Et si on regardait le monde en travers ?
Pas de travers, non — en travers, comme un funambule marche sur une ligne de crayon mal taillée, entre deux vérités trop sûres d’elles-mêmes.
Je me suis réveillé ce matin en me sentant point d’interrogation. Courbé, suspendu, légèrement penché sur le vide. Le genre de posture qu’on adopte quand on ne sait plus très bien si le mot « normal » est encore légal.
Tout semble si… affirmatif, ces temps-ci.
Les gens savent. Ils tranchent. Ils cliquent. Ils repostent. Ils avancent droit devant eux avec des phrases qui finissent en points.
Mais moi, j’ai décidé de finir mes phrases autrement.
Comme ça ?
Ou comme ça ??
Et même comme ça peut-être...?
Quand je regarde un pigeon, je ne vois pas un pigeon. Je vois une énigme volante qui a refusé l’avion pour rester poétique.
Quand je lis un panneau « Sens interdit », je me demande : interdit à qui ? Pourquoi ? Est-ce que le trottoir est complice ?
Quand j’entends quelqu’un dire « C’est évident », j’ai envie de lui répondre : Évident pour qui ? Pour ton miroir ou pour le mien ?
Regarder les choses de façon décalée, ce n’est pas une posture d’artiste en manque de scandale. C’est une respiration. Une manière de dire au monde : Tu m’intéresses, mais je ne te prends pas au pied de la lettre.
Car à force de prendre tout au sérieux, on finit par oublier de rire quand il pleut à l’intérieur.
Et puis, franchement, qui a décrété que la vérité devait être droite comme une autoroute ? Moi je vote pour les chemins qui zigzaguent. Les pensées qui glissent. Les regards qui clignotent.
Être un point d’interrogation, c’est être allergique à la certitude.
C’est vivre dans le peut-être, l’à-peu-près, l’entre-deux.
C’est refuser d’avoir toujours raison, parce qu’on sent bien que le monde, lui, aime changer d’avis quand on ne le regarde pas.
C’est poser la question : Et si on ne savait rien, mais qu’on dansait quand même ?
Alors aujourd’hui, je t’invite, toi lecteur ou passager clandestin de ce blog, à enfiler ta paire de lunettes décalées. Celles qui transforment les carrefours en labyrinthes philosophiques, les réunions en comédies absurdes, et les horloges en boussoles lunaires.
Ne cherche pas la morale ici.
Il n’y en a pas.
Il n’y a que des virgules qui se prennent pour des miroirs.
Et un point d’interrogation… qui te regarde.
Et toi ?
Tu marches droit ou tu penches un peu ?
Tu affirmes ou tu t’amuses ?
Tu sais… ou tu danses ?