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Billet de blog 19 juillet 2025

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La famille, ou l’aigreur des différences — La pensée de Moryotis

La norme y règne en maîtresse, travestie en amour protecteur.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis des siècles, on l’a glorifiée, sacralisée, érigée en pilier des sociétés humaines : la famille. Elle serait ce havre naturel, lieu d’amour inconditionnel, socle de transmission et de sécurité. Pourtant, il suffit d’ôter le vernis sentimental pour observer ce que Moryotis appelle « l’aigreur de la différence » : cette dynamique souterraine par laquelle la famille, loin d’être un refuge contre le monde, reproduit en son sein les oppressions du dehors.

La pensée de Moryotis ne prétend pas renier l’importance des liens familiaux, mais en dénonce la structure historique : la famille a trop souvent été construite contre la différence, non avec elle. Le fils différent devient un problème ; la fille qui s’écarte du rôle attendu est une menace. Le frère homosexuel devient un silence ; la sœur féministe, une honte. L’oncle étranger, un malaise. L’enfant qui pense autrement, un reproche vivant.

La norme y règne en maîtresse, travestie en amour protecteur. Mais ce « protectionnisme familial » est souvent un contrôle du semblable : on aime ce qui prolonge, ce qui imite, ce qui rassure. Ce que Moryotis nomme « l’aigreur de la différence », c’est cette crispation face à ce qui déborde le cadre prévu. Un cadre forgé par des siècles de patriarcat, d’héritage, de lignage, de morale chrétienne ou bourgeoise.

La différence, dans la famille traditionnelle, n’est pas célébrée : elle est réprimée, corrigée, ou expulsée. Et si elle survit, c’est dans la douleur ou le silence. Combien de coming out mutilés ? Combien de jeunes femmes réduites au rôle de fille obéissante ? Combien d’héritiers reniés pour avoir choisi une autre voie ? La famille n’est pas qu’un nid : elle est parfois la première prison mentale, celle qui forge l’angoisse d’être soi.

Ce n’est pas un hasard si les récits de libération personnelle passent par la rupture avec le modèle familial. Ce n’est pas un hasard si tant de luttes – féministes, queer, postcoloniales – ont dû s’arracher d’abord à la cellule familiale, avant même de pouvoir affronter le monde.

Moryotis ne condamne pas la famille en soi. Il appelle à une refondation, une famille qui ne serait plus le sanctuaire de la ressemblance, mais l’espace possible de la reconnaissance. Où l’on cesserait de penser que l’amour doit être conditionné par la conformité.

Tant que la famille sera cet édifice bâti sur l’aigreur des différences, elle ne produira que blessés, conflits latents et solitudes intimes. Il est temps de faire tomber ce mur discret. Et peut-être enfin, de reconstruire — non pas une famille du sang, mais une famille de l’âme.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.