Mon assurance maison m’envoie vers un expert.
Encore un.
Pour confirmer ce qu’un autre a déjà confirmé.
Comme si la maladie devait sans cesse passer devant un tribunal invisible.
Les assurances, les administrations, exigent des expertises à répétition.
Elles transforment la maladie en dossier, le corps en preuve, la parole en suspicion.
Elles ne soignent rien, elles administrent le doute.
Un médecin expert n’est plus un médecin.
Il ne soigne pas, il évalue.
Il ne rencontre pas une personne, il coche des cases.
Et dans ce glissement, le système bascule, du soin vers le contrôle, de la confiance vers la défiance.
On prétend lutter contre la fraude (et la fraude aux assurances heu comment dire…), mais on fabrique de l’humiliation.
On prétend vérifier l’état du patient, mais on détruit la relation de soin.
Ce qui devrait être protégé, la vulnérabilité, la lenteur, le temps du rétablissement, devient suspect.
Et le médecin, au lieu d’être du côté du vivant, devient témoin à charge.
Les médecins ne devraient pas être autorisés à être experts.
Parce que le soin n’est pas compatible avec le soupçon.
Je ne décolère pas d'être envoyée voir un expert pour valider l'expert et en attendant de ne pas toucher ce que dois.
petit rappel des faits: mélanome choroïdien il y a trois ans (cancer de l'oeil), depuis dégradation autour de la vision avec radiothérapie, injections, malvoyance pérenne, finalement énucléation en mars 2025. L'assurance maison ne s'est mise en route qu'en avril 2025...