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Billet de blog 7 mars 2009

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De l'étudiant à "l'étudieur", Du mouton à sa bergère

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Aujourd’hui je parcours le net à la recherche d'informations croustillantes, à défaut d'informations consistantes. C'est alors que d'articles en articles je m'attarde sur une problématique qui me touche en ma qualité d'étudiant dans une université française, reconnue pour être une des moins chanceuse.

Je survole quelques articles sur le bien fondé de la loi sur l'autonomie des universités. Je peux y suivre un débat contradictoire et enrichissant sur les conséquences de l'application, sous mille et une facettes, qui alimente la polémique. Alors je ne reviendrais pas sur la légitimité de cette polémique, plus que nécessaire. Je note en revanche un article qui cite Mr Julliard, (1) aujourd'hui secrétaire national du parti socialiste à l'éducation:

« Valérie Pécresse a eu beaucoup de chance en 2007. Elle a fait passer sa loi juste après la présidentielle, dans un climat favorable. »

L'ancien syndicaliste étudiant se souvient : «Les vraies négociations sur la LRU se sont tenues à Matignon. A la fin, c'est Raymond Soubie, le conseiller social de François Fillon, qui a débloqué la situation. Plusieurs fois, quand elle sentait monter la pression, elle m'a dit : "Je suis d'accord avec vous, mais ce n'est pas moi qui décide".»

Je suis sûr qu'on s'accordera, selon les propos de Mr Julliard, sur le fait que la ministre de tutelle de l'enseignement supérieur, ne sert strictement a rien. Donc je me dis naïvement que si notre ministre de tutelle, avec laquelle Mr Julliard a négocié la loi LRU durant l'été 2007, ne sert a rien, alors le représentant du syndicat, qui compte le plus grand nombre de cartes auprès des étudiants, ne sert finalement pas à grand chose. Cependant je lui accorde d'avoir espéré que, par un dialogue avec la ministre, son action fut bénéfique à l'amélioration de la condition estudiantine, au sein du service public.

Je pourrais lui reprocher de n'avoir pas su entendre le grondement des étudiants qui, à tort ou à raison, se méfie des décisions prises à la hâte et, de plus, dans une boite qui ne laisse que peut de lumière s'échapper. Je pourrais lui reprocher d'avoir combattu l'ignorance et l'irrespect de ses interlocuteurs, de toutes ses forces et par tous les moyens, si seulement il traversait la vie avec ses convictions sous le coude. Mais après tout, pensait-il déjà à son poste au Parti Socialiste, qui l'éloigne des préoccupations ordinaires des étudiants français? Au contraire, je le remercie de faire grandir un sentiment révolutionnaire, le sentiment d'être pris pour un con.

Je ne m'étendrai pas sur la sincérité des militants du syndicat de gauche, encore moins sur les méthodes de ceux-ci. J'évoquerai simplement les faits, qui révèlent l'instabilité idéologique du plus gros syndicat étudiant de France. La question n'est pas de savoir si les militants sont au clair avec leur principes et leur discours, mais plutôt qu'est-ce qui a fait qu'aujourd'hui, face à la crise économique mondiale (trop forte et super balèze) le financement des universités fond comme neige au soleil, ce qui signifie à terme, des étudiants à poil?

Comment en est-on arrivé là? Calmons-nous, expliquez moi ce qui se passe, car je pourrai réaliser que la place faite aux étudiants, auprès de nos élus est en voie d'amincissement.

Voudrait-on refiler la « patate chaude » qu'est le système universitaire aux intérêts privés, eux même nourris d'une idéologie néo-libérale chevaleresque, qui n'a que trop dessus? Ce n'est que la suite logique du processus de Bologne, ce n'est qu'une libéralisation des services de plus. Mais cela est-il une réponse positive aux directives européennes? L'Europe, la grande la belle, ne se calque-t-elle pas sur les accords de l'OMC, quant à la libéralisation des services? Parlons alors du "huitième round" de la construction de l'OMC, parlons alors du tribunal (l'organe des règlements des différends) de cet organisme, parlons aussi et surtout de ses décisions effectives.

Juste en passant, à l'université de Grenoble, des étudiants en lettres ont travaillé sur la question des nanotechnologies et de leur acceptation sympathique par les masses, comprendre les consommateurs. Travail réalisé dans le cadre d'un partenariat public privé.

Je me balade encore un peu sur le net, je relève quelques analyses (2):

«Pécresse a été très habile. A propos de la LRU, le débat est devenu pour ou contre l'autonomie. Mais personne n'est contre l'autonomie en soi. On n'est pas contre la liberté, l'amour...» Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l'enseignement supérieur.

«Mais pourquoi Valérie Pécresse ne s'est-elle pas désolidarisée du discours de Nicolas Sarkozy du 22 janvier, si méprisant vis-à-vis de la recherche? »«Soit c'est la politique du pire: on attend le pourrissement, et la radicalisation qui retourne les gens contre nous, soit c'est à peine moins pire, un entêtement qui nie l'évidence.» Georges Molinié, président de Paris IV.

«Le directeur de cabinet de Valérie Pécresse ne sait pas écouter. Il déforme les propos. Est toujours dans le conflit. Quand on lui demande pourquoi il veut donner autant de pouvoir aux universités, il vous répond: mais pourquoi vous ne devenez pas président d'université?»

La polémique, oui, aujourd'hui plus qu'hier. Le sentiment aussi, celui qui domine après le discours de Mr Sarkozy du 22 janvier (3), celui qui laisse un goût amer. Les faits, 11200 suppressions de postes dans le secondaire en 2008, celles toujours prévue pour 2009, la baisse des budgets alloués à l'enseignement, de la maternelle à l'université, le rang mondial (puisqu'il est question de compétitivité mondiale, je me souviens encore du classement de Shanghai) du budget par étudiant,l'augmentation des subventions en direction des écoles privés, (à ce propos, vous remarquerez la nouvelle pub des cours Diderot), la baisse des budgets alloués aux bourses, le tout sur fond de délabrement du matériel immobilier et de rétractation du marché du travail ; qui va de pair avec la baisse du salaire médian en France, effectif depuis quelque temps. Est-il si difficile de voir les contraditions du plan de relance, qui, par l'investissement est susceptible de créer de l'emploi, alors qu'aujourd'hui le gouvernement suprime des emplois dans la fonction publique?

Les universités seraient-elles dans la tourmente? Ne seraient-elles pas prises à la gorge par un débat sociétale?

Celui de visions différentes sur notre mode de vivre ensemble, débat dans lequel s'opposent ceux qui voient dans la “crise” un constat d'échec flagrant et qui estiment que les politiques économiques qui l'ont construite sont bien plus susceptible de l'aggraver; et ceux qui revendiquent le bien fondé de la “crise”, dans une vision pro-cyclique de l'économie en négligeant, sans doute, tout caractère social. À titre individuel, je me fais une idée sur la notion de “crise économique”, celle dont les médias et les politiques nous parlent. Je n'ai pas besoin de “crise mondiale” pour constater que les français sont les premiers consommateurs “mondiaux” de psychotropes, que des gens dorment dehors alors que les maisons sont vides (y compris en temps “prospère”), que les universités et les prisons se délabrent et que les banlieues subissent le même sort. Pourtant, je me souviens encore de Zied et Bouna, pourtant je me souviens encore du nombre de suicides dans notre société. J'affirme alors, du haut de mes vingt ans, que la “crise” n'est pas humaine, et que le débat économique n'a de sens que sujet au prisme de la réalité, celle qui brise et qui blâme des âmes et des rêves, chez ceux qui ne connaissent que trop bien le goût des gaz lacrymogènes. Je vous l'accorde, si j'étais membre du parlement, avec un salaire de l'ordre de 6 000 euros, le prisme de la réalité, je n'en n'aurais cure.

Alors la pensée dominante, reste malgré tout dominante, comme le montre cet extrait d'un document de l'OCDE, du 23 février 2009, à propos de l'autonomie des universités (4):

En dépit de nombreuses mesures allant dans le bon sens, il est important de poursuivre sur la voie de l’autonomie, en particulier dans les domaines budgétaires, de recrutement et de rémunération du personnel.. À cet égard, une plus grande liberté de sélection à l’entrée et de fixation des frais d’inscription seraient susceptibles d’y contribuer. Une augmentation de ces frais devrait être accompagnée par l’extension du système de prêts aux étudiants récemment mis en place.

Le débat d'experts que provoque ces quelque lignes est passionnant, mais je m'attache au constat, souvent discrédité, à savoir : la pensé dominante, qui, il n'y a pas si longtemps, considérait le capitalisme et le libre échange (dans lequel les Etats n'assurent que des fonctions régaliennes) comme l'horizon naturel de l'humanité, domine toujours.

Quant à l'organisation sociale française, apparemment très différente de nos voisins européens, on peut se rendre compte dans les discours et dans les faits, qu'il est nécessaire de faire comme les autres. Pourtant cette spécificité française, et son pendant sociale (jamais vraiment acquis), de l'aveux de Mr Fillon, va retarder et amortir les effets de la crise.

Alors si je m'englue dans une démarche disgracieuse qui consiste à mettre en perspective ce qui est, de ce que je suppose, c'est pour m'en tenir aux faits et à ce que je constate au quotidien. Notez le caractère non académique et non journalistique de la démarche, qui n'est pas une expertise et dénoncez gaiement le caractère biaisé et floue. Comme nous tous je surfe sur information et manipulation, et finalement je m'accroche à mes ressentiments (de plus en plus fluctuants). Alors si je m'englue, c'est avant tout parce que à vingt ans, je connais le sort réservé à toutes ces personnes qui croient encore en ce genre de dialogue social, en ce genre de démocratie. Pardonnez ma verbe chevaleresque, accusez ma lutte de combat contre le désespoir (comprenez, celui provoqué par sa cousine : l'injustice), alors sur ce point, un jour sans doute, je partagerais ce combat avec vous.

N.B : Je parcours un peu plus le net et tombe sur un site (5) qui met a l'écoute sur son site des propos du président de ma région:

"Quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %, il y en a 3 % avec moi et 3 % contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse."

J'applaudis la sincérité, je déplore la véracité. Moutons que nous sommes, compulsivement oisifs, ne vous inquiètez pas, le président est à la barre et il maintient le cap.

L.P

(1). Propos receuillis sur Médiapart, dans un article de Jade Lindgaard : http://www.mediapart.fr/journal/france/060309/comment-valerie-pecresse-s-est-mis-a-dos-les-universites

(2). Il s'agit du même article que la première note.

(3). Je suis mobilisé en tant qu'étudiant, mais je l'était, l'année dernière en tant que lycéen, en gardant l'idée que je me dois de bouger, gueler, m'engueler et ainsi mettre à bas des codes et des règles absurdes, dans la mesure ou elles troublent ma vue. Et ainsi déconstruire la notion de citoyenneté (ou là réhabilité).

(4). Document confidentiel dont Mediapart a obtenu une copie:

http://www.mediapart.fr/journal/france/030309/malgre-la-crise-l-ocde-prescrit-une-cure-d-austerite-a-la-france

Laurent Maudit nous explique la teneur du document :« C'est un rite. Périodiquement, l'OCDE publie une étude sur chacun des 30 pays (parmi les plus riches) qui la composent (...) Ce document préliminaire est transmis au pays concerné. Et quand ce dernier a formulé ses remarques, un rapport, singulièrement adouci, est ensuite rendu public »

(5).Citation receuillis sur Rue 89:

http://www.rue89.com/2009/02/23/georges-freche-je-fais-campagne-aupres-des-cons-et-je-ramasse-des-voix-en-masse

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