Dans cette nouvelle "crise des réfugiés" (une expression bien neutre par rapport à cette terrible catastrophe humaine), on devrait parler de valeurs et citer la chanson de Brassens ("L'Auvergnat"), comme l'a fait un lecteur de Mediapart (Draner en l'occurence). On met là le doigt sur ce qu'il y a de plus fondamental. Nous avons le devoir de défendre et de protéger ceux qui sont en danger de mort. Nous ne pouvons attendre que nos politiciens irresponsables se décident tout d'un coup à agir (n'est-ce pas trop peu et trop tard pour tant de "boat people"?). Autre point fondamental: nous vivons sur la même planète (l'évasion interplanétaire n'est qu'une utopie et encore pour longtemps), avons-nous vraiment d'autre choix que de vivre en commun? Ne serait-il pas temps d'arrêter de voir l'autre comme un enfer, un rival ou un concurrent? C'est notre organisation, notre société qui ne tourne plus rond et qui nous entraîne dans tous ces conflits qui laissent des millions de Aylan Kuri sur les rivages.
Cela fait si longtemps que je dis que les frontières doivent être ouvertes et que nous devons accueillir toute misère, quelle qu'elle soit, pour la soulager. Mais à chaque fois que je parle de ce faire en répartissant mieux les richesses, en allant chercher l'argent chez ceux qui refusent la solidarité alors que le pognon leur sort jusque par les trous de nez, on me traite de communiste. Savons-nous seulement que l'argent ne se mange pas?
Nous ne pouvons tolérer que nos (in)décideurs politiques continuent à favoriser un système qui coûte cher humainement. Il y a tant d'injustice, d'inégalités flagrantes et de plus en plus profondes. Il est insupportable que la vie de tous ces enfants s'arrêtent aussi tôt sans que nous ne bougions le petit doigt. Il est insupportable que leurs parents soient rançonnés de cette façon et qu'ils terminent leur vie sur nos plages. Ce n'est pas la justice, ça! Je ne puis accepter que ma voix soit utilisée de façon aussi désinvolte par des gens qui, une fois arrivés au pouvoir, s'enrichissent et favorisent l'égoïsme dans ce qu'il a de plus abject.
En vacances en Islande, après une très longue journée de route dans une des nombreuses parties de no man's land de ce fantastique pays, perdus et fourbus ma compagne et moi, nous avons été enfin accueillis à bras ouverts par des autochtones qui nous ont servi un repas chaud. Je m'en rappelle avec émotion. C'était très peu de choses mais j'en ai encore chaud au coeur, alors que nous étions (et sommes encore aujourd'hui) si loin d'être dans le besoin et que jamais (croisons les doigts!) je n'aurai à fuir mon pays et ma terre pour me sauver la vie. Notre immobilisme face à cette misère est une honte! Mais nos tristes politiciens sont bien pires car ils ont encore plus les moyens, eux, de juguler cette hémorragie humanitaire.
La Terre est assez riche pour tous, Chaplin le disait dans le speech final du "Dictateur". Et même si elle ne l'était pas, c'est notre devoir à chacun, être humain, d'accueillir son frère, d'où qu'il vienne, quel qu'il soit et ce qu'il cherche.