Le combat était pourtant vertueux. Avec la multiplication des chaînes d’info et des débats et talks show quotidiens sur les chaînes généralistes, les plateaux des chaînes d'information et/ou de débat sont devenus une terre d’accueil pour tous les “experts”, grands témoins, éditorialistes, tous les “logues” ( sociologues, psychologues, ethnologues …etc), et tous les universitaires de France.
Souvent les productions vont piocher ces invités dans les think tanks devenus fournisseurs officiels d’experts. Or il est important de savoir qui nous parle. Un sociologue par exemple est un scientifique, et on a besoin de savoir s’il nous parle de faits objectifs ou de son interprétation partisane de ces faits, ce qui est son droit par ailleurs. Par conséquent lorsqu’il est membre de l’institut Montaigne ou de Terra Nova, ou officiellement proche du PS ou du RN (intervenant dans des conventions politiques par exemple) il est bon de le savoir car il s’exprime aussi avec une étiquette. Nous devons donc le savoir au moment où nous le découvrons et l’écoutons.
Il s’agit donc dans cette décision du Conseil d’Etat d’informer le téléspectateur de C News au départ, et notamment pour les scientifiques ou universitaires (doctes par définition), de leur engagement politique s’ils en ont, et bien entendu, détail important, si celui-ci est de notoriété publique au sens où leur engagement est connu.
De toute évidence et depuis longtemps la grande majorité des invités des plateaux de C News est située sur la droite franche voire extrême de l’échiquier politique, mais en effet ça va mieux en le disant, mais quand dans les “C de france 5” : C DANS L’AIR, C CE SOIR, C L’HEBDO, C POLITIQUE C MEDIATIQUE ou C’EST A VOUS invitent un économiste proche de LFi ou d’un autre parti il est important que nous le sachions également pour ne pas prendre les propos des invités comme une vérité scientifique mais une interprétation personnelle.
Or en focalisant cette noble bataille sur C News, on laisse entendre en creux que les autres sont “blancs comme neige”. Là est le gros souci, ce qui ne veut pas dire que C News n’est pas coupable d’une grave absence de pluralisme. Observons le service public. Depuis de longs mois, le compte X “Medias Citoyens”, observateur engagé du pluralisme, documente les dérapages éditoriaux idéologiques de France Télévisions et ses larges approximations sur la présentation à l’écran des experts et leurs collaborations politiques. Selon le site il se trouve que ces experts sont dans une grande majorité situés sur le quart extrême gauche de notre échiquier politique et qu’on ne nous le dit pas. Nous assistons donc régulièrement à une démolition en règle des actions gouvernementales (et pourquoi pas après tout dans une démocratie) mais par des scientifiques non identifiés “extrême gauche” donc ne s’exprimant pas sur le seul fondement de faits scientifiques. Et là ça ne va plus du tout.
Il se passe la même chose sur l’antenne de France Inter qui de tous temps a plutôt marquée à gauche avec des journalistes, des animateurs, des humoristes (pas tous bien sûr) et des experts engagés voire militants.
J’en viens maintenant au sujet même de l’audiovisuel public et à sa raison d’être. France Télévisions et Radio France, financés par l’impôt des français, doivent à mon sens incarner les 3 grandes valeurs de la République LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE, ainsi que la laïcité, présente dans notre constitution, noble tâche. Elles doivent aussi informer, cultiver et divertir, sans doute dans cet ordre. Cette mission est fondamentale, et surtout claire. Or on n’y est plus, surtout depuis les dérives idéologiques de ces presque 10 dernières années. En devenant trop souvent une pâle copie des chaines privées, mais surtout en incarnant le symbole de l’entre soi, d’une idéologie parisienne des nouveaux beaux quartiers et en s’adressant à la France profonde en parlant toujours régulièrement de “la Province” en 2024 (l’annonce de la régionalisation et du rapprochement France 3 France Bleu, vaste opération de communication, cache des budgets régionaux en baisse constante), ce service public là a tout faux, et il creuse sa propre tombe.
En annonçant fièrement il y a quelques semaines aux cadres dirigeants de France Télévisions que l’objectif unique du service public était d’empêcher l’arrivée du Rassemblement national au pouvoir, l’équipe dirigeante de France Télévisions a fini de se dévoyer. Je crains en réalité qu’après des années de ghettoïsation des représentants de l’extrême droite ils aient transformé le RN en symbole du dégagisme (alors qu’il est l’incarnation du retour à un “âge de pierre”).
Cette terrible faute du service public est peut être le résultat d’une arrogance dont les coupables sont à peine conscients. Cette certitude d’avoir raison et de détenir l’intelligence, cette position morale dominante, toujours “au-dessus” du peuple, est dévastatrice.
L’humilité est pourtant la clé de toute démarche d’utilité sociale. On en est tellement loin.
Si ça bascule en 2027, cela sera en partie de leur faute…
Si le service public est détruit par une hypothétique majorité RN que nous annonce quelques sondages, alors cela sera totalement de leur faute, et ils disparaîtront en s’autoproclamant martyrs de la démocratie alors qu’il en auront été les fossoyeurs.
Il est encore temps de prendre la route de l’exemplarité et de la transparence.