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La religion n’a pas tué Dieu. Elle a tué l’homme.
Depuis des millénaires, les religions se prétendent sources de paix, d’amour, de vérité. Pourtant, dans les faits, elles ont plus souvent été les instruments de domination, d’obscurantisme et de violence. Et ce n’est pas une opinion : c’est l’Histoire.
Des temples trempés dans le sang
Le massacre n’a pas commencé hier. Les Croisades ont jeté des dizaines de milliers de chrétiens fanatisés sur les routes pour "libérer" Jérusalem, à coups de sabre et de bûchers. Les inquisitions ont brûlé les femmes, les libres penseurs, les scientifiques, au nom d’un Dieu qu’on disait miséricordieux. L’Islam politique a utilisé la foi pour imposer des régimes théocratiques qui crucifient la pensée libre. L’hindouisme radical, en Inde, sert aujourd’hui de prétexte à la persécution des musulmans. Le bouddhisme lui-même, qu’on imagine paisible, a été instrumentalisé par les ultranationalistes en Birmanie pour justifier des pogroms contre les Rohingyas.
À chaque fois, même scénario : une religion se croit en droit de parler au nom d’une Vérité absolue – et donc de faire taire toutes les autres.
Le poison de l’absolu
C’est là le problème fondamental. La religion prétend révéler ce qui échappe à l’homme. Mais à force de se croire investie d’un savoir supérieur, elle empêche l’homme de penser par lui-même. Elle remplace le doute par le dogme, la question par la soumission. Blaise Pascal nous disait de "parier" sur Dieu. Mais à force de parier sur le Ciel, on a perdu la Terre.
Les religions ont domestiqué les consciences. Elles ont fait des femmes des citoyennes de seconde zone. Elles ont dressé les peuples les uns contre les autres. Elles ont remplacé la morale par la peur, et la pensée par la prière.
Des chaînes dans les esprits
Regardons aujourd’hui. En Iran, des adolescentes meurent pour avoir montré leurs cheveux. En Arabie saoudite, un tweet peut vous envoyer en prison pour blasphème. Aux États-Unis, des juges catholiques remettent en cause le droit à l’avortement. En France, des enfants refusent les cours de biologie au nom de la Genèse. Des médecins sont menacés pour avoir pratiqué des IVG. Tout cela, encore et toujours, au nom du sacré.
Les religions ne sont pas seulement des croyances personnelles : elles veulent coloniser la sphère publique. Elles n’acceptent la laïcité que comme une trêve temporaire. Elles avancent masquées, tolérantes en surface, conquérantes en profondeur.
Il n’est plus temps de composer
Il ne s’agit pas de mépriser les croyants – mais de rappeler que croire ne donne pas tous les droits. Le respect de la foi ne doit jamais signifier la soumission aux dogmes.
La religion n’a pas libéré l’homme : elle l’a domestiqué. Chaque fois qu’un progrès a été conquis – droits des femmes, science, démocratie, liberté sexuelle – il l’a été contre les autorités religieuses, rarement avec elles.
Si Dieu existe, il n’a jamais eu besoin de clergé. Ce sont les hommes qui, pour parler à sa place, ont bâti des empires. Le Vatican, Téhéran, La Mecque : autant de capitales spirituelles où se sont décidés des crimes bien terrestres.
Il est temps d’en finir avec le chantage au sacré. Ce monde n’a pas besoin de religion : il a besoin de justice, de vérité, et de liberté. Et ces valeurs-là ne descendent pas du ciel. Elles se construisent ici-bas, avec nos mains, notre raison – et notre courage.