
Agrandissement : Illustration 1

Et avec eux, nos imaginaires. Chaque jour, un nouveau média tombe dans leur escarcelle. Les réseaux sociaux, saturés de contenus clonés, répètent en boucle leur mantra : « Aimez les riches. Ils sont l’avenir. Ils paient vos impôts. Ils vous donnent du travail. » Ce vernis de générosité cache une mécanique bien huilée : formater les esprits, anesthésier les consciences. Ce langage, en apparence banal, agit comme un acide lent sur les cerveaux en friche.
Et le livre, refuge de la pensée libre ? Colonisé. Les maisons d’édition deviennent des succursales du bon goût version CAC 40. On publie des romans sans aspérités, 240 pages de guimauve sous cellophane, imprimés sur du papier qui crie famine. Le schéma est rodé : un auteur sans mordant, un van en toile de fond, une tournée promo calibrée, un prix littéraire enrubanné. Résultat : un million d’exemplaires vendus à 19,99 €, et un compte en banque qui déborde. Pas celui de l’auteur, bien sûr.
Même le goût est prescrit. La Mercedes, c’est chic. L’Audi, bof. Etretat, c’est mieux que l’Irlande. Les fées y dansent encore, paraît-il. Houellebecq et Tesson, en chantres du repli, déroulent leur admiration pour Raspail, figure d’un nationalisme rance. Le roman devient outil de propagande douce, distillant l’idée que le monde est bien comme il est, pourvu qu’il reste entre les mains de ceux qui le possèdent déjà.
Voilà. Un petit billet qui ne mange pas de pain, comme on disait chez moi, en Normandie. Mais qui, je l’espère, donne un peu de grain à moudre.
Ps : et bien entendu, vous aurez toute la vermine " de philosophes " garçons d'écuries de thanatos pour susurrer que tout cela est normal, que ça va de soi, que c'est la culture dans la nouvelle civilisation. Des grands mots pour des imbéciles...