Souvent, j’ai le sentiment que des gens invoquent la VIème République avec la naïveté des enfants qui, entendant leurs parents se plaindre du manque d’argent, leur conseillent d’aller à un distributeur: y’a qu’à insérer une carte et ça nous donne plein de billets.
Comme ça, le problème est réglé.
Les premiers à incriminer sont sans nul doute les vautours qui alimentent la vie publique avec la misère du quotidien. Ceux là sont faciles à repérer: leur popularité s’engraisse au fur et à mesure que le peuple se décharne, mais sur le fond leur discours reste aussi vide qu’une baudruche.
A écouter certains d'entre eux, instaurer la VIème République serait une démarche radicale aussi simple que de quitter sans préavis un appartement devenu insalubre pour aller installer nos meubles dans de nouveaux murs et entamer la belle vie à laquelle tout citoyen d’une démocratie doit aspirer.
Mais ça veut dire quoi ça exactement ?
Quelles sont les mesures concrètes qui permettent de parvenir à cet objectif ?
Non, parce que pour l’instant, la VIème République, ça ne correspond à aucun régime: elle n’existera qu’à partir du moment où on aura instauré le nouvel ensemble de règles assurant un bon fonctionnement des institutions. Force est de constater qu'aucun candidat - de gauche comme de droite - n'a eu les tripes d'avancer une quelconque proposition innovante en la matière. En même temps, tant qu'on soutiendra des candidats qui préfèrent racoler que bosser, faudra pas s'attendre à mieux ...
Bon, pour info, la VIème République on y est entré en 2002 lorsque le mandat présidentiel a été réduit à un quinquennat coïncidant avec celui de l’Assemblée nationale. Ça pique un peu les yeux de constater que des citoyens censés contrôler leurs élus n’aient pas pleinement réalisé les tenants et les aboutissants d’une telle redistribution des pouvoirs.
Mais surtout, ça arrache les tripes que des candidats à la fonction présidentielle ne distinguent pas une simple réforme constitutionnelle d'un changement de régime. Comment une telle incompétence pourrait garantir le maintien de la démocratie face aux dérives en tout genre ?
Et puisqu'on y est, autant préciser qu’on est sous le régime de la VIIème République depuis 2009, date d’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne par lequel la France est désormais soumise au fédéralisme de l’Union Européenne.
Pour rappel, les français avaient refusé lors du référendum de 2005 l’instauration d’un tel régime .. et pourtant, en 2008 le Congrès contournait sournoisement notre décision sous la direction de l’équipe gouvernementale/parlementaire Sarkozy. CQFD ! L'incompétence des premiers a laissé le champ libre aux seconds, lesquels ont tranquillement pu escamoter le pouvoir souverain du peuple en 2 coups de cuiller à pot.
Comme quoi, la République, c’est pas ce qu’on croit: en voilà 2 concrètes qui nous sont passées sous le nez sans dire leur nom, et une 3ème dont on brandit l’intitulé à chaque campagne électorale mais dont on se fout du contenu !
Du coup, la VIème sera celle de la pensée magique ou ne sera pas.