DISSIMULER POUR VIVRE - Muriel Confignal
Paru chez l'harmattan
RESUME :
Très jeune, Joséphine découvre que de la dissimulation, dépendra la préservation de son espace vital. Dissimulation de son vécu d'enfant au sein d'une famille dévorante, dissimulation de sa sexualité adolescente face au conformisme pesant de la bourgeoisie pendant les années soixante à soixante-dix.
Joséphine narre aussi ses triomphes : conquête de la liberté de pensée sur l'emprise des valeurs religieuses de l'époque, lutte pour éviter d'endosser les rôles auxquels sa condition féminine l'assigne, autonomie arrachée par grignotages successifs.
Est abordé encore le thème de l’amour entre une adulte et une jeune de quatorze ans : peut-il y avoir harmonie ?
L'amour, la haine et la démesure parcourent ce récit à la première personne, de l'enfance à l'aube de l'âge adulte.
EXTRAITS :
" Un dimanche matin, des cris venant de la chambre de mon frère éclatèrent :
« Charles ! Charles ! Ton fils me bat ! » […]
Mon père déplaça sa corpulence jusqu'au champ de bataille et lutta contre mon frère qui ne se laissa pas faire. Il parut que Charles n'eut pas le dessus sur son fils, mais il réussit à s'extraire de ce corps-à-corps, et se précipita au téléphone pour appeler la police. Quand il le comprit, François s'enferma dans sa chambre et nous l'entendîmes sangloter, hurler son désespoir et se taper la tête contre les murs : ses parents le détestaient et voulaient le faire enfermer."
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"Un soir, il [mon père] me présenta, dit-il, sa meilleure amie.
Elles étaient deux.
La première, celle à qui mon père était le plus attaché, vêtue d'un costume masculin, laide, petite, dodue, hilare, déjà d'un certain âge, accompagnée d'une jeune femme grande, svelte, et féminine, souriante elle aussi, en mini-jupe qui couvrait à peine ses cuisses. Cette dernière était réputée pour relever au maximum sa jupette pour s'asseoir sur son collant. Mon père avait averti ma mère de cette extravagance et tous les invités, qui connaissaient ces deux femmes, attendaient de voir, avec un vif intérêt et une ironie sous-jacente, la jeune femme se poser sur un fauteuil."
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"Les disputes reprirent, avec, à chaque fois, une montée en violence supplémentaire.[…]
Je refusais d'intervenir au grand énervement de ma mère.[…]
Quand elle était à ce point d'exaspération, toutes ses tirades, plus fébriles les unes que les autres, pour justifier ses positions, étaient ponctuées d'un : « Tu es bien d'accord avec moi ? » auquel je devais répondre.
Ce que je comprenais […] de cet acharnement plein de hargne contre François, c'était tel le leitmotiv de Caton l'ancien :
« Il faut détruire ton frère »."