La mise en garde de Pierre Vidal-Naquet, dans Les assassins de la mémoire, expose la théorie du livre d’Arens permettant aux négationnistes d’ouvrir un débat aux thèses closes et avérées de tous, sur la base de mensonges légitimés par la seule et unique profession de l’auteur. Sous couvert de sa blouse blanche immaculée de fausses vérités, un scientifique idéologue peut ainsi remettre en cause une thèse avec des données sortant du fond des tiroirs et construire une nouvelle « fausse vérité » au travers de preuves poussiéreuses, scientifiquement arrogantes.
Bien rodée, la méthode mise au goût du jour projette la négation du vivre ensemble, présent pourtant consommé, pour que le débat s’oriente dans le sens de la politique de ces idéologues désapprouvant cette promesse républicaine.
En inoculant méthodologiquement le doute dans la tête de ceux qui ne s’autorisent pas à l’exercice de la pensée par peur d’affronter la réalité de leurs existences passées ou présentes, les apologètes de « l’action parallèle » se lancent dans la revendication d’un débat légitimé par le sensationnel.
Si, la posture de Pierre Vidal-Naquet refusant catégoriquement la rencontre pour ne jamais se mettre à la table de ces faussaires de la « vérité », est louable ; à l’heure du buzz et du vide intellectuel reléguant les livres questionneurs aux oubliettes l’interrogation doit se focaliser sur comment rétablir la vérité dans les espaces médiatiques de masse sans donner du crédit aux idéologues à l’affût de cette polémique, Graal de leurs intérêts en cours.
A la manière d’un personnage secondaire servant le propos du personnage principal, l’espace médiatique publique donne la réplique aux apologètes du fascisme dans le cadre d’un théâtre ne se souciant pas « de comment il laisse le monde mais uniquement de ce qu’il laisse au monde ».
Mais qui est vraiment le valet dans cet acte ?
A moins que les deux protagonistes soient les valets d’un autre maître monolithique forçant la dévotion et la complaisance doucement blasphématoire?
Les débats, fiel de toutes les arrogances d’une société qui n’a jamais été aussi sûre d’elle et de ses valeurs parlent d’intégration, de communautarisme, du retour au religieux, aux origines et au fondamentalisme quand elle réalise que « l’Autre » est assimilable pire, totalement assimilé et que, par tous les moyens mis à sa disposition, elle s’efforce de l’exclure. Le processus entamé à la chute du colonialisme redistribuant les rapports jusqu’alors jamais envisagé au travers du prisme de l’égalité, trouve, à l’heure de la mondialisation cachant l’expression de l’apogée de l’Empire du vingtième siècle, un écho chez les apeurés d’un temps privilégiant les mémoires voyageuses.
Au lendemain du 11 janvier, un quotidien de la nouvelle presse, propagande gratuite, que cette France plurielle du réveil matinal s’arrache devant les bouches de métro à fait de sa « une » une publicité pour un cosmétique ou le slogan parlait d’une « solution » passant par « l’assimilation ».
Comment, au lendemain d’une semaine macabre où « une partie de chacun de nous est morte », ne pas y voir le « vert », espoir de la fin des débats des intellectuels en chemise blanche rentrant, livre à la main à la place du sceptre, pour mieux guider leurs mauvaises fois de missionnaires.
La réaction de cette masse mosaïque déjoua tous les pronostiques. Touché, l’égo des chiens de garde oublia son indignation de façade et se remit en marche dans sa croisade contres les « sauvageons » des « zones de non droit ».
Ils n’étaient pas là ?
Quel malheur!
Savez-vous vraiment qui sont-ils ?
Ou, sont-ils le fruit de vos élucubrations dénuées d’honnêteté intellectuelle?
Indigné, face à cette orchestration de la « fracture sociale », nous sommes !
Sisyphe dans le désert de nos observations passives, nous nous réveillons!
« A-CE-R » blanc prononcé du haut du F de Fascisme nous ne répondrons pas mais sachez que la théorie du buzz à remplacer celle du livre d’Arens !
Meh.