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Billet de blog 29 janvier 2018

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SULTANAT D’OMAN, VERTU DU DIALOGUE ET DE L’ECOUTE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le verbe interrompre - dans son acception moderne empruntée au latin classique interrumpere, «mettre en morceaux, briser, détruire » - constituerait, s’il régissait la vie géographique ou géostratégique, non un étranger (car celui-ci y est bien accueilli) mais un intrus au sein du Sultanat d’Oman. Cependant, cette présence inopportune de l’interruption n’est pas envisageable pour deux raisons :

-ouvrant avec franchise sur la Mer d’Oman et le Golfe d’Oman, cet État, assure un continuum entre les civilisations arabe et perse. Cette situation particulière créée des devoirs qui sont en permanence assumés : la médiation (l’un des plus beaux mots en géopolitique). A ce titre, le Sultanat a su ouvrir son territoire à des négociations permettant à son voisin, le Yémen, l’ouverture d’un dialogue entre son gouvernement et la rébellion houthiste. Cette même entremise à concilier les parties a conduit à faciliter grandement les entretiens préalables à l’accord avec le voisin perse, sans évoquer ici d’autres rencontres entre États arabes toujours dans le but d’alléger la chape de plomb guerrière ;

-la stabilité politique, permanente depuis près d’un demi-siècle, a inscrit une permanence dans l’action diplomatique et une crédibilité reposant sur la confiance. Sa Majesté le Sultan Qaboos bin Said Al-Said a, parmi de nombreuses autres actions aussi utiles que déterminantes, permis le dénouement favorable ayant conduit à la libération de la Française Isabelle Prime. Il a fait de même pour la concrétisation du rapatriement d’un journaliste américain qui était aux mains de la rébellion houthiste, chez son voisin. La France avait bénéficié également, il y a six ans, du transit humanitaire offert par le Sultan lors des libérations successives de trois de ses ressortissants œuvrant dans ce même domaine humanitaire pour une Organisation non gouvernementale basée à Lyon.

Il ne suffit pas d’être placé favorablement pour saisir la dimension de son devoir. Si interrompre, c’est couper, alors la parole de l’interlocuteur, quel qu’il soit, ne l’est pas à Oman. Si interrompre, c’est empêcher la continuation des efforts de paix – un tropisme de l’homme autant que la guerre !- alors le Sultanat refuse le découragement et laisse cette parole aller de l’un à l’autre. Ne pas émettre de jugement constitue parfois la garantie d’un dialogue entre parties en désaccord ou en conflit ; cela représente, lorsqu’il le faut, l’une des vertus les plus élevées du silence.

Or deux parcours opposés, chez un Chef d’État ami de la bonne réception de la parole entre adversaires ou belligérants, peuvent faire naître cette passion du dialogue : la longue méditation née de la clandestinité, de l’opposition, de l’accession lente au pouvoir, ayant permis dans les épreuves l’émergence de la volonté définitive de ne jamais imposer aux autres ce que l’on a subi à de multiples titres ; et, à l’inverse, le long compagnonnage des responsabilités officielles qui, sur la durée, permettent de développer une propension et un penchant à la sagesse.

Les efforts inlassables, comme si l’insatisfaction devant l’état du monde en était le moteur, de Sa Majesté le Sultan d’Oman montrent qu’il y a place à la conciliation de la longue stabilité et de la recherche, tout aussi pérenne, de la Paix entre les hommes.

Morad EL HATTAB

Lauréat du Prix littéraire pour la Paix et la Tolérance

Diplômé Médaille d’Argent de l’Académie des Arts, Sciences et Lettres

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