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La télévision glisse à droite, la gauche déserte le champ des idées…
Il y a des images qui frappent, non pas par leur violence, mais par l’idéologie qu’elles distillent insidieusement. Sur un plateau télé, un débat s’affiche : “Baby blues : doit-on forcer les Français à faire des enfants ?”. L’intitulé seul suffirait à provoquer un malaise. Ce n’est pas une question, c’est une injonction. Une logique nataliste autoritaire, aux relents identitaires, que l’on croirait sortie d’un manuel réactionnaire des années 30. Mais non. C’est à la télévision française d’aujourd’hui.
Ce glissement progressif mais constant vers une pensée unique de droite – voire d’extrême droite – s’infiltre sur toutes les chaînes, publiques comme privées. Le pluralisme s’efface, les idées critiques s’étiolent, et le débat devient un spectacle où l’on compare les politiques natalistes de Trump et de la Chine comme des modèles à suivre. En filigrane, un message inquiétant : l’État devrait intervenir dans nos ventres, nos lits, nos choix intimes.
Pendant ce temps, la gauche s’efface. Non pas par manque d’idées – elle en regorge –, mais par incapacité à les incarner et les expliquer avec force et clarté. Face à la brutalité des slogans de droite, la gauche doute, nuance, hésite. Et cette posture, dans un paysage médiatique simplificateur, sonne comme une faiblesse.
Or il est temps d’assumer haut et fort des positions radicalement progressistes : la liberté de ne pas faire d’enfants, le droit à une vie digne sans filiation, la critique des modèles productivistes et patriarcaux. Il faut le dire, et le dire encore : le peuple n’est pas trop bête pour comprendre la gauche, c’est la gauche qui a parfois peur de parler au peuple autrement qu’en technocrate ou en moraliste.
Il ne faut pas adapter nos idées au cynisme ambiant, mais élever le niveau du débat. Refuser la surenchère identitaire, refuser le chantage à la natalité, refuser l’uniformisation du discours.
Il est temps que les voix de gauche cessent d’être dans la défensive. Assumons l’émancipation, pas la gestion. Opposons à l’autoritarisme une vision désirable, courageuse, solidaire. Pas demain. Maintenant.