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Billet de blog 9 juillet 2025

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Médias français : chiens de garde, perroquets de pouvoir, et marchands de peur

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La presse française se rêve quatrième pouvoir. En réalité, elle n’est souvent qu’un relai bien dressé du premier. Qu’ils soient "de gauche", "de droite", privés ou publics, les grands médias hexagonaux forment une caste fermée, paresseuse, homogène, et toxiquement liée aux puissances qu’elle prétend surveiller.

Des milliardaires aux commandes : pluralisme zéro

90 % des médias français sont détenus par une poignée d’ultra riches :

  • Vincent Bolloré (CNews, Europe 1, Journal du Dimanche) : un empire réactionnaire qui fait des éditorialistes les nouveaux croisés de l’ordre moral et sécuritaire.

  • Patrick Drahi (BFMTV, RMC, Libération) : un magnat de la télécom qui siphonne la presse pour mieux asseoir ses intérêts économiques.

  • Bernard Arnault (Les Échos, Le Parisien) : le grand argentier du luxe français contrôle ce qui se dit sur lui — ou plutôt ce qui ne se dit pas.

  • Xavier Niel (Le Monde, L’Obs) : un entrepreneur qui aime la presse comme un outil d’influence.

Qu’attendre d’un journal détenu par ceux que ces mêmes journaux sont censés surveiller ? Rien. Ou plutôt : des silences bien choisis. Des angles de traitement soigneusement calibrés. Des "enquêtes" qui évitent soigneusement les lignes rouges économiques.

TF1, France 2, BFM, LCI : le cirque de l’émotion permanente

Les chaînes d’info en continu ont tué l’information. Place au sensationnel, à l’immédiat, au choc.
Tu veux faire de l’audience ? Sors les caméras en direct à la moindre agression.
Tu veux faire peur ? Parle d’"ensauvagement" non-stop, en boucle, sans nuance, sans recul.

Regarde BFMTV : lors des émeutes en 2023, la chaîne tournait en boucle les mêmes vidéos de vitrines brisées, donnant une impression d’apocalypse nationale — pendant que 95 % du territoire dormait paisiblement.

France 2, de son côté, s’illustre par un journal de 20h transformé en documentaire de détresse : des faits divers, du pathos, des témoignages tristes. Et peu, très peu de fond.

Les éditorialistes : experts en tout, spécialistes de rien

Ils sont partout, tout le temps. Dans les matinales, les débats, les émissions du soir. Ils s’appellent Alain Duhamel, Ruth Elkrief, Natacha Polony, Bruno Jeudy, Pascal Praud. Leur job ? Occuper l’espace. Parler sans savoir. Asséner des opinions comme des vérités.

Quand l’Ukraine est envahie, ils deviennent géopoliticiens. Quand une réforme passe, ils jouent les constitutionnalistes. Quand une agression a lieu, ils se déguisent en experts sécurité. Et jamais, jamais, ils ne se taisent.

Le pluralisme d’opinion est une farce : on fait alterner des gens qui pensent la même chose, mais avec des mots différents. La seule chose qui varie, c’est le ton. Jamais le fond.

Le service public : l’indépendance molle

Radio France, France Télévisions, France Info : ces médias vivent de l’argent public, mais leur prétendue "neutralité" n’est qu’un déguisement pour une ligne éditoriale tiède, frileuse, purement institutionnelle.

France Inter, par exemple, se veut irrévérencieuse avec ses humoristes du matin. Mais quand vient le dur — réforme des retraites, guerre, immigration — la ligne devient consensuelle. On ne fâche pas le pouvoir. On invite les ministres. On donne la parole à la "raison" — donc à l’ordre établi.

Presse écrite : la pensée sous perfusion

Le Monde, autrefois référence d’excellence, est aujourd’hui l’organe officiel du raisonnable libéral bien-pensant. S’il critique, c’est avec des gants blancs. S’il attaque, c’est toujours à la marge.

Le Figaro ? Une feuille de propagande conservatrice, où l’on confond tribune et information, et où l’on défend les puissants au nom de l’économie.

Libération, ex-rebelle devenu paillasson culturel, se contente de faire le gardien du politiquement correct, dénonçant tout ce qui bouge un peu trop à droite, mais sans jamais remettre en cause les fondements économiques qui font tourner la machine.

Et pendant ce temps, les enquêtes vraiment dérangeantes sont étouffées, car elles gênent les actionnaires, les sponsors, les annonceurs.

Conclusion : un paysage médiatique qui trahit sa mission

Informer, questionner, déranger, éveiller. Voilà ce que les médias devraient faire.
Mais en France, ils rassurent, encadrent, simplifient, polarisent.
Ils fabriquent du consentement. Ils imposent un récit unique.
Et surtout, ils protègent un système dont ils sont devenus les rouages.

Alors non, les médias français (hors quelques exceptions) ne sont pas neutres, ni indépendants, ni courageux. Ce sont des entreprises de contenu, aux mains de puissants, qui diffusent un prêt-à-penser bien utile à ceux qui dirigent.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.