Du balcon qui peut croire que cet air cristallin souffle un silence facturant l’air à celui qui, par malheur, le croise au détour d’une poignée de main ou d’un baiser ?
Terrasses des cafés parisiens fermées, nos paumes mortellement poreuses découvrent la nostalgie du vin, de la bière et de la ritournelle tyranniquement arrogante du journal soutenant à l’amertume du café que Paris est menacé par le terrorisme.
Le souvenir du poème invite à regarder les badauds.
Où sont les gens ?
Sommes-nous en guerre ?
Odieux sont les rats volant!
Sottises, les rats ne volent pas!
Au diable les vampires !
Heureux sont les porcs ailés dans leur fange !
Alors, en attendant la couleur blême de l’haridelle, Tarkovski sauve de l’ennui.
L’homme dont l’enfance a tutoyé l’apocalypse maîtrise un cadre d’images oniriques soulignant au « clair-obscur » comment le mal n’a besoin de rien pour exprimer sa plus grande barbarie toujours sertie d’une conviction mobilisant toutes les ardeurs.
Le plan, poétique éloge de la lenteur, convoque une sensibilité aux éléments confondant en masse les zélotes dont la violence autorisée pour acquérir l’opulence est celle du joug enrôlant, convertissant, punissant à loisirs les resquilleurs de sa lumière.
De ses rangs, les temples, s’érigent, au nom des cloches, défient le ciel véritable et remplissent du sang de l’hérétique les geysers du chaos.
La boue n’est alors que ce mensonge de la sainte terre rappelant aux rois que la glaise de leur enlisement est cette chair finissant poussière pour laquelle ils prétendent se battre.
Ceci est mon corps !
L’enfant pointe l’azur du doigt : Père !
Si le sens de l’existence est questionné dans le cinéma de Tarkovski, l’exploitation de la finitude à des fins de pouvoir aveugle, faisant du passage ici bas d’un petit nombre, un voyage où tout n’est que luxe calme et volupté, est convoqué à la barre du juge à l’esthétique sans concessions.
La foi, a-t-elle un sens au regard des horreurs qu’elle génère ?
Mais pour celui dont le frai est le seul espoir d’existence, peut-il traverser à gué la rivière de la tyrannie éternellement réinventée par la barbarie de l’or que même la profondeur de la forêt peine à vous y soustraire?
Aussi, la soumission s’improvise conviction et les peurs solidaires embrassent la survie, celle du réveil matinal, du travail, des rires, des pleurs, des ciels étoilés et même des prières.
Et parfois, si le désir du prince est guerre alors les rivières rouges du sang de sa folie n’empêchent pas la guenille de se courber au passage de la monture immaculée de l’éclat de sa couronne. Les sabots, les talons grondent à l’unisson ; et, au rythme cyclique de l’apocalypse des étalons, les désarmés s’habillent d’une couardise les épargnant de la mort anonyme réchauffant l’indifférence meurtrière du sabre.
Retour à la vie.
Toux grasse mais le fil parle de pandémie :
Sidération !
Les crieurs de la nouvelle religion aux temples virtuels grognent une information bégayant la peur de ceux qui n’ont plus le sentiment de contrôler le mal à distance et qui, à l’instar du quidam, sentent déjà dans leur chair le prix du sacrifice dont ils ont l’habitude d’en faire un show générant des milliards.
L’arrogance du marin oublie que, à la vitesse de l’éclair, l’eau mue en montagne noire déferlant sur sa Méduse toujours incertaine.
Bientôt le soldat sera au chevet de l’agonie confinée loin des regards. Les fosses en béton armé rivaliseront avec les beffrois et embrasseront de force le ciel. Les cloches sonneront alors le son creux du calcium.
Le dieu du capitalisme faisait crisser son paradis entre les doigts des fidèles ; la mort dans l’âme la religion du vingtième siècle découvre son enfer la pénétrant par ses mains.
Les démiurges spéculent déjà sur la rentabilisation des âmes pendant que les petits rois coulent encore les lingots de la honte.
Publicité !
A chacun son standing vante la formule. Classe luciole pour les nantis.
Soignée, la réclame invite au voyage à la manière des plus grands pharaons.
Pour le reste personne à ce jour n’a encore été autorisé à en revenir pour nous en parler.
Meh.