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Billet de blog 4 mars 2019

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Mobile, Immobile aux Archives Nationales

Les Archives Nationales accueillent une exposition sur les mobilités appréhendées dans leurs dimensions culturelle, sociale, économique, culturelle ou encore politique. Via diverses œuvres, dont une provenant du célébrissime Ai Wei Wei, l'exposition nous conduit dans un voyage où la modernité, les migrations et la place de la nature dans cette quête de rapidité sont questionnées.

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Les Archives Nationales situées au 60 rue des Francs Bourgeois en plein Marais proposent une exposition qui court jusqu'à la fin du mois d'avril 2019 sur les questions de mobilité incluant en particulier la problématique migratoire.C'est à travers le regard d'artistes contemporains, chinois notamment, que ce thème est traité.

Dans un premier temps, des planches de bande dessinée tirées d'un album traitent des déplacements en France. Les liens entre choix de résidence liés aux contraintes économiques et mode de déplacement sont remarquablement abordés via des histoires très réalistes et touchantes. Un hiatus est ensuite réalisé sur les gilets jaunes et leurs revendications de façon à coller à l'actualité et à faire écho au thème des transports et du travail.

On entre ensuite dans l'exposition proprement dite avec un parallèle effectué entre la Chine actuelle et les Etats-Unis. L'entrée dans la "modernité" de la Chine passe par la révolution des transports, en particulier celle liée à l'automobile, à la manière de ce que l'Amérique a accompli voilà plusieurs dizaine d'années. Ce changement de paradigme est analysé de façon critique à travers des œuvres d'artistes contemporains chinois mais aussi japonais faisant appel à la vidéo et montrant l'opposition entre la vitesse, la rapidité des déplacements, la foule urbaine et la quiétude de la campagne. On sent une opposition nature-ville redondante dans nombre de supports présentés pendant l'exposition. La France est aussi passée en revue avec une déconstruction des autoroutes, des aéroports et de toutes les infrastructures liées à la vitesse. Ce montage passe par des photos qui montrent ce à quoi ressemblerait un aéroport d'Orly cessant son activité afin de redonner ses droits à la nature. Les mobilités des populations marginales, celles des festivals, semi-nomades, sont interrogées. Leur façon d'habiter est exposée par l'intermédiaire d'une reconstitution. 

Une dernière section se consacre aux migrants en faisant la part belle au projet d'Ai Weiwei réalisé en Macédoine avec des migrants bloqués à la frontière car souhaitant se rendre en Grèce. C'est probablement la section la plus réussie de l'ensemble de l'expo. Ai Weiwei montre l'importance des téléphones portables, seuls liens avec le reste du monde pour ces migrants en quête d'une vie meilleure. Coincés dans des régions où on ne veut pas d'eux, le téléphone portable leur sert de témoin pour filmer parfois les exactions dont ils sont victimes ou transmettre des nouvelles à ceux qui leur sont chers mais qui n'ont pu les accompagner dans leur périple. Un plaidoyer militant de la part du grand artiste avec des prises de position courageuses et humanistes. Un ultime volet de cette section reprend des collections des archives numérisées en diffusant des passeports, des autorisation de séjours pour des migrants sur le territoire français. Une séquence émouvante, où le visiteur est immergée dans ces histoires de vie que l'on arrive à imaginer grâce à ces papiers d'une autre époque. 

Un exposition plaisante, originale et très riche ! Voilà une nouvelle orientation de la programmation de ce lieu qui doit persister.

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