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Billet de blog 1 octobre 2025

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Journalisme de connivence : chronique d’un naufrage moral

Quand Pascal Praud dîne avec Nicolas Sarkozy à la veille d’un procès, quand Causeur déroule le tapis rouge à des penseurs réactionnaires pour nous convaincre que la Terre est plate, quand le JDD se transforme en porte-voix des puissants et des haineux… il devient urgent de redéfinir ce mot galvaudé : journalisme. Une notion aussi floue aujourd’hui que celle de « travail ».

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Illustration 1

Quand Pascal Praud dîne avec Nicolas Sarkozy à la veille d’un procès, quand Causeur déroule le tapis rouge à des penseurs réactionnaires pour nous convaincre que la Terre est plate, quand le JDD se transforme en porte-voix des puissants et des haineux… il devient urgent de redéfinir ce mot galvaudé : journalisme. Une notion aussi floue aujourd’hui que celle de « travail ».

Car pendant que Sarkozy s’appliquait à détourner des fonds publics, Fabien, lui, se levait à 6h du matin pour remplir les rayons d’un supermarché. Il rentre à 20h, épuisé, et s’il ose consommer un yaourt périmé, il risque le licenciement pour faute grave. Deux mondes. Deux justices. Et une presse aux ordres qui défend les voleurs en col blanc — Sarkozy, Juppé, Fillon, Le Pen — tout en réclamant des peines de prison pour les petits délits des plus précaires.

C’est l’absurde qui triomphe sur la raison. L’inversion des valeurs comme norme. Et ce n’est pas nouveau : cette mascarade dure depuis des siècles. Le rapport de force est constant, implacable. Les dominés sont acculés, enchaînés, et pourtant… même lorsque le climat aura tout ravagé, le combat pour la justice ne sera pas terminé.

Et pendant que les éditorialistes se repaissent de dîners mondains, pendant que les puissants s’échangent des indulgences en costume trois pièces, le peuple, lui, continue de vivre dans l’angle mort du récit. On ne parle pas de Fabien, ni de Samira, ni de tous ceux qui tiennent ce monde debout sans jamais apparaître dans les colonnes. Leur sueur ne fait pas la une. Leur dignité ne fait pas scandale.

Le journalisme de connivence n’est pas une dérive : c’est un système. Une fabrique du consentement où l’objectivité se mesure à la proximité avec le pouvoir. Et dans ce théâtre d’ombres, la vérité n’est plus qu’un accessoire.

Mais il reste les mots. Les mots qui grattent, qui dérangent, qui réveillent. Les mots qui refusent de se coucher. 

Publication Normandie info 76 il y à 48 h.

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