Ce 15 juillet 2025, la rue Emma-et‑Philippe‑Tiranty, à deux pas de Masséna, a été fermée de 8h à 20h par arrêté municipal : seuls les riverains, clients de commerces ou patients peuvent y entrer. Résultat ? Des barrages filtrants, six policiers municipaux en service permanent, et une présence de sécurité renforcée… mais pour quoi ? Pour chasser les toxicomanes hors du quartier, comme on éloigne des déchets.
Pourquoi l’action est purement symbolique
Un chiffrement alarmant : 144 signalements depuis début 2025, une hausse de 300 % d’appels à la police municipale, 43 interventions de nettoiement ces mois‑ci contre 32 toute l’année dernière
Politique municipale de façade : un projet de CAARUD – centre de réduction des risques – avait été enterré en 2022 sous la pression des riverains. Résultat : suppression des aides, et augmentation de la répression.
Ce que dit la politique répressive
La drogue en rue est un symptôme de détresse, non un acte délictueux : les usagers sont souvent malades, en errance, sans suivi médical, pas des délinquants déterminés.
Enfermer un toxicomane dans le territoire de la honte, c’est comme désigner l’alcoolique de la famille à table. Ce n’est ni efficace, ni humain, ni salvateur.
La répression va déplacer le problème ailleurs, sans le résoudre. Personne ne guérit dans la culpabilisation .
Alternatives urgentes
Réouvrir le CAARUD, avec distribution de seringues, soins, maraudes, geste humain.
Mettre des moyens dans les structures de proximité : éducateurs de rue, CSAPA, accompagnement psychologique.
Coopération locale : État + ARS + associations, pour un vrai continuum de soins, pas un passage au tribunal ou au poste.
Ce qu’il faut retenir
En fermant la rue Tiranty, on contente l’opinion publique, on fait le buzz… mais on a jamais soigné un seul usager.
Ce cirque sécuritaire est comble d’hypocrisie : on met des barrages là où des soignants auraient dû être pour endiguer les overdoses, pas pour déplacer la misère.
Transposition : l’alcoolique « de la famille »
Ne nous arrêtons pas à la rue Tiranty. Une addiction à l’alcool chez un proche ? On ne l’exclut pas du dîner familial. On ne ferme pas la porte à clé. On ne l’envoie pas dans une rue interdite d’accès. Et pourtant, c’est ce que fait la mairie de Nice avec la toxicomanie : un « nettoyage » urbain à base de CRS et de barrière policière, au lieu d’un accompagnement humain et médical.
Conclusion
Nice montre aujourd’hui ce que le refus de la prévention engendre : un tri social de la souffrance, qui la renvoie hors de vue mais jamais hors de douleur. Plutôt que de fermer des rues, ouvrons des centres, donnons des moyens, et rappelons que l’addiction est une maladie – et non une tare à exclure à coup de bâtons.