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Billet de blog 30 juin 2009

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Le Palais de l'Elysée: règne des fantômes pour les EVS

Et bien je constate que notre lourde histoire suscite bien des commentaires. Ça se reveille .Il me tarde de vous racontez ma journée. Bien que très fatiguée, voici le récit d'une journée marathon complétement irréelle.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et bien je constate que notre lourde histoire suscite bien des commentaires. Ça se reveille .

Il me tarde de vous racontez ma journée. Bien que très fatiguée, voici le récit d'une journée marathon complétement irréelle.

10h30 je sors du métro avec Stéphane et Nadia, et j'attends le reste de la délégation venue défendre les emplois vie scolaire (EVS) devant l'Elysée. Tout le monde est au complet et je pars vers la rue Marigny.

Le téléphone sonne beaucoup, des journalistes qui attendent notre venue. Ils ont gentillement patientés, on est en retard sur l'heure prévue.

Il faut que je vous raconte quand la belle boulette de ma journée: et oui, je suis la reine de la boulette....

Récupérant tout le monde à la sortie du métro, je tombe sur un journaliste que j'ai pris pour Edwy Plenel tant la ressemblance était flagrante.

Je dis aux copains, punaise, Médiapart à fait fort... Je m'avance pour le saluer, et lui présente mes remerciements de s'être déplacé d'une part, et de nous apporter son soutien médiatique. Toujours dans l'idée qu'il était Mr Pénel, je voyais bien que quelque chose ne collait pas. Lorsque ce Monsieur me dit enfin, qu'il n'est pas Mr Plenel, mais un photographe de l'Humanité. Oups !!! Misère !! comment me sortir de là, fort simple, j'avoue l'avoir confondu avec quelqu'un d'autre et je lui dis le nom de cette personne. A fond dedans, je lui présente mes excuses, et je continue mon périple vers le boulevard St Honoré.

La surprise est grande, car je ne m'imaginais pas arriver si près de L'Elysée, personne de nous interpelle, et c'est ainsi que nous arrivons devant l'entrée. Et là, le floklore commence. Tout va très très vite. Les clairons sonnent de partout, les talkis walkis vibrent, résonnent, les vigiles, la garde présidentielle et la police traversent le péron de l'entrée et viennent nous voir.

Alors les costumes sont différents! Allant du costume cravate, uniforme de policier et parure de la garde. C'est très mélangé. Bon le moins que l'on puisse dire: on n'est pas chez les gueux! (humour).

Première intervention: les forces de l'ordre, uniforme classique le talk à la main, avec une "chef" qui supervise tout, nous demande de plier notre grande banderolle si magnifique. Je n'en ai jamais vue de plus belle. C'était la notre, rien qu'a nous, na! Les orgas nationales nous l'ont offerte et je tenais particulièrement à ce qu'elle soit apparente. Chose faite, mais on se fait rappeler à l'ordre. Après avoir expliqué nos objectifs, dépot des pétitions et demande d'audience, la sécurité prend le relais. C'est drôle, au fur et à mesure que l'on parle, les uns les autres, tout est répété au talk, à l'état major du palais. Il règne un espèce d'écho cho cho... ils veulent remettre des pétitions tions tions... et demandent à être reçus çus çus… C'est un gag, une caméra cachée peut être, c'est ce qui me trotte dans la tête. Qu'est ce qui se passe. Ça bouge dans tous les sens, ça part, ça revient, c'est fait d'un tout petit rien !!!

Et puis arrive la sécurité, costume cravate, oreillette, l'air inquiet, suspicieux, (oui, oui comme dans James Bond) nous parle: «alors, nous dit-on, si vous pliez votre banderolle, vous allez pouvoir rentrer au palais pour une audience». «Par qui allons nus être reçus?» «Pour l'instant, nous ne le savons pas.» Pliez votre banderolle et organisons la délégation. 5 au départ. On rouspète, pour ne pas dire autre chose. On négocie à 6.

Ça passe. Très très étonnés que l'on nous accorde le droit d'entrer au palais pour y déposer nos pétitions, nous le sommes encore plus de savoir qu'une audience est accordée. Bon admettons.

Le cirque continu. On nous fait traverser la chaussée et nous passons l'entrée du Palais. A l'intérieur, c'est un hall, puis des batiments magnifiques.

Nous présentons nos cartes d'identité. Après vérifications, on demande le responsable de la délégation. C'est moi! des imprimés à remplir, le pourquoi du comment, quand, ou combien... bref , j'ai pas eu le garde à vous...

Nous sommes regroupés dans un même coin, et surtout pas bougé!!! On attend la réponse de l'audience. On attend, on attend.

Et puis elle arrive:

«Madame, Messieurs, nous avons réceptionné vos pétitions, elles seronts transmises à qui de droit, et nous vous demandons de sortir!» «De toute façon le Président et le Cabinet Présidentiel sont absents aujourd'hui».O

Alors là, le coup de massue. On a passé un deal, plus de banderolle en échange d'une audience au palais.

On parle, on discute, rien n'y fait. On nous ordonne de sortir. Malheur, si près du but de rencontrer quelqu'un, on nous vire comme des malpropres. C'est pas possible, me dis-je. J'ai comme des larmes qui me montent, mais j'essaie de les contenir. A ce moment là, j'ai vraiment une très grande envie de pleurer.

Self controle Mumu. On quitte le palais, avec des sueurs, mais grave de chez grave, et je me dis, c'est pas vrai, je suis rentrée et on me fait sortir. Je cauchemarde.

En sortant, la délégation reste sur le trottoir de l'entrée du Palais, ou on nous fait remarquer que l'on se trouve dans un périmètre de sécurité régit par le Ministère de l'Intérieur. On exprime que l'on restera là, qu'il faut absolument que l'on parle à nouveau à quelqu'un.

Une autre personne de la Présidence arrive, même discours, si on veut audience faut écrire. On rétorque que c'est déja fait etc ....

Il nous remercie, et prend congé et nous poque, chao bonsoir!

A ce moment, j'ai été prise de tremblements, je me sens pas très bien. Un monde irréel, peut être une autre planète. On traverse donc, et la presse écrite et médias sont là. HEUREUSEMENT! Celà me requinque! en 30 secondes, j'ai les nerfs. Je me vide devant la caméra de France 3, expliquant ma désolation, mon ecoeurement, mon dégoût. Puis, me concentre car d'autres journalistes attendent.

Je voudrais les remercier d'avoir fait le déplacement.

Départ ensuite, raccompagner par la garde présidentielle jusqu'au feux des Champs, jusqu'a la limite de périmetre de sécurité. Finalement, ils sont sympas, ils n'y sont pour rien dans cette histoire.

Bien la délégation se sépare. L'objectif, communiqué de presse aujourd'hui, et demain une lettre unitaire part pour l'Elysée. On les prend au mot. Demain, ils réceptionnent.

Mon train m'attend à 15 heures. Dans le train, le téléphone sonne. Des journalistes. Des reportages, des articles sont prévus depuis aujourd'hui, Médiapart ce soir , l'Humanité ce matin. Demain est prévu, un article: le Parisien, l'Humanité, Le Monde, France 3 en principe le soir, Marianne m'a contactée. Tout le monde se déchaine. Ça tire à boulets rouges de partout. Je sais qu'on va être entendus.

Ce mépris vécu et confirmé, nous le dénonçons encore plus fort aujourd'hui. J'ai vu, j'y étais. C'est hallucinant.

Mais à part cela, j'ai un peu mal à la tête ce soir !!!!

Muriel

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