Laudato Si » ?

Est-ce que c’est être catholique convaincu que d’abandonner les valeurs somme toute chrétiennes de la République « Liberté, Égalité, Fraternité » pour y substituer un entre soi « Travail, Famille, Patrie » qui sent bon son pétainisme ? Est-ce que ces gens-là ne nous refont pas le coup de Munich et de 1939 qui les ont vus s’aligner de préférence sur les puissances fascistes pour s’opposer au monde du travail de leur pays ?

Est-ce que c’est être catholique convaincu que de ne s’occuper obsessionnellement que de ce qui se passe dans la culotte, obsession qui remplace – et pour cause – le discours des Béatitudes ? « Qui suis-je, disait encore François, pour juger un homosexuel ? ».

Comme toujours, comme sous la Restauration, le Second Empire, la Commune, la République, les « catholiques pratiquants » sont précisément ceux qui ne pratiquent pas, ceux qui certes vont-à-la-messe mais qui ont abandonné, n’ont même jamais eu l’intention de suivre le message de leur Église, le message d’amour du prochain, de compassion, de solidarité prioritaire. Il leur paraît bien plus important de savoir qui couche avec qui : voilà à quoi ils ont réduit le Message ! Les prétendus « catholiques » ont lié la cause de l’Église à celle de la Bourgeoisie. Pour y réussir ils se sont efforcés de réduire le plus possible le rôle social du christianisme, d’en faire une simple question de discipline intérieure, une morale privée qui ne règle plus guère, en somme, que les rapports de chaque bourgeois dévot avec son confesseur, une religion si rigoureusement privée qu’elle ne serait faite ni pour les hommes politiques, ni pour les commerçants : la politique, c’est la politique et les affaires sont les affaires ! Pas de religion là-dedans !

Est-ce qu’il n’y aura pas une Excellence, un Révérend Père ou un simple prêtre pour les tirer par la manche et leur rappeler que leur engagement par le baptême est autre chose que la défense égoïste de leurs intérêts matériels ? Ou bien les dignitaires de l’Église accepteront-ils de bénir ces « chrétiens-là », comme ils ont presque toujours béni les puissants et les riches ? Le pape François doit se sentir bien seul qui pense que le respect et l’aide aux plus démunis et aux plus vulnérables dans une société sont les critères fondamentaux de la justice sociale. Chers « frères », est-ce que les peuples d’Europe, et les Français en particulier, ne méritent pas mieux que la dictature plus ou moins hypocrite de l’Argent ?

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