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Billet de blog 8 juillet 2025

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Le Réseau : un tiers‑lieu France Travail façon Clubhouse où les chômeurs sont acteurs

Et si, loin des logiques traditionnelles du « suivi », ce nouveau lieu imaginé par France Travail permettait aux demandeurs d’emploi de prendre le pouvoir sur leur parcours, assumant un rôle central ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

🎯 Un lieu pensé par et pour les usager·es, et non les agents

Dans cette vision :

  • les demandeurs d’emploi animent eux-mêmes les ateliers : table ronde, café-débat, CV-troc, co-développement de projets…

  • les repas conviviaux à prix social (≈ 5 €) sont co‑organisés et co‑gérés, permettant de tisser un vrai réseau, sans attendre une prise en charge administrative.

  • chacun·e prend des nouvelles des autres, propose des sujets, organise des événements – la communauté devient autonome, presque sans staff.

L’idée : sortir du modèle vertical où les agents dictent, pour instaurer une dynamique horizontale, libre et collective.


👥 Les conseillers deviennent médiateurs, non chefs d’orchestre

Si les agents restent présents, leur rôle évolue :

  • facilitateurs, non prescripteurs : ils aident à organiser, valider les ateliers, éviter les conflits – mais n’animent pas.

  • techniques, non directeurs : conseil sur un CV, aide numérique, orientation – toujours à la demande.

  • support, non omniprésents : ils interviennent en second plan, sur sollicitation, laissant les citoyen·nes définir le contenu du lieu.


🔄 Pourquoi ce modèle est réaliste – et radical

  1. Le staff est déjà débordé : un conseiller suit entre 250 et 500 demandeurs en IDF, donc l’idée n’est pas d’en ajouter.

    1. Externalisation croissante montre que l’État est prêt à déléguer : 400 M €+ en externalisation en 2023 
  2. Les chômeurs sont qualifiés pour s’entraider – ils n’attendent plus juste des réponses, mais veulent s’engager et se libérer de la stigmatisation.


⚙️ Un modèle qui assume la pénurie… et la dépasse

Au lieu de considérer le déficit de staff comme un obstacle, ce projet :

  • embrasse la pénurie, en valorisant l’expertise collective ;

  • favorise la coopération entre pairs, associatifs, ex‑chômeurs, bénévoles ;

  • propose une auto-organisation, avec des rôles tournants, des comités et responsabilités partagés.


🛠️ Défis et conditions de succès

Pour que “Le Réseau” fonctionne réellement :

  • encadrement minimal : un ou deux médiateurs pour structurer sans supplanter ;

  • formation de la communauté : sur animation, gestion de conflits, outils numériques ;

  • soutien institutionnel : budget pour logistique légère (salle, café, matériel), pas pour des agents supplémentaires ;

  • évaluation participative : les usager·es décident des indicateurs de réussite, pas uniquement les statistiques administratives.


✅ Conclusion : vers une réinvention démocratique de l’accompagnement

“Le Réseau” propose une vision radicalement différente : une France Travail où les premiers acteurs sont les demandeurs d’emploi eux-mêmes. Ici, le staff ne devient pas inutile : il se fond dans la communauté, et sert une ambition : redonner aux chômeur·euses la force de se prendre en main, ensemble, sans être gardien·nes de leur destin.
Une utopie ? Peut-être le début d’un laboratoire social à expérimenter.

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